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Roi païen, roi chrétien : qui est le plus sacré ?, par Paul-Raymond du Lac

 

Il existe un argument anti-chrétien très en vogue parmi les royalistes païens – par exemple au Japon – pour refuser ou plutôt dévaluer la chrétienté. Cet argument consiste à dire que la christianisation vient dégrader le Roi, puisque d’une part il doit se soumettre à l’Église, et d’autre part qu’il se désacralise (puisqu’il n’est plus prêtre comme les « prêtres-roi » païens) et qu’encore il perd tout caractère divin.

 

Qu’en est-il ?

En pratique c’est l’inverse qui se produit : un roi chrétien est au fond bien plus sacré que tout prêtre-roi, ou roi-dieu païen. Nous allons expliquer pourquoi.

 

D’abord le sacerdoce n’existe en fait pas avant Jésus-Christ : le sacerdoce hébreu n’est qu’une figure du sacrifice du Christ, et sans effet sur notre salut, sans action de la grâce, et tous les autres sacrifices païens des mauvais sacrifices, sans effet sur notre salut non plus, voire avec de mauvais effets quand ils sont trop connectés aux démons.

 

Le caractère sacerdotal du roi, dans son sens naturel, ne disparaît pas non plus avec la christianisation : le sacre des rois de France le montre. Il ne sera pas prêtre catholique, qui n’existait pas avant le Christ), mais il sera un « prêtre » au sens naturel plus parfait que tous les rois païens : pendant le sacre il offre sur l’autel du pain et du vain, ce qui montre bien qu’un roi peut bien offrir une offrande (mais pas accomplir le seul sacrifice réel de la messe). Il se fait oindre en plus par une huile miraculeuse (pour la France du moins), et le Roi chrétien devient un « christ », spécialement oint pour sa mission particulière, et devient intouchable, sacré, lieutenant de Dieu sur terre. Sa sacralité est d’autant plus grande qu’il est ministre de Jésus, homme lui aussi, mais Dieu encore, ce qui rapproche encore le Roi chrétien de Dieu, et le sacralise d’autant plus.

 

Les rois païens peuvent se dire des dieux, ou des descendants des dieux, ou aussi des « possédés » de l’esprit divin (et là on sent l’ésotérisme poindre), mais toute cette sacralité est en réalité bien pauvre pour plusieurs raisons. Les dieux païens sont bien peu divins, et vulgaires : soit ils sont si humanisés, si médiocrement humains, que les hommes et les dieux ne sont pas bien différents, et en pratique, avec une couleur « divine », on reste dans une hommerie bien moderne, où l’homme est en fait au centre – mais le païen traditionnel non moderne va cacher cet humano-centrisme par une « divinisation » de l’homme, ou une humanisation des dieux, comme on veut, cela dépend des endroits.

De plus le roi-prêtre ne demande aux dieux que des avantages matériels et la prospérité matérielle de son peuple, dans une sorte de commerce d’épiciers de « donnant-donnant » bien peu digne de la sacralité du ministère royal tel que Dieu l’a voulu. Le Roi très chrétien ne marchande pas avec Dieu, il consacre lui et son royaume à Dieu, cherche à faire ses volontés, demande pardon. En plus, il dit merci, demande la prospérité pour son peuple, le bonheur sur terre, mais de façon ordonnée au salut au ciel, et soumise à la charité et à la pratique de la vertu chrétienne.

En bref, le roi chrétien fait en mieux ce que fait le roi païen, et de plus ordonné à l’ordre supérieur de notre salut. Cela le rend de facto bien plus sacré que le roi païen.

 

Le roi païen d’ailleurs doit cacher sa misère en restant souvent cloîtrer et loin des regards, là où l’oint du Christ, qui ne se fait pas passer pour un dieu, ou un descendant des dieux, assume son humanité, et se trouve être de plus un ministre de Dieu, ce qui l’embellit, sans jamais faire semblant d’être parfait, de ne pas être un homme.

 

Salomon en cela écrit une phrase véridique, et absolument terrible dans le contexte païen de l’époque :

 

« Je suis moi-même un mortel, semblable à tous et descendant du premier qui fut formé de terre. 2 J’ai été formé quant à la chair dans le sein de ma mère, pendant dix mois prenant consistance dans le sang, par la semence de l’homme, durant le repos du sommeil. Moi aussi, à ma naissance, j’ai respiré l’air commun à tous, je suis tombé sur la même terre, et, comme celui de tous, mon premier cri fut un gémissement. J’ai été élevé dans des langes et avec des soins infinis. Aucun roi n’a eu un autre commencement d’existence. Il n’y a pour tous qu’une seule manière d’entrer dans la vie et d’en sortir. » (Sagesse 7, 1-6)

 

Non, le roi n’est pas dieu, n’est pas un dieu, n’est pas descendants des dieux, ne devient pas un dieu. Il est un homme, mais élu par Dieu, choisi par Dieu, souvent dans sa famille, avec une mission divine, celle de la royauté politique chrétienne sacré ; et cela le rend infiniment plus sacré que n’importe pseudo-dieu incarné païen, qui passe son temps  cacher ses faiblesses, à se terrer pour qu’on ne remarque pas sa faiblesse et sa déchéance (comme tous les hommes), et qui souvent va osciller entre une fuite de son pouvoir, et ne faire plus rien, ne plus œuvrer pour le bien, ou au contraire tomber dans un exercice grandiloquent, parfois un peu tyrannique, ou tout à fait tyrannique, pour comme se prouver qu’il est tout-puissant et comme dieu, contre l’évidence de son quotidien, de ses maladies, etc., etc.

 

Ainsi les païens sentent bien qu’il y a quelque chose de divin dans la royauté, mais dans le monde païen cette vérité anthropologique est désordonnée et aboutit sur une déviation plus ou moins grande de la réalité de la nature politique humaine exposée chez Salomon, dans les Evangiles et ainsi révélée par Dieu : le Roi est un homme comme les autres, soumis à la mort et au jugement divin, qui a une mission particulière, qui doit être ministre de Dieu, juger les hommes, selon les volontés de Dieu.

 

C’est pourquoi le roi chrétien est bien plus sacré qu’un roi païen, et notre histoire le montre : la fondation de l’Église et du sacerdoce chrétien par le Christ n’a pas réduit la sacralité du roi ; au contraire, elle l’a augmenté en restaurant la royauté dans ce sa nature telle que voulue par Dieu, et rehaussée encore par le travail de la grâce, des sacrements, et du sacre. Rehausser encore par le fait que le roi est ministre du vrai Dieu, de Jésus, qui est infiniment au-dessus de tout dieu païen : être ministre du vrai Dieu tout-puissant et éternel sera toujours quelque chose de plus digne que d’être soit même un pseudo-dieu soit humain, soit démoniaque sous influences de mauvais anges, qui sont toujours bien plus médiocres et sans commune mesure avec le Créateur, puisque ces êtres mêmes angéliques (et déchus pour les démons) ne sont rien comparés à Dieu.

 

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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