[Un émigré en France] Alerte enlèvement : le voussoiement a disparu !, par Paul de Beaulias
Mon périple continue sans encombres. Mes voyages en France étant rares, ils s’accompagnent bien évidemment de leurs lots de rencontres familiales, amicales et militantes.
Tantôt, je remarquais à quel point le voussoiement décline — cela ne fait que confirmer ce que je savais déjà, nous en avions d’ailleurs déjà parlé dans ces colonnes —, non pas dans les relatons froides et distantes avec des inconnus ou des employés de gare, où le voussoiement est partout, mais en famille, entre amis et entre camarades fraîchement rencontrés (et ne parlons pas du ridicule tutoiement d’entreprise, installant une fausse intimité entre collègues qui ne se connaissent pas, et d’autant plus gênante quand les relations sont tendues du fait de telle ou telle incompatibilité de caractère ou de vision professionnelle !).
Je parle de ce voussoiement désormais pris comme une froideur. Ce voussoiement que la grand-mère n’exige plus, et n’accepte plus !, de la part de son petit-fils. Ce voussoiement qui sera pris comme une insulte par le sympathique camarade que vous venez de rencontrer ou par l’ami intime de votre cousin, avec qui le courant passe bien il est vrai. L’autre jour, par exemple, je débattais avec un jeune camarade royaliste, survivantiste néanmoins, que je voussoyais et qui me voussoyait en retour, mais rapidement, malgré le milieu traditionnel dans lequel évolue cette bonne personne, le tutoiement me fut demandé comme signe d’amitié. Difficile de refuser dans de pareilles circonstances…
Pourtant, le voussoiement peut être si affectueux, si tendre ! Mon épouse retrouvait tantôt une carte envoyée par son grand-père à sa propre mère, à l’occasion d’une longue absence. Cette carte proposait comme conclusion la simple expression suivante : « Votre fils chéri qui vous aime ». Impossible de trouver ce vouvoiement froid ou distant… Et le fils en question était ferronnier ! Il ne s’agit donc pas d’une question de milieu ou de hiérarchie sociale ! Cherchez bien dans les générations de vos grands-parents ou de vos arrière-grands-parents, il est certain que vous trouverez ce type de voussoiement.
Prions pour que ce voussoiement, outil bienfaisant et conservateur de paix sociale, issu d’une langue courtoise et franche, ne disparaisse pas, particulièrement dans nos milieux attachés à la tradition de notre pays !
Paul de Beaulias
Pour Dieu, pour la France, pour le Roi !
Série « Un émigré en France », par Paul de Beaulias :
- Engagement sur l’honneur
- Test antigénique et scandale sanitaire
- Vive la France !
- Altercation dans le tramway
- Mésaventures urbaines, entre désorganisation et totalitarisme
- L’animalisme, ou la religion du moment…
- Alerte enlèvement : le voussoiement a disparu !
Excellente chronique. Cela dit, il y a des pays où le voussoiement a été banni des relations fondées sur l’égalité, par exemple l’Espagne. “Usted” s’emploie pour parler à des inconnus ou des inférieurs, et “vos” a disparu de la péninsule pour se réfugier en Amérique.
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