Sermon sur le devoir de Réparation envers le Sacré-Cœur
Vendredi dernier, nous avons célébré la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Cette fête a été instituée surtout dans un but de réparation pour tous les sacrilèges et blasphèmes commis contre Notre-Seigneur. À la lumière de ce qu’écrivait le pape Pie XI en 1928, dans son encyclique Miserentissimus Redemptor, je vous parlerai aujourd’hui de notre devoir de Réparation envers le Sacré-Cœur de Jésus.
Le devoir de réparation
Le but de notre existence, c’est d’aimer Dieu. Dieu nous a créé par amour ; par amour Il nous a donné tout ce que nous avons. Et en retour de ses bienfaits, Il n’attend de nous qu’une seule chose : que nous l’aimions plus que tout, puisque Lui seul est la source de tout bien. Sur la Croix, Notre-Seigneur Jésus a dit : « J’ai soif ». Jésus avait soif physiquement, mais surtout Il exprimait sa soif de notre amour.
Quand nous désobéissons aux commandements de Dieu, nous commettons un péché : nous préférons notre volonté propre à celle de Dieu, nous nous aimons nous-mêmes plus que Dieu. Le péché est donc au final un refus d’aimer Dieu plus que nous-mêmes et c’est une injustice qui demande à être réparé. Si quelqu’un vole 10 000 PHP, il commet une injustice. Pour être pardonné, il doit réparer son injustice, c’est-à-dire il doit rendre cet argent. De la même façon, pour obtenir le pardon de nos péchés, nous devons réparer l’injustice, c’est-à-dire rendre à Dieu l’amour qui Lui est dû.
Nous sommes tous pécheurs, tous sans exception, en raison de nos péchés personnels et en raison du péché originel. Nous avons en effet tous péché en Adam, comme le dit St Paul : «La mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché.» (Rom 5;12). Tout le monde donc est coupable d’avoir refusé injustement son amour envers Dieu ; tout le monde a le devoir de réparer cette injustice.
La réparation du péché par Jésus-Christ
Malheureusement, si nous les hommes, avons la triste possibilité de commettre des péchés, nous n’avons pas la possibilité de les réparer. En effet, la gravité d’une offense se mesure en partie à la dignité de la personne offensée : plus la personne offensée est digne, plus l’offense est grave. Dieu étant infiniment digne, nos péchés ont une dimension d’infinie gravité. Pour réparer adéquatement nos péchés, il faut donc offrir à Dieu un acte d’amour de valeur infinie. Et nous sommes bien incapables d’offrir à Dieu un tel acte d’amour.
La Sainte Trinité, dans son amour miséricordieux à notre égard, a décidé de prendre en main la réparation de nos péchés par le moyen de l’Incarnation Rédemptrice. La Deuxième Personne de la Sainte Trinité s’est fait homme, Notre-Seigneur Jésus Christ. Il est vrai Dieu et vrai homme. En tant qu’homme Il a été choisi par Dieu pour être le représentant de l’humanité, de telle sorte à pouvoir agir au nom de tous ; en tant qu’Il est une Personne Divine, toutes ses actions humaines ont une valeur Divine, infinie. Notre-Seigneur Jésus a ainsi la capacité d’offrir à Dieu un acte d’amour humain, de valeur infinie, capable de réparer tous les péchés des hommes. Le Psaume 39 nous rapporte ce que dit Notre-Seigneur à Dieu son Père au moment de l’Incarnation : « Vous n’avez pas demandé d’holocauste ni de sacrifice pour le péché ; alors j’ai dit : Voici que je viens. » (Ps 39;7). Notre-Seigneur a accepté de mourir sur la Croix par obéissance à Dieu son Père, et en témoignage de son amour pour Lui, ainsi qu’Il l’a dit : « Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15;13). Et le Prophète Isaïe décrit la réparation que Jésus a accomplit au nom de tous les hommes en ces mots : « Vraiment Il a porté nos langueurs, et Il S’est chargé Lui-même de nos douleurs… Il a été blessé pour nos iniquités, Il a été brisé pour nos crimes ; le châtiment qui nous procure la paix est tombé sur Lui, et nous avons été guéris par Ses meurtrissures. » (Is 53;4-5)
Notre participation à l’œuvre de la Rédemption
Faut-il déduire de ce que nous avons dit que la réparation des péchés des hommes étant faite par Notre-Seigneur Jésus, tous les hommes sont sauvés et que nous sommes exemptés de faire nous-mêmes réparation pour nos péchés ? C’est ce que disent les Protestants. La réponse est non. Saint Augustin en a donné la raison : « Celui qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi. » (cf. Saint Augustin, Sermon 169, 11, 13). Dieu demande notre coopération à l’œuvre de réparation de nos péchés. Saint Paul signifie la même chose quand il dit aux Colossiens : « Je me réjouis dans mes souffrances pour vous, et ce qui manque aux souffrances du Christ, je le complète dans ma chair pour Son corps, qui est l’Église. » (Col 1;24).
Notre-Seigneur Jésus a réparé tous nos péchés en offrant à Dieu son Père tout son amour Divin et humain. Maintenant Il demande à ce que nous participions à cette œuvre de réparation en Lui donnant tout notre amour. Jésus a souffert à cause de nous, par amour pour nous ; Il nous demande notre amour en retour. St Jean de la Croix a fort bien exprimé le principe qui gouverne notre devoir de réparation : « L’amour ne se paie que par l’amour, et les plaies d’amour ne se guérissent que par l’amour. »
Nous donnons de l’amour à Notre-Seigneur Jésus-Christ quand nous assistons à la Sainte Messe, et que nous nous offrons nous-mêmes et tous nos biens, avec Lui sur l’autel. Nous donnons de l’amour à Notre-Seigneur quand nous continuons cette immolation de nous-mêmes pendant toute la journée ou toute la semaine, en faisant des pénitences volontaires, en faisant tout par amour pour Notre-Seigneur Jésus, en luttant contre les tentations et nos concupiscences, en saisissant toutes les occasions de faire des actes de charité envers le prochain. Nous donnons de l’amour à Notre-Seigneur Jésus quand nous passons du temps avec Lui dans le Très Saint Sacrement ; mais surtout quand nous Le recevons avec grande dévotion dans la Sainte Communion.
Quand nous recevons la Sainte Communion, nous allons à Jésus, nous professons notre Foi en Lui, notre amitié et notre désir d’être un avec Lui, nous nous donnons à Lui bien plus qu’Il ne se donne à nous puisque c’est nous qui allons recevoir la Sainte Communion. Une Communion faite avec dévotion, c’est un cadeau d’amour que nous offrons à Jésus. Cela le remplit de joie. Au contraire, combien odieux Lui sont les Communions sacrilèges, ces actes d’hypocrisie de gens qui extérieurement se donnent à Lui mais qui intérieurement ne sont que des vendus au démon par leur péchés mortels ! St Paul dit aux Corinthiens à ce sujet : «Celui qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup de malades et de languissants, et que beaucoup sont morts.» (1 Cor 11;29-30).
Objection au devoir de réparation
À notre devoir de réparation des péchés, certains objectent que Notre-Seigneur Jésus est maintenant dans la béatitude éternelle, et qu’Il n’a pas besoin de consolation, que faire réparation ou pas, ne fait aucune différence pour Lui.
À cela il faut répondre d’abord que Notre-Seigneur Lui-même dit le contraire puisqu’en montrant son Cœur à Sainte Marguerite-Marie, Il nous a reproché notre manque de générosité à réparer nos péchés : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné, jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leur sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour. »
D’autre part, au moment de son agonie au Jardin des Oliviers, Notre-Seigneur a pris sur Lui tous les péchés des hommes, non seulement des hommes de son époque et aussi des siècles à venir, et Il en a été oppressé jusqu’à suer du sang. De la même façon, quand l’Ange de l’Agonie est venu fortifier Notre-Seigneur (Lc 22;43), que Lui a-t-il présenté ? Tous les actes d’amour et de consolation de la part de tous ses amis de tous les temps, y compris nos actes d’amour, de consolation, de réparation.
Conclusion
Chers fidèles, il y a à travers le monde tellement de blasphèmes, de sacrilèges révoltants qui sont commis contre Notre-Seigneur Jésus-Christ et la Très Sainte Vierge Marie… Si nous aimons Jésus et Marie sincèrement, il est impossible de rester indifférent, de ne pas ressentir le besoin pressant de leur offrir une compensation d’amour, aussi grande que nous pouvons. Pour leur amour donc, prions souvent, accomplissons notre devoir d’état fidèlement, faisons des pénitences volontaires, acceptons patiemment nos épreuves de la vie.
Surtout faisons des Communions ferventes souvent, et aimons à passer du temps devant le Très Saint Sacrement. Notre-Seigneur a promis que « tous ceux qui honoreraient son Cœur seraient comblés d’abondantes grâces célestes. » Amen.
Un prêtre missionnaire