CivilisationSocial et économie

« Gestion du risque » VS « charité »

La déchristianisation de la société détruit toute forme de charité partout et à commencer dans l’entreprise. Pire : même la justice naturelle qui pouvait encore permettre à certains patrons de « patronner » des pauvres hères n’est plus en vogue. Naguère la logique communiste, réagissant mal à de réelles injustices sociales, et les aggravant au passage, installa le rapport de force partout et dans la loi. Plus de possibilité, même si on le voulait, de régler les choses à l’amiable, ou de véritablement exercer la charité gracieuse, remplacée par la solidarité obligatoire stérile et destructrice : tout ne devient que guerre permanente.

Dans ce contexte le faible, celui qui n’est pas fort, ni par la loi, ni par sa richesse ou sa position sociale devient le laissé pour compte indéfini d’une société qui se drape dans ses artifices « d’égalité des chances », qui n’est que le cache-misère du nivellement par le bas et l’uniformisation générale détestant toute différence et originalité – et en effet, les vocables « diversités » ou « initiatives » ne sont que des artefacts en forme de pipeau pour mieux interdire toute véritable diversité ou initiative qui risquerait de remettre en cause le statu quo révolutionnaire et moderniste…

Le bon gestionnaire d’entreprise aujourd’hui n’est plus ainsi un patron chrétien, soucieux de son salut et du bien commun, qui s’occupe de ses employés autant comme un père que comme un capitaine d’industrie, et qui se soucie autant de leur bien-être matériel, que de leur salut éternel (il n’admettrait ainsi pas que l’on travaille un dimanche, pour l’amour du bon Dieu).

Les sirènes du « work/life balance » n’ont plus rien à voir : le malin post-moderne a compris que pour mieux pressurer sa « ressource humaine » il fallait le laisser décompresser de temps à autre, le plus possible dans des loisirs dispendieux et extrêmes, l’habituant par dépendance à dépenser beaucoup : l’enseignement des communistes a fait son chemin ; trop pressurer, et devenir trop manifestement injuste n’amène que l’explosion. Mieux vaut insidieusement rendre dépendant son employé, en excitant son consentement servile qui l’enterre dans sa situation, tout en lui faisant croire qu’il reste son maître … quelle illusion ! Tous ces « managers » d’ailleurs sont tout autant victimes que bourreaux : ils se croient maîtres et indépendants là où ils ne sont que de gentils rouages d’une grande machine, et non plus les sujets conscients et adultes de seigneurs ou de maîtres qui seront jugés devant Dieu à la mort pour leur bonne ou mauvaise gestion…

Prenons un exemple. Un jeune homme sorti de grandes écoles, au curriculum brillant, le genre de potentiel qui peuple nos « fleurons », car ils sont de bons exécutants, sachant réfléchir et ne comptant pas leurs heures pour une organisation qui ne les aime que tant qu’ils leur rapportent de l’argent.

Sauf que celui-ci est une forte tête, il ne joue pas le jeu : il ne fait que ce qu’on lui demande, et joue « à l’anglaise » : il donne dans la mesure du contrat, et prend ce que le contrat lui donne.

Mal lui en prend : l’entreprise n’aime pas cela, et, sans se soucier une seconde de sa mission de faire vivre une famille et un père de famille, et de la possibilité facile pour ce genre de grand groupe de financer sans perte d’ailleurs, et sans préjudice pour le travail qui est fait, elle décide de s’en débarrasser, en utilisant des procédés vicieux, en poussant à la faute.

Mal lui en prend, elle sous-estime son employé, qui se faufile et survit avec plutôt plus d’avantages qu’avant. La loi, heureusement, lui est un peu favorable, quoique pas tant que cela – nous ne sommes pas en France. Enfin, tout cela témoigne des limites de « l’esprit corporate » : la famille d’entreprise d’accord, mais certains ne sont plus de la famille quand l’entreprise le décide… Comme la République décide de qui est bon citoyen ou pas en fonction de son bon plaisir… et si tout citoyen est égal et digne, celui qui sort de la citoyenneté n’est plus qu’un paria à exterminer.

Alors que se passe-t-il ? Les « chefs » comprennent que cet employé est un « risque légal » et un « risque de réputation », alors ils changent leur fusil d’épaule, et au lieu du bâton tentent la carotte : on pousse à la démission contre un beau paquet cadeau, avec attitudes comminatoires et pressions terribles. Que voulez-vous, l’employé seul (pas de syndicats en ce pays) ne va pas s’épuiser et payer beaucoup d’argent pour un avocat pour une issue toujours incertaine et de nombreux soucis, qui pourraient affecter d’ailleurs la vie de famille : il cède.

Un ami de cette personne, issu aussi des grandes écoles, se scandalise en disant : « Mais comment l’entreprise n’a pas compris le gros potentiel de X ? C’est du gâchis. » Certes, la remarque est gentille, mais je ne suis pas certain que ce soit très encourageant : si on a du potentiel, on est gardé, mais si on n’en n’a pas, adios amigos et on est exclu de la famille et déshérité…

C’est la paganisation de la société et l’inverse du christianisme : Jésus nous fait hériter du royaume du ciel malgré nos péchés, et même si nous ne le méritons pas, malgré notre misère insigne… Tout cela est fini aujourd’hui dans le « monde ».

Même les païens au naturel font mieux : quelque part conscient de leur misère, de leur tristesse, ils admettent des liens de dépendance, et protègent parfois le faible contre une allégeance qui gonfle l’orgueil du fort ; nous sommes loin du sacrifice chrétien du fort au service du faible, mais du moins les pauvres et les faibles ne sont pas systématiquement mis hors-le-coup – tant que l’on est inclus dans une « famille » quelconque, et encore…

Voici la situation actuelle de l’entreprise mielleuse et soi-disant gentille : elle ne fait que gérer le risque, et elle croit que tout se règle à coup de chèques et d’argents.

Triste monde.

Vivement une restauration intégrale !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias

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