Du malheur d’être « libéré », par Antoine Michel
Les temps modernes ne jurent que par la libération, mais la liberté, souvent, est une catastrophe en pratique.
L’exercice de la liberté est en effet difficile et hautement dangereuse : tout le monde préférerait pouvoir esclader une façade de montagne sans filet et sans cordes…mais en pratique si l’on fait cela on meurt souvent, et systématiquement si on n’est pas expirémenté.
C’est un peu comme jeter un enfant dans la mer, même calme, alors qu’il ne sait pas encore nager… Il aurait quelques secondes de sensation de liberté, peut-être, avant de se noyer, incapable de bien nager et de rejoindre le rivage…
La libération, en pratique, nous met souvent face à notre néant, et cette « obligation » de choisir, chose vraiment noble, nous met en danger constant de mal choisir, d’aller à la paresse ou à l’oisiveté.
Imaginez que vous gagnez le jackpot au loto : en général, pour la plupart des gens, ce sera une terrible occasion d’aller de péché en péché. Libéré du travail à vie, et de toute obligation, l’homme faible et laisser à lui-même se porte plutôt vers le mauvais côté et le laisser-aller…
D’où la nature de nos sociétés politiques, inégalitaires, et emplis de gardes-fous et de rampes de sécurité pour nous éviter de partir dans le décor.
On pourrait encore voire la libération comme lacher un enfant en plein milieu d’un désert : il ne saurait où aller ; en général nous préférons avoir une route à suivre, sûre, pour aller au but…
Il est évidemment bien plus « noble » d’être « libre » dans sa condition, et cela est noble justement car cette condition est bien plus difficile à porter vertueusement…
La libération pour la libération, comme le fait nos temps modernes, est un crime terrible qui consiste, au fond, à jeter des individus libres de toute attache dans la jungle pleine de dangers…
La véritable libération est celle contre le péché, et cette libération peut s’obtenir dans toutes les conditions. Néanmoins elle s’obtient bien plus facilement quand on est pauvre et serviteur (de maîtres chrétiens), puisqu’il « suffit » d’accepter sa condition, qui nous empêche naturellement de nous porter facilement au péché.
La condition religieuse, qui vise la perfection évangélique et donc la libération la plus parfaite du péché prouve ce phénomène : un religieux va prendre tous les jougs pour s’empêcher à tout prix de péché. Voeu d’obéissance (abandon de sa liberté de décider et choisir), de chasteté, de pauvreté, prise d’habit (et donc abandon de toute liberté de s’habiller), souvent une clôture (et donc abandon de la liberté de circulation)… Un moine ou une sœur est un esclave de Dieu, et par là il assure au mieux son perfectionnement et sa libération du péché.
Le paradoxe est que seule une société chrétienne parvient, sans le chercher positivement, à constituer une société de libres, et de nobles : dans l’Ancienne France, du Roi au paysan, en fait tout le monde était un homme libre et un noble, capable de décision, le plus indépendant possible (sans indépendance pour l’iondépendance, mais jsute une subsidiarité parfaite naissant du lien de confiance et d’amitié que la Foi commune entretient), maître dans son domaine, grâce aux rampes de sécurité comme la morale, les sacrements, les devoirs de la loi divine, et une pratique le moins contraignant possible, grâce ) des seigneurs serviteurs et des clercs charitables, à l’opposé d’une justice temporelle païenne dure et un carcan légal de fer où le seigneur-prêtre est tyran.
Vous voulez la liberté ? La vraie ?
Revenez à Dieu et au Roi.
Sinon, nous verrons bientôt le retour de l’esclavage massif, et demandé par tout le monde (comme c’est déjà le cas peu à peu par le salariat, et l’imposition massive par l’état) : l’histoire montre que, toujours, l’homme préfère sa sécurité et l’ordre, même injuste, que le désordre. La liberté sans foi chrétienne ne peut conduire qu’aux plus grands désordres, comme nous le constatons sous nos yeux ; il n’y donc que deux choix.
La conversion et l’esclavage envers Dieu, ou l’esclavage entre les hommes.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Antoine Michel