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Sermon sur Notre-Dame des 7 Douleurs et la souffrance

Introduction

Nous fêtons aujourd’hui Notre-Dame des 7 Douleurs. C’est une bonne occasion de nous rappeler ce que la Très Sainte Vierge Marie a souffert et pourquoi.

  1. Les souffrances de la Très Sainte Vierge Marie

Les privilèges insignes de la Très Sainte Vierge Marie, tels que sa Maternité Divine et son Immaculée Conception, la placent en grâce et dignité au-dessus de tous les anges et de tous les Saints. Cela ne veut pas dire que sa vie sur terre ait été radicalement différente de la nôtre. Comme nous, Notre-Dame eut des devoirs religieux à remplir, des travaux domestiques à faire, des activités familiales et sociales auxquelles participer. Comme nous, elle eut des joies et aussi des souffrances.

L’Église a résumé toutes les souffrances de la Très Sainte Vierge Marie sous une liste de 7 douleurs. Pourquoi 7 ? Parce que dans la Bible le chiffre 7 symbolise la plénitude ou l’achèvement. Ainsi Dieu créa le monde en 7 jours. Les 7 douleurs de Notre-Dame symbolisent donc l’ensemble de ses souffrances. Et en cette liste nous pouvons ranger toutes les souffrances qui peuvent nous affliger sur terre.

-La première douleur de Notre-Dame est l’annonce par le vieillard Siméon qu’un glaive de douleur lui transpercerait le cœur. Sous ce titre sont, par exemple, toutes les souffrances qui résultent de la séparation des personnes qu’on aime.

-La deuxième douleur de Notre-Dame est la fuite en Égypte. Sous ce titre sont, par exemple, toutes les souffrances liées à la perte de ses biens matériels ou de son travail ; les souffrances de l’exil ; les souffrances d’être persécuté injustement par les autorités civiles ou religieuses.

-La troisième douleur de Notre-Dame est la perte de Jésus au temple de Jérusalem. Sous ce titre sont, par exemple, toutes les souffrances que nous causent les désolations spirituelles, notre incompréhension des plans de la Divine Providence.

-La quatrième douleur de Notre-Dame est la rencontre de Jésus sur le chemin du Calvaire. Sous ce titre sont, par exemple, toutes les souffrances causées par l’injustice, l’ingratitude, les moqueries et la cruauté des autres.

-La cinquième douleur de Notre-Dame est sa longue station au pied de la Croix de Jésus. Sous ce titre sont toutes les souffrances physiques possibles, les souffrances liées à la maladie, la perte de ses facultés, et à la mort. Notre-Dame ne fut pas torturée et crucifiée physiquement comme le fut Notre-Seigneur Jésus Christ. Cependant, en vertu de la compassion qui l’unissait à son Fils, elle souffrit en son âme autant que si elle avait reçu elle-même physiquement tous les coups qui frappaient Jésus.

-La sixième douleur de Notre-Dame est la Descente de la Croix. Sous ce titre sont, par exemple, toutes les souffrances causées par l’apparente inutilité de nos efforts, par la vue de l’endurcissement des gens dans le mal.

-La septième douleur de Notre-Dame est l’ensevelissement de Jésus. Sous ce titre sont, par exemple, toutes les souffrances causées par la solitude, le triomphe apparent des méchants, la nuit de la Foi.

Non seulement la Très Sainte Vierge Marie a connu par sa propre expérience toutes les souffrances auxquelles nous pouvons être confrontés pendant notre vie sur terre, mais elle a souffert bien plus que nous tous. En effet la perfection de son corps et de son âme la rendait bien plus sensible à la souffrance que nous. Aussi, quand nous confions à Notre-Dame nos souffrances et lui demandons son aide, elle sait de quoi nous parlons et elle nous comprend parfaitement bien. Voyons maintenant la raison pour laquelle elle a tant souffert.

  1. La raison des souffrances de la Très Sainte Vierge Marie

La souffrance est causée par le manque de ce que nous voudrions avoir, de ce qui nous donne le bien-être physique ou moral. Par exemple, nous souffrons quand nous avons faim, car nous sommes privés de la nourriture dont nous avons besoin ; un père de famille souffre de ne pas avoir de travail car il est alors privé du moyen de soutenir sa famille ; nous souffrons d’une injustice car nous sommes privés de nos droits.

La souffrance fait partie de nos vies sur terre. Dieu qui est infiniment puissant et qui nous aime plus que le meilleur des pères, pourrait empêcher toute souffrance de nous atteindre, mais Il ne le fait pas. Il nous laisse souffrir, voire Il cause parfois Lui-même nos souffrances. Il y a pour cela 3 raisons qu’on peut résumer en trois mots : expiation, sanctification et rédemption.

La première raison de nos souffrances, c’est l’expiation de nos péchés. Quand nous commettons un péché, nous nous détournons de Dieu en raison de notre amour désordonné pour quelque chose ou quelqu’un. Par exemple, si nous volons de l’argent, nous aimons l’argent de façon désordonnée, au point de désobéir à Dieu et de commettre une injustice pour l’avoir. Autrement dit, nous aimons l’argent plus que Dieu.

L’expiation du péché exige le mouvement inverse du péché, c’est-à-dire d’une part redonner à Dieu tout notre amour par une contrition sincère, et d’autre part être privé d’une chose légitime qu’on aime et d’en supporter la souffrance.

Dans la Bible, Dieu déclare de très nombreuses fois que nos souffrances sont la conséquence de nos péchés. Par exemple, à travers le Prophète Jérémie, Dieu dit ceci : «Je t’ai châtié cruellement, à cause de la multitude de tes iniquités et de ton endurcissement dans le péché» (Jér 30;14). Par la souffrance non seulement Dieu nous permet d’expier nos péchés, mais en plus, Il nous aide à nous détacher de nos affections déréglées.

Regardons maintenant Notre-Dame. Elle a souffert pendant sa vie, et plus que nous tous comme nous l’avons dit. Mais ce n’est pas en expiation de ses péchés car elle n’en a jamais commis : ni péché mortel, ni péché véniel, ni même une imperfection. Si la Très Sainte Vierge Marie a souffert immensément, c’est donc pour une autre raison.

La deuxième raison de nos souffrances, c’est notre sanctification. Se sanctifier signifie apprendre à aimer Dieu plus que tout, de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces, à aimer notre prochain comme nous-mêmes. Cependant le péché originel, péché d’orgueil, a causé en nous un désordre très profond, à savoir que nous nous aimons plus que Dieu. Nous sommes plus attachés à notre volonté propre qu’à la Volonté de Dieu. Le remède à ce désordre, c’est la souffrance. En continuant à aimer Dieu dans la souffrance, nous apprenons à aimer Dieu plus que nous-mêmes. C’est la grande leçon du Livre de Job dans la Bible. Job était un homme juste et cependant il fut soumis par Dieu à de terribles souffrances. La raison était de donner à Job l’occasion de se sanctifier davantage, de s’oublier lui-même et d’aimer Dieu d’une façon encore plus parfaite. Dans la même optique, Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus écrivait ceci : «Ne croyons pas pouvoir aimer sans souffrir, sans souffrir beaucoup» (Lettre 89). «Comment donc Jésus a-t-il fait pour détacher ainsi nos âmes de tout le créé ? Ah ! Il a frappé un grand coup… mais c’est un coup d’amour.» «Aimons Jésus assez pour souffrir pour Lui tout ce qu’Il voudra, même les peines de l’âme, les aridités, les angoisses, les froideurs apparentes… Ah ! C’est là un grand amour d’aimer Jésus sans sentir la douceur de cet amour.» (Lettre 94) ; «nous devons aller au Ciel par la voie de la souffrance unie à l’amour.» (Lettre 258).

Nous sommes tous atteints par le péché originel. Nous avons tous besoin de la souffrance pour extirper le fond d’orgueil et d’égoïsme qui est en nous, pour apprendre à aimer Dieu plus que nous-mêmes. Et c’est pourquoi Dieu permet que nous souffrions les souffrances qui nous conviennent exactement pour notre sanctification.

Regardons maintenant Notre-Dame. Elle n’a pas souffert pour réparer le désordre que le péché originel aurait causé en elle, car elle n’a pas eu le péché originel. Elle est l’Immaculée Conception. En Marie, aucun orgueil, aucun égoïsme, mais toujours et partout une adhésion parfaite à la volonté de Dieu, un désir de plaire à Dieu en toutes choses. Marie n’avait pas besoin de la souffrance pour progresser en charité. Si elle a souffert immensément, c’est pour une troisième raison.

La troisième raison de nos souffrances, c’est la Rédemption des hommes. La rédemption, c’est l’action de payer le prix d’un captif pour le libérer, ou de payer la dette d’un coupable pour qu’il soit pardonné. Nous avons offensé Dieu et nous avons mérité la prison de l’enfer par le péché originel et nos péchés personnels. Puisque nous sommes incapables d’offrir à Dieu une compensation adéquate pour nos péchés, Notre-Seigneur Jésus l’a fait pour nous. Au sein des plus atroces souffrances, Il a offert à Dieu un acte d’amour héroïque et parfait qui compense tous les péchés des hommes. A cette œuvre de la Rédemption, Il a voulu s’associer sa Très Sainte Mère. Et elle a accepté, et en conséquence elle a souffert. C’est donc pour nous, uniquement par amour pour nous, pour notre salut éternel, que Notre-Dame a tant souffert !

Conclusion

Chers Fidèles, en cette fête des 7 douleurs de Notre-Dame, rappelons-nous tout ce qu’a souffert la Très Sainte Vierge Marie pour nous. Et excitons dans nos cœurs une immense gratitude, gratitude qui doit nous mener naturellement à un amour indéfectible pour notre Mère du Ciel. Lors de son apparition à la Salette, Notre-Dame nous a dit : «Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous !». Ce n’est pas un reproche, car une vraie mère ne reprochera jamais à ses enfants l’amour qu’elle leur a donné. Mais c’est un appel à l’aimer davantage, car l’amour ne se paie de retour que par l’amour. Donnons-Lui donc tout notre cœur et que nos actions correspondent à nos paroles.

 

Un prêtre missionnaire en Asie

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