Politique

Liberté de conscience, vraiment ?

L’autre jour, je discutais du principe de liberté avec des amis légitimistes et je me suis rendu compte à quel point le mythe libertaire est ancré dans les mœurs et les esprits, y compris chez les plus traditionalistes d’entre nous. Le sujet était de savoir s’il faut parler de la liberté de conscience ou, plutôt, s’il est bon de soutenir cette liberté de conscience. À mon grand désarroi, la plupart pensait que oui ! Et pourtant, je le dis net : NON, la liberté de conscience n’est pas un principe vertueux.

La liberté de conscience n’est qu’un avatar de plus du rousseauisme et du libéralisme, notion intrinsèquement révolutionnaire. Elle peut être séduisante au premier abord, certes, mais elle est toujours dangereuse. Je comprends qu’il est tentant de vouloir fermer les yeux sur la liberté de conscience, puisqu’elle est aujourd’hui usée par des défenseurs du bien, en particulier dans le milieu médical, où ils tentent d’endiguer tant bien que mal les actes médicaux contre-nature et, en particulier, les vagues méphitiques de la tuerie de masse parmi les bébés. Certains politiques tentent également de biaiser le jeu de la destruction du mariage et de la société via cette liberté de conscience, afin de ne pas légitimer ces (dés)unions contre-nature… Et pourtant, l’expérience nous le montre, rien de tout cela ne fonctionne ! Faire appel à la « liberté de conscience », c’est déjà avouer notre défaite, c’est acter notre recul sur le plan des idées.

Car, affirmons-le, il n’y a pas de liberté de conscience, mais un devoir exigé de la conscience : si vous vous trouvez dans une situation où il faudrait appliquer ce qu’on a coutume d’appeler la « liberté de conscience », vous avez en fait, en vérité et en pratique, le devoir en conscience d’appliquer cette clause (pour sauver le bébé, pour rejeter la parodie scandaleuse d’un sacrement de l’Église, etc.). Remplir votre devoir ou faire le mal : voilà à quoi se limite votre liberté dans de tels cas.

Alors, ne parlons plus jamais de liberté de conscience, ni des autres pseudo-libertés[0] ! Ce sont des arnaques qui font le jeu du relativisme. La seule liberté légitime est le libre-arbitre, simple outil, simple faculté qui doit être utilisé pour le bien, le juste, la Vérité ![1] La liberté chrétienne, c’est se faire esclave de Jésus-Christ, ce qui rend libre par rapport au monde. La liberté catholique, c’est se soumettre à la loi divine en usant de son libre-arbitre pour adhérer à cette loi, et agir en conséquence.

Nous n’avons donc aucune liberté de conscience, mais des devoirs en conscience. La liberté n’est que le fruit de la foi chrétienne, or notre temps est déchu et notre pays n’est plus chrétien : les libertés ont donc disparu, c’est inéluctable et, comme nous l’apprend le Fabuliste, le chien dans les fers s’y complaît toujours[2]

À tout le moins, ne jouons plus le jeu de nos ennemis et bannissons tout ce qui pourrait faire croire que la liberté est une arme ou une justification efficace. Non, nous avons des devoirs et un ordre à respecter : la liberté vraie n’est qu’un fruit du devoir bien accompli et du respect de l’ordre, et le libre-arbitre un précieux outil, mais un simple outil, pour accomplir ces devoirs et restaurer cet ordre. Alors, si vous voulez être libres, et vraiment libres, revenez aux fondamentaux en vous soumettant volontairement à Dieu et au Roi de France, son lieutenant sur terre.

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !


[0] cf. « La liberté d’expression est une imposture ! » (31 déc. 2020) ; « Je suis contre la liberté d’enseignement ! » (8 nov. 2019) ; « La liberté n’existe que subordonnée à la morale » (6 déc. 2018), etc.

[1] cf. par exemple : Libertas (1888) de Léon XIII, qui condamne définitivement toute forme de libéralisme ; La Légitimité (1873) d’Antoine Blanc de Saint-Bonnet…

[2] Jean de La Fontaine, Le Loup et le Chien, 1668.

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