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Se faire mal, c’est bien, par Antoine Michel

« La meurtrissure qui déchire la chair guérit le mal ; de même les coups qui atteignent au fond des entrailles. » (Pv, 20, 30)

Évidemment, si nous étions parfaits, si nous étions au jardin d’Éden, si notre nature n’était pas blessé par le péché originel, si nous étions comme le rêve Rousseau, si nous ne commettions pas sans cesse des péchés, si nous n’étions pas faibles, nous n’aurions pas besoin de faire cet article, ni de mettre en exergue cette citation.

Rien de sadomasochiste, ne vous inquiétez pas : seulement une dure réalité à rappeler dans un temps chochotte qui déteste la moindre douleur physique – mais qui affectionne toutes les douleurs morales et psychologiques possibles, qui sont bien pire et plus douloureuses, malgré tous les psychotropes et les drogues que l’on prend.

Nous le savons, le bon Dieu envoie souvent des maladies, des pertes de gens chers, des épreuves en tout genre qui font mal…et c’est un grand bien : on se rend compte à chaque fois que cela nous fait progresser, nous apprend à nous détacher du monde, et surtout nous met devant notre propre misère.

Il ne faut pas avoir peur de se faire mal : et si on veut éviter que le dentiste vous arrache une dent gâtée, alors autant se laver les dents tous les jours. Si on veut éviter une infection généralisée quand on s’est planté une épine dans le pied, autant la retirer tout de suite sans attendre.

Or retirer une épine plantée profondément dans la plante d’un pied, par exemple, c’est psychologiquement difficile, et cela fait mal : l’enfant préférera souvent le laisser, sans surtout rien dire à ses parents, par crainte de la meurtrissure, et en faisant en sorte de ne pas toucher à l’endroit inflammé…Jusqu’à ce que cela devienne intenable, et qu’il le dise aux parents…qui vont l’enlever avec beaucoup plus de douleurs que si l’enfant l’avait tout de suite dit.

Mais en tout cas, après l’extraction, quelle libération ! On se sent tellement mieux.

C’est pareil dans le domaine morale. Nous sommes comme cet enfant blessé d’une multitude de piques et d’épines qui criblent notre cœur et notre conscience. Chaque péché que nous faisons est comme se planter une nouvelle épine : nous ne cessons de le faire.

Et il nous faut les extraire…mais, seul, nous avons du mal, même avec la grâce de Dieu : nous avons besoin d’une société politique, du curé confesseur évidemment, ce médecin qui vous enlève tout d’un coup toutes les épines, mais aussi la famille, ou la vie commune pour d’aider à ne pas se replanter trop vite des épines, ni trop profondément. Il faut encore les soins de la meurtrissure après l’extraction, pour éviter que cette libération, donnant trop d’enthousiasme, ne soit l’occasion de retomber plus profondément…

Et oui, les coups qui atteignent le fond des entrailles nous coupent le souffle et nous apprend l’humilité, qui s’échappe d’autant plus facilement que nous vivons pas trop mal. La vertu bien pratiquée – si encore elle peut être bien pratiquée sur cette terre – ne l’est en fait que par la grâce de Dieu, mais nous l’oublions tout de suite, et nous nous attribuons des mérites qui ne sont pas de nous. Nous nous enflons si facilement… Alors la meurtrissure et les coups nous crèvent l’orgueil, désenflent pour notre progrès et notre bonheur.

Il serait plus rapide de simplement abandonner toute cet orgueil, et de ne pas attendre que notre papa du ciel intervienne pour nous punir, comme ces enfants qui auraient mieux faits de simplement bien se comporter, bien obéir, au lieu d’encore désobéir et d’attendre la punition parentale pour revenir dans le droit chemin…

Heureux ceux qui savent ne pas attendre le châtiment pour s’amender !

Et quand nous sommes seuls, pleurons et prions pour avoir une bonne société politique qui puisse nous punir rapidement pour encore plus vite nous sortir de notre ornière et nous faire violence !

Car ô combien il est difficile de se débarrasser d’une mauvaise habitude sans l’aide extérieure et bien concrète d’une autorité, ou du moins d’un bienveillant égal, voire parfois du regard accusateur d’un inférieur scandalisé…

Nous manquons d’amour pour Dieu, cela ne fait aucun doute, et nous détestons plus les mauvaises conséquences du péché sur nous que l’horreur du péché qui offense Dieu et qui nous rend complice des persécuteurs de Jésus sur la Croix…

Sachant cela, soyons intelligent, et tout en nourrissant notre amour pour Dieu, trouvant les moyens, même désagréables, de nous forcer à la vertu.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Antoine Michel

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