Politique

L’incarnation, principe politique fondamental, par Rémi Martin

Nos temps aiment à parler à loisir « d’État », « d’administration », « d’Église », des termes assez abstraits, bien pratiques, certes, mais souvent bien imprécis : qui est derrière tout cela ?

De même, les « sciences » politiques aiment parler du « peuple » et de « l’État », avec une éclipse des corps intermédiaires réduits aux « collectivités territoriales », dans une réduction de la puissance politique à la seule puissance étatique, qui oublie le pouvoir du père dans sa famille, du seigneur sur sa terre, de la corporation sur son travail, etc.

Ma petite fille de 5 ans, tantôt, me posa une question inattendue et de bon sens sur ce sujet :

— Ma fille : « Le missel, ce sont les saints qui le font ? »

Moi, après quelque instant de silence devant la question abrupte :

— « Hum, pas vraiment, c’est l’Église, oui, qui fait le missel.

Et là ma fille, rigolant devant l’idiotie de ma réponse :

— « L’Église ? L’Église, elle ne peut pas faire de livres ! C’est pas une personne ! Alors, qui fait le missel ? »

— « Certes. Tu as raison. Ce sont des abbés, ou des évêques, voire le pape qui fait le missel. »

L’esprit des enfants est très concret. Il ne connaissent pas encore l’abstraction qu’est la personnalité morale, mais en l’occurrence ils ont bien raison !

Car, effectivement, dans les anciens temps, il était évident pour tout le monde que jamais « l’État » ou « l’Église » n’aurait produit un texte, mais que tel Roi, tel évêque, ou tel Pape, oui.

La différence est de taille, car tout d’un coup nous parlons de personnes bien définies, qui sont les dépositaires et les représentes de bien plus qu’elles-mêmes, certes, mais dont l’existence est indispensable pour produire les actes de gouvernement. La « gouvernance » n’existe pas dans la réalité ! Elle n’est qu’une manœuvre pour masquer les véritables « acteurs » du gouvernement qui disparaissent dans l’anonymat des antichambres et des autre « clubs » ou « sociétés » plus ou moins secrètes.

Le corps politique, en effet, n’existe pas sans sa tête. Le sens naturel le confirme dans l’histoire des royautés et la Révélation le réaffirme dans l’institution par Jésus-Christ de la société ecclésiastique. L’Église est le corps mystique de Jésus, et non pas une personnalité morale. L’Église, c’est l’ensemble des chrétiens, membres mystiques de Jésus-Christ, animés par « l’âme chrétienne », la grâce, et organisés visiblement dans une hiérarchie concrète et incarnée, dont la tête est Jésus-Christ Lui-même, avec comme successeur et vicaire le Pape, soutenu par les évêques.

De même, le royaume de France, la France, est un corps politique constitué des régnicoles et des sujets, hiérarchisé et organisé, dont la tête est le Roi de France, lieutenant de Jésus-Christ.

Si la France existe encore aujourd’hui, c’est bien que sa tête demeure, même si elle n’est plus à sa place. Sans le Roi, la France n’existerait plus.

Nous sommes dans une situation telle que la France est dans un état de paralysie provoqué, comme si l’on avait planté une aiguille dans sa moelle épinière, pour bloquer le flux du cerveau vers le corps (la Révolution et la mise en place d’iniques régimes illégitimes), mais des tumeurs cancéreuses, via chocs électriques, fait bouger le corps, de façon monstrueuse, saccadée et désordonnée. Parfois le corps s’agite avec frénésie, plus naturellement, comme la queue du lézard détachée de son corps, déjà morte, mais bénéficiant encore de son ancien flux…

La doctrine moderniste, qui évacue l’incarnation et voile les réalités que nous venons de décrire — réalités à la fois spirituelles et surnaturelles, donc difficiles à saisir sans analogies, qui n’épuisent pas le sens, mais ne sont vrais que partiellement —, est aussi coupable de nous faire oublier la multiplicité des puissances et des corps qui se recoupent, se recouvrent ou s’emboîtent selon les cas.

Le père de famille est roi du corps de sa famille ; le chef de maison est l’empereur des familles de la même souche ; le seigneur est à la « tête » du corps de sa seigneurie ; le curé est le curateur des âmes de sa paroisse, le chef spirituel, dans un domaine différent du seigneur, etc. Tous les chefs naturels, des pères de famille aux monarques héréditaires, sont directement élus par Dieu dans leur domaine.

Toute cette sagesse ancienne est aujourd’hui ignorée, si ce n’est niée frontalement, et cela est grave : car elle empêche de donner les bons principes d’action, elle voile la réalité de notre nature et de la société politique. Pire, elle les remplace par des idéologies fantaisistes qui nient le réel, nient les principes, et violent la réalité et la nature humaine.

Alors je dis merci à ma fille de 5 ans, qui connaît déjà mieux la politique que beaucoup de grands professeurs et politiciens de notre temps !

Rémi Martin

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !

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