Lettre d’un émigré – La bonne conduite, naturellement
Nous sommes en l’an de grâce 2016 de la naissance de notre Seigneur. La question est de savoir combien de temps la gueuse acceptera encore le calendrier chrétien qui rappelle sans cesse le fond véritable de l’Occident.
En attendant, du côté de l’an LVIII de la Cinquième grande Calamité française, la nouvelle moralité amorale investit tous les secteurs de la société : Tout récemment encore votre serviteur, qui a bien honte d’avouer une condition si misérable d’employé d’une de ces grandes Boîtes-Sans-Visage-À-Faire-du-Fric-partout-dans-le-monde, qui en particulier prête l’argent des autres à leurs congénères aussi tarés les unes que les autres à force de consanguinités actionnariales, a subi de la part du Grand Manitou, Premier des Esclaves Bourreaux et Super Communicants – que d’aucuns appellent encore PDG (Prévaricateur Destructeur Général à en croire la dernière étude du bon sens, qui manque d’ailleurs cruellement à l’appel), comme tous les autres clones boulons éjectables à pressurer, proclamer une charte de bonne conduite, bien digne de l’indignité républicaine.
En substance, outre toute les vomissures habituelles qui n’étonnent plus – il ne faudrait jamais s’habituer à la pestilence des Pourrissantes Caniveaux, il faut se faire violence pour de temps à autre aller humer le bon parfum royal, jusqu’à ce que le contraste du retour dans l’infection étouffante et suffocante d’une puanteur déféquante insoutenable nous retienne à jamais hors de la fange artificielle et machinale de la non-humanité institutionnalisée – concernant la diversité, la non-discrimination de l’orientation sexuelle, politique et religieuse – juste pour s’amuser, au retour en France, il serait bon d’afficher un petit blason royal, ou un beau drapeau de France (à lys s’entend), voire une petite icône de Marie pour voir jusqu’où va la non-discrimination –, outre ces vomissures habituelles disions-nous, des tendances pourtant illustrent d’autres mouvements de fonds qui ne peuvent qu’inquiéter sur l’arrivé qui ne devient que de plus en plus probable d’un épisode aiguë de la Révolution.
Deux traits se dégagent de la bonne conduite républicaine d’entreprise : le légalisme pharisaïque voué à l’idole État et Raison – Parasite et Folie de leurs vrais noms – et la délation encouragée, protégée et récompensée bientôt.
Avant d’aller plus loin, il faut ajouter un détail important : n’allez pas croire que je serais allé me fourrer dans cette fange de bonne conduite volontairement, bien protégé que je suis dans la bulle de la branche nipponne, posté sur les limes fragiles de la révolution, qui retient dans le lointain centre les airs empoisonnés dont les exhalaisons putrides ne passent par ici que rarement, quand le vent est défavorable – heureusement que la simplicité du bon sens et des gens joue le rôle de digue naturelle à tout cela, comme certainement dans certains lieux privilégiés au sein du Royaume usurpé. Non, le plan de bonne conduite républicaine fut minutieusement et soviétiquement préparé. D’abord, il y a eu le mois de la bonne conduite – non pas encore le mois de la haine mais cela viendra, et avant 2084 à ce rythme.
Ignoré superbement par votre serviteur, malgré les messages de communication officielle et pompeux en interne, avec des figurants bien payés pour réaliser des conférences même dans les lointains limes du soleil levant, la bonne conduite vous rattrape inexorablement dans ce que l’enfant innocent appellerait, blanc encore et ignorant des foudres obscurantistes des illuminés, une bêtise ou une idiotie – en termes adultes une absurdité ou une subversion tellement grossière qu’elle s’invalide soi-même et en devient ridicule.
Et d’une mesure infantilisante : tous les commerciaux doivent répondre à chaque transaction à la question « Vous êtes-vous bien conduits ? », la signer, dater, et joindre au dossier – Invocation absurde et insultante, quand elle n’infantilise pas le plus faible qui se laisse mener par le bout du nez ; on remarque de plus en filigrane la superstition du papier qui a toute prééminence sur une impossible loyauté, promesse et honneur, dans la société des Calamités humaines, autre nom de la Gueuse.
Et d’une tentative de rééducation soviétique : une formation en ligne obligatoire, bien dans les règles de l’art de la déconstruction, anti-pédagogique et à mourir d’électrocution de politiquement correct et d’infantilisation débilitante.
Nous sommes bien sûr, mièvrerie oblige, notés, via une jauge de bonne conduite en fonction des réponses faites pendant la « formation » – les bonnes selon la Boîte Sans Visage étant les pires selon les vérités éternelles.
Après ce long prologue, récapitulons les deux novelletés de cette modernité : la délation comme bonté et le légalisme comme absolu – dénoncez et dénoncez encore tous les comportements révolutionnairement déviants. Puis pour savoir ce qui est bon ou pas, ne pensez pas, aller voir la sacro-sainte conformité, qui ira vérifier les textes réglementaires et de lois pour vous dire si c’est autorisé ou non (l’absolu est l’écrit de fous, qui énonce par exemple que le meurtre d’enfants est licite, ainsi que le divorce, et d’autres joyeusetés bien peu originales).
Une exception néanmoins : dans le cas d’un acte clairement mauvais et de plus illégale, il faut tout de même aller d’abord consulter la sacro-sainte conformité de l’entreprise, avant d’aller dénoncer aux autorités, car on ne saurait tout de même réduire le business à moins que l’entreprise risque plus gros que de le maintenir… Ils sont près de leurs sous ces Boîtes Sans Visages, faut pas exagérer.
Voilà les deux mamelles de la bonne conduite républicaine : un légalisme aveugle demandant la mise en servitude, et non l’obéissance, puisque seule la servitude mécanique peut permettre de faire oublier la nature relative, futile, fugace, humaine de ces lois pour intérêts privés ou pour subversion gratuite. Et la délation qui rappelle la loi des suspects qui nous pend au nez, après l’ostracisation médiatique qui marcha pendant quelques décennies, mais que les nouvelles technologies ont entamée profondément : si l’exclusion morale ne suffit plus, il faudra bien une exclusion physique dont la délation est un bon moyen de repérage dans le touffu réseau d’anonymat digital.
La bonne conduite royale est celle de toujours, simplement chercher à marcher sur le chemin droit du bien et de la vérité, dirigé vers le divin, tout naturellement. Peu importe l’écrit, la parole est plus importante. Le lien et le salut d’autrui sont l’essentiel et on ne saurait dénoncer ou trahir, seul l’intérêt divin de l’autre compte.
Le Roy se conduit bien par vocation de sa condition, car il pense au salut de ses sujets dans le plaisir de Dieu, et la parole divine, comme la parole royale ont bien plus de puissance que tout écrit froid et non animé par une parole vivante.
En cet an de grâce 2016, 28ème année du règne de Louis XX, conduisons-nous royalement bien !
Paul de Beaulias
Pour Dieu, Pour le Roy, Pour la France