Crise, monnaie et investissement
Avant même les épisodes de confinement en Occident, l’impact économique du désormais trop célèbre « Covid-19 » au début de l’année 2020 était patent, avec notamment l’effondrement des principales places boursières de la planète.
Certains en ont amplement profité : il s’est même dit que les Rothschild ou les Chinois avaient pu racheter à très bas prix des actions en grand nombre.
La crise économique, elle, ne fait que commencer et semble être combattue par la plupart des États à l’aide de plans de relance reposant toujours sur de la dette, c’est-à-dire — en dernier ressort — sur les générations futures.
Le travail face à la rémunération, l’épargne face à la spéculation
Beaucoup de nos contemporains restent tentés par l’argent facile et l’appât du gain, au détriment du travail (qui, comme le signale professeur Jörg Guido Hülsmann, serait davantage valorisé dans un système déflationniste qu’inflationniste) ou encore de l’épargne, constamment entravée par les pouvoirs publics et gênée par la fiscalisation des propriétés ou patrimoines.
Si certains ont eu la chance de faire fortune avec les crypto-monnaies au moment de l’essor du Bitcoin, surfant sur une mode heureuse, l’heure devrait plus que jamais être aux investissements dans le réel, tant la précarité du système financier et monétaire moderne appert de toutes parts. À l’opposé des crypto-devises, la Bourse a au moins l’avantage de proposer des actions d’entreprises bien réelles et actives, d’où l’engouement contemporain pour le trading sur CFD par exemple.
Partout, malheureusement, il faut lutter contre les tentacules d’États qui entravent les libertés économiques. Les investissements réels et physiques sont particulièrement visés. Au siècle dernier, le polémiste américain Eustace Mullins rappelait qu’il était quasiment interdit pour les citoyens américains de détenir de l’or (au-delà d’un certain poids), en raison du monopole de la Réserve fédérale. Aujourd’hui, en France, il est infiniment plus facile d’investir dans de l’or virtuel ou à produire, que de se procurer de l’or physique. De même, investir dans de la pierre ou dans de la terre revient à devoir assumer des frais fiscaux fixes toujours plus importants — le remplacement de l’ISF par l’IFI est une image de l’action délétère des autorités publiques. On ne peut que le déplorer, surtout lorsqu’un partage égalitaire forcée et des droits de succession parfois ubuesques viennent couronner le cercueil de nos morts.
Une monnaie qui n’en est plus une
Les chantres des crypto-monnaies cherchent à les défendre en expliquant qu’il s’agit là de véritables monnaies, et non seulement de valeurs mobilières dont la valorisation ne dépendrait que de l’offre et de la demande, à la manière des œuvres d’art — à la différence que ces dernières ont la vertu d’être concrètes et de conserver dans tous les cas une certaine valeur intrinsèque.
Ce discours apologétique n’est possible que parce que les monnaies officielles elles-mêmes ne sont plus véritablement des monnaies proprement dites.
Dans Les Thibault, le romancier Roger Martin du Gard décrit opportunément la propension des camelots de 1914 à prendre des billets de cent francs contre quatre-vingt-quinze francs en pièces frappées dans du métal précieux, sans que la police n’intervînt, dans les semaines qui précédèrent la mobilisation et la guerre. C’est tout simplement parce que ces camelots spéculaient sur le maintien de la valeur de ces billets de 100 F grâce à l’autorité gouvernementale, tandis qu’à l’inverse les humbles citoyens savaient pertinemment qu’un bout de papier n’a en lui-même aucune valeur, ce qui n’est certes pas le cas d’une pièce composée d’or.
Autrement dit, nos billets de papier et nos pièces en toc ne sont en rien des réserves de valeur — et les unités de compte informatisées par les banques, à savoir nos comptes bancaires et livrets d’épargne, n’en sont pas davantage. Tout cela reste à la merci du moindre imprévu.
Il est d’ailleurs remarquable que les investissements immatériels, mais potentiellement spéculatifs, aient le vent en poupe alors que les placements concrets sont boudés par de larges pans de la société : forêts, terres agricoles, œuvres d’art, timbres… C’est une révélation de notre époque, qui ne laisse pas présager de bonnes choses pour l’avenir.
Jean de Fréville