[Lettre d’un émigré] De la jungle migratoire à la jungle bourgeoise, par Paul de Beaulias
Le retour en France est parfois brutal pour l’émigré vivant loin du quotidien français.
Bien que conscient de la dégradation générale depuis des années, il n’est pas pareil de le constater de visu que de l’analyser de loin.
Nice est un bon exemple de cette déchéance civilisationnelle sur le long terme : colonisé en son temps par le tourisme anglais puis par la jet set, ce petit port catholique a subi un premier déracinement et une déchristianisation sévère ; la tempête conciliaire de l’après-guerre a fini de tout emporter sans résistance aucune, dans ce pays pourtant originellement piémontais, et n’ayant subi ni la Révolution, ni les guerres de religion…
Bref, me promenant dans Nice, j’entends tout un chacun, du légitimiste enraciné au bourgeois parvenu, se plaindre de l’invasion migratoire, avec le scandale de Lampedusa en toile de fond.
La jungle urbaine, bizarrement, est pourtant a priori moins agressive qu’il y a quelques années : cette fois-ci je ne me suis fait ni invectivé, ni interpelé, ni embêté par les métèques, alors que je me promènais dans les mêmes quartiers qu’auparavant. En revanche, les symptômes d’une déchéance accélérée de la France ne cessent d’attrister l’âme française qu’est la mienne…
Je me promenais tantôt en ville, dans cette jungle urbaine, entre les transports fonctionnant approximativement, les travaux compliquant la circulation, les caméras omniprésentes et les quelques abayas et autres costumes locaux d’outre-Méditerranée. La ville est fatigante…
Et pourtant, en rentrant dans une maison de bons Français de souche, mais bien révolutionnaires, sous la pression morale et la menace constante de persécutions larvées du fait de ma conversion — et de la conversion de ma famille —, je me sentais comme passant d’une certaine jungle, peut-être plus dangereuse physiquement, — mais moralement facile à surmonter —, à une autre jungle, une jungle moraliste et décadente, d’autant plus dangereuse et hostile qu’elle est composée non pas d’étrangers mais de vrais Français, qui se plaignent du grand remplacement tout en en chérissant les causes, selon le mot célèbre de Bossuet.
Saint Michel, protégez-nous des Français révolutionnaires, car ils causent notre perte, et convertissez-les !
Sachons que sur cette terre le combat est constant : contre soi, contre les siens, contre l’étranger. Cette terre est un vaste champ de bataille pour notre salut !
Paul de Beaulias
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !