Oubliez Dieu et vous adorerez les bêtes !, par Paul de Beaulias
Le culte « animaliste » n’est pas nouveau. Bossuet déjà donnait tous les arguments philosophiques et théologiques contre l’animalisme, et qui n’ont pas perdu une ride1.
On sait bien que Caligula avait nommé sénateur un cheval et que de nombreux peuples antiques, dont l’un des plus fameux, le peuple égyptien, adoraient des dieux monstrueux, moitié-hommes moitié-bêtes, tandis que les animistes et autres primitifs adorent directement les animaux.
Dans le Japon du XVIIIe siècle, le généralissime des armées nippones publia un édit pour interdire de tuer les chiens sous peine de mort… quand d’autres édits condamnent à mort tout jet de pierre sur les faisans présents autour des douves du donjon… Dans le même temps, rien n’était fait contre l’avortement, pourtant déjà massif, ni contre le trafic de jeunes filles, vendues par leurs parents, légitimé moralement et protégé légalement par le gouvernement… Bref, les folies animalistes contemporaines n’en sont encore qu’à leurs balbutiements dans l’absurdité et dans l’horreur.
De nombreuses lois républicaines ne font qu’élargir chaque jour les critères de maltraitance animale, et élargissent le champ des animaux domestiques. La folie, pourtant, vient autant d’en bas que d’en haut : il faut être un régime bien malade pour s’inquiéter du sort animal quand on encourage à tire-larigot l’assassinat des bébés in utero !Mais il faut voir l’état de dégradation générale, à cause de la perte de la Foi, qui laisse la place à un prométhéisme des plus avancés. L’homme croit désormais qu’il peut tout décider par lui-même, comme s’il était son propre Créateur, indépendant de tout sauf de sa volonté : les LGBT veulent choisir leur sexe, les hommes leur nationalité, les démocrates s’imaginent être leurs propres souverains et les écologistes prôneront bientôt l’extermination de l’humanité au profit de la planète (« sauver la planète », quelle drôle d’expression !).
Ici ou là, on entend un hurluberlu très sérieux revendiquant le droit de se marier avec son chien… Et les États, au lieu d’encourager les soins pour ce type d’individu, indiscutablement atteint de maladie psychiatrique, et de les aider à sortir de leurs désordres, leur donne au contraire les moyens — libéralisme oblige — de se complaire dans leur folie, jusqu’à leur propre destruction et celle de la société…
Cette folie, qui vient aussi d’en bas, est vraiment symptomatique d’une perte et d’une absence de Foi, d’une part, et d’une Modernité oppressante, solitaire et triste que seule une compagnie animale, — donc sans véritable raison ni intelligence —, permet de consoler. Combien de vieillards isolés, de parents sans enfants, d’enfants sans frères et sœur ni vrais amis (puisque les avatars de réseaux sociaux n’en sont pas) n’ont que leur chien, leur chat ou désormais leur NAC pour les réconforter ?
J’en ai encore fait l’expérience récemment au Japon. Ici, la loi est à l’ancienne. Toute bête n’est qu’un meuble selon la loi, et seules les bêtes d’élevage, sous prétexte d’hygiène, doivent être stérilisées (et vaccinées). D’ailleurs, quand je me procure un lapin, je n’ai aucun papier à remplir sur la maltraitance animale, etc. Le magasin lui-même pourtant témoigne que la population est mûre pour les avancées idéologiques en la matière : poussettes pour animaux, toilettage et soins hors de prix, vente massive de gadgets aussi inutiles que coûteux, etc. Les gens n’acceptent plus la mort, y compris celle de leurs animaux, quitte à payer très cher, pour mieux se donner l’impression d’« aimer » et d’être « aimé »…
Jusque-là « tout va bien », me direz-vous, puisque cette folie ambiante ne touche pas encore le cadre légal et qu’elle n’empêche pas encore aux gens de se procurer un animal sans être fiché, présumé coupable et surveillé… Pourtant, l’animalisme est bien en marche ! Juste pour comparer, j’avais naïvement chercher des lapins sur l’équivalent japonais du Bon Coin : je me disais que payer pour un lapin était ridicule, là où ils se reproduisent à une vitesse exponentielle. J’ai vite dû abandonner le projet : je devais d’abord enregistrer mon identité, puis m’engager à ne pas maltraiter l’animal, à envoyer des photos régulièrement à l’ancien propriétaire pour le prouver, à admettre que l’ancien propriétaire pût venir visiter quand il veut pour vérifier l’état de l’animal et qu’en cas d’« infraction » (on se demande quel est le fondement légal car toutes ces conditions se font hors de la loi), la police pourrait venir constater à domicile (menace gratuite, ce qui fonctionne très bien au Japon) et on exige en plus de faire signer un contrat entre le donateur et le récipiendaire ! Je suis donc sorti de ce monde de fous, avant de tomber sur un tordu qui pourrait me créer tout un tas de problèmes insolubles… et j’ai déboursé 50 euros pour un lapin nain…
Sachons en tout cas que sur le front de l’animalisme, les gens sont devenus fous. Certes, ils sont encouragés par une ambiance individualiste et libérale, ainsi que par une tristesse généralisée qui provoque un désordre complet dans nos relations avec les animaux — qui, rappelons-le, ont été créés pour nous être soumis et faciliter notre salut par notre contemplation de l’ordre divin… bref la révolution atteint jusqu’à nos relations les plus basiques avec la Création… Le cinéma et la télévision en témoignent, eux aussi.
Dans tous les cas, résistons tout azimut contre ce mauvais esprit animaliste, en entretenant des relations normales et saines avec les animaux : aimons les poules pour leurs œufs et leur viande ; les chiens pour la chasse ou la protection du foyer, les oiseaux pour leur chant et leurs couleurs, les toros pour le combat de la corrida, les chevaux pour la guerre, le transport et le labourage, etc. Nos rois eux-mêmes ont toujours eu beaucoup d’animaux, pour montrer leur puissance et mettre en avant la beauté de l’œuvre du Créateur. En effet, le roi ne règne pas seulement sur les hommes, car comme le dit Jean Raspail : « Que le roi règne sur le pays avant de régner sur la population d’un royaume. Que se borner à régner sur la population d’un royaume, c’était renoncer à l’aspect cosmique de la royauté… Que le vrai roi se veut roi des champs et des forêts, des lacs et des montagnes, des moutons et des sangliers, des biches et des truites. Que le vrai roi est partout chez lui. Que ce n’était pas une question de propriété : le roi ne possède pas son pays dans la dispersion des meubles et des immeubles ; il est en soi-même le pays dans l’unité de l’incarnation. » Une vraie restauration ne pourra donc qu’être une restauration, aussi, de l’ordre sain entre les hommes et la Création de Dieu.
Paul de Beaulias
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !
1 Paul-Raymond du Lac, « Bossuet contre l’animalisme (2) », sur www.vexillagalliae.fr, 30 mars 2023.
Vous dites : “Dans tous les cas, résistons tout azimut contre ce mauvais esprit animaliste, en entretenant des relations normales et saines avec les animaux : aimons les poules pour leurs œufs et leur viande ; les chiens pour la chasse ou la protection du foyer, les oiseaux pour leur chant et leurs couleurs, les toros pour le combat de la corrida, les chevaux pour la guerre, le transport et le labourage, etc.”
J’aimerais nuancer car je trouve ce propos très matérialiste. Jamais les hommes n’ont aimé leurs bêtes que pour leur viande ou leur capacité à attraper les souris, même si c’était souvent la raison de leur présence parmi les êtres humains.
Combien de paysans versent une larme lorsqu’ils envoient leurs animaux à l’abattoir, alors même qu’ils ne les ont reproduits et élevés que dans ce but ?
Le pape Léon XII n’attendit pas le pape post-conciliaire Benoît XVI pour se faire grand amoureux des chats. Il transmit d’ailleurs à sa mort son fameux Micetto à Chateaubriand, qui le choyait beaucoup. Vous me direz sans doute que Chateaubriand était un romantique et qu’il avait des idées parfois franchement libérales… Mais était-ce aussi le cas de Barbey d’Aurevilly (trop dandy ?) ou, quelques décennies plus tôt, du maître de Polydore, Turlu, Misse, Jerbite et Zemine ? C’est le nom des chiens favoris de Louis XV, qui aimait les faire peindre par les plus grands artistes de son époque, tant il les aimait !
Le roi-soleil, quand il interdit la tradition des bûchers de chats noirs à la Saint-Jean, qui se pratiquaient occasionnellement dans certaines provinces du royaume de France, le fit sans doute pour mettre fin à une superstition, mais aussi par amour (bien connu chez lui) des chats. Il était en cela semblable au cardinal de Richelieu qui avait pour ces animaux une grande tendresse ! Et Joachim du Bellay, qui rendait hommage à son cher Belaud dans ses poèmes, de nombreux siècles avant la naissance de Céline et de son célèbre Bébert. Tous des modernes ?
Sans parler du Frère Max, que vous connaissez très certainement !
Les animaux ont une âme (non spirituelle, certes) et nous avons envers eux aussi un devoir de charité, ce qui évidemment ne justifie pas certains délires (vrai animalisme, antispécisme, végétalisme, etc., etc.)