Nommer ses enfants, c’est leur octroyer une vocation

Nous parlions tantôt de la liberté de choix et de l’écoute des vocations ; parlons ici du devoir du père dans l’octroi des vocations. Car il est bien beau de parler des vocations éternelles mais en pratique, comment faire ?

En attendant de bien discerner nos vocations célestes, il s’agit que les dépositaires de la figure divine octroient par intérim des vocations terrestres : c’est la mission du père de famille vis-à-vis de ses enfants. Et en particulier lorsqu’il prénomme ses enfants : baptiser un enfant ne saurait se faire en fonction de normes sociales, de coups de sang ou d’autres légèretés bien coupables. Non, nommer son enfant mérite mûre réflexion et doit se faire en fonction de la vocation et des saints patrons que l’on veut lui donner.

Nommer est aussi l’occasion de rattacher son enfant à sa famille charnelle (ses ancêtres) et à sa famille spirituelle (son parrain ou sa marraine). Il est bon de donner le nom d’un aïeul notable ou cher, et de donner aussi celui du parrain ou de la marraine. Il est bon aussi de s’inspirer du lieu ou du jour de la naissance (le saint du jour, le patron du village ou de la province…).

Ainsi l’enfant pourra toujours se rappeler que de nombreuses singularités l’ancrent, le définissent et le sécurisent : ce sera l’une de ses petites cellules spirituelles, dans laquelle il pourra toujours se réfugier, comme le moine dans sa clôture, pour contempler Dieu et sa vocation.

Le Bon Dieu veille : si une vocation supérieure attend vos filles ou vos fils, elle saura se faire entendre. Regardons ne serait-ce qu’un peu l’histoire des saints et des grands hommes, cela est clair, regardons encore l’histoire, tournons-nous vers notre propre expérience : nous serons convaincus que le bonheur du commun ne se trouve absolument pas dans la liberté de choix, mais dans l’accomplissement de la vocation donnée, pour les gens qui nous ont aimé, qui nous aiment, et que nous aimons à notre tour.

Pères de famille, octroyez donc des vocations à vos enfants : c’est de votre responsabilité ! Ce n’est certes pas agréable, puisque si nous donnons de mauvaises vocations, nous en serons les responsables, mais c’est un devoir ! Seul un père indigne pourrait se défausser de cette responsabilité vis-à-vis d’un enfant qui, quoi qu’on en dise, ne peut pas choisir sa vocation par lui-même ! Ce serait envoyer quelqu’un qui ne sait pas nager dans une mer tempétueuse, sans cap et sans gilet de sauvetage !

Alors octroyons des vocations, quitte à nous tromper : au pire des cas, l’enfant pourra croître dans les vertus de piété filiale, de sacrifice et d’obéissance, et la Providence saura corriger le tir ! Alors oui, octroyons des vocations à nos enfants et préparons-les bien pour cela (on ne saurait confier l’instruction et l’éducation de nos enfants à n’importe qui, via l’École républicaine, par exemple !).

Ce travail d’octroi des vocations est aussi nécessaire et précieux pour les enfants que pour le père, qui prend conscience à cette occasion — si ce n’était pas encore fait — de la gravité de sa mission, de sa responsabilité et de ce que signifie être le représentant de Dieu dans sa famille. À cette occasion, il se rend compte également qu’il est bien faible et pauvre, et s’en remet à plus grand que lui. Il sait que la Providence pourvoira et que, si une vocation plus grande attend ses enfants, le Bon Dieu les appellera.

Ainsi l’enfant s’occupera à accomplir sa vocation, et non pas à se chercher en vain.

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !