De la liberté de l’homme et de l’absurdité du libéralisme, par Antoine Michel
La grande erreur moderne qu’est le libéralisme veut sans cesse nous libérer : il arrive aujourd’hui à un excès que ses anciens sectateurs n’auraient certainement pas imaginé, celui de vouloir nier jusqu’aux évidences les plus naturelles, comme le sexe, renommée genre pour l’occasion.
D’où vient une telle erreur ? D’un abus, de l’exagération d’une vérité élémentaire : le libre-arbitre nous différencie du reste de la création matérielle — mais non des anges, ni de Dieu. Cela est vrai, mais à force de faire de ce libre-arbitre un but en soi, l’homme a mis du désordre dans la réalité : comme le rappelle l’encyclique Libertas Praestantissimum de Léon XIII et toute la doctrine catholique, le libre-arbitre n’est qu’un outil au service de notre perfection spirituelle, à la gloire de Dieu.
Écoutons l’enseignement plein de bon sens de Bossuet au Dauphin :
« Ainsi un homme qui n’a pas l’esprit gâté, n’a pas besoin qu’on lui prouve son franc arbitre, car il le sent ; et il ne sent pas plus clairement qu’il voit, ou qu’il raisonne, qu’il se sent capable de délibérer et de choisir.
De ce que nous avons notre libre arbitre à faire ou à ne pas faire quelque chose, il arrive que selon que nous faisons bien ou mal, nous sommes dignes de blâme ou de louange, de récompense ou de châtiment ; et c’est ce qui s’appelle mérite ou démérite.
On ne blâme ni on ne châtie un enfant d’être boiteux ou d’être laid ; mais on le blâme et on le châtie d’être opiniâtre, parce que l’un dépend de sa volonté, et que l’autre n’en dépend pas. » (Bossuet, Œuvres Complètes, 1879, T.IX, p. 35).
Pourquoi ne cessent-ils pas de nous répéter que nous sommes libres ? Nous le savons ! L’esclave lui-même est toujours libre de penser, et d’agir, et ce malgré ses chaînes… Tout catholique — et plus encore s’il est parent — sait d’ailleurs que le péché se trouve dans la volonté, dans le mauvais usage du libre-arbitre, et non dans les actes matériels. C’est encore évident, mais notre temps nie les évidences, alors rappelons-les ! C’est pourquoi Jésus condamne non seulement l’adultère, mais aussi l’intention de l’adultère, qui est déjà un péché mortel en soi ; montrant bien où se trouve notre liberté réelle — celle de notre intention, début de toute action.
Continuons avec notre cher Bossuet :
« Un homme à qui il arrive un mal inévitable, s’en plaint comme d’un malheur; mais, s’il l’a pu éviter, il sent qu’il y a de sa faute, et il se l’impute, et il se lâche de l’avoir commise.
Cette tristesse que nos fautes nous causent, a un nom particulier, et s’appelle repentir. On ne se repent pas d’être mal fait, ou d’être malsain ; mais on se repent d’avoir mal fait.
De là vient aussi le remords : et la notion si claire que nous avons de nos fautes, est une marque certaine de la liberté que nous avons eue à les commettre.
La liberté est un grand bien ; mais il paraît, par les choses qui ont été dites, que nous en pouvons bien et mal user. Le bon usage de la liberté, quand il se tourne en habitude, s’appelle vertu ; et le mauvais usage de la liberté, quand il se tourne en habitude, s’appelle vice. » (Ibid., p. 36)
Tout est dit, simplement. Après cela, comment peut-on encore croire que la liberté est une fin en soi ? Non, elle est un don du Créateur pour faire le bien et pratiquer la vertu. C’est simple et assez immédiat dans l’expérience humaine.
Alors comment l’homme peut-il aller si loin dans l’erreur, contre l’évidence et l’examen de la raison ? Faible, et soumis au péché originel, orgueilleux, l’homme peut très mal user de sa volonté pour s’enfoncer dans l’erreur, en mettant sa raison au service de ses passions :
« J’entends la droite raison. Car il y a une raison déjà gagnée par les sens et par leurs plaisirs, qui, bien loin de réprimer les passions, les nourrit et les irrite. Un homme s’échauffe lui-même par de faux raisonnements, qui rendent plus violent le désir qu’il a de se venger ; mais ces raisonnements, qui ne procèdent point par les vrais principes, ne sont pas tant des raisonnements, que des égarements d’un esprit prévenu et aveuglé.
C’est pour cela que nous avons dit que la raison qui suit les sens, n’est pas une véritable raison, mais une raison corrompue, qui au fond n’est non plus raison, qu’un homme mort est un homme. » (Ibid., p. 36)
Revenons ainsi aux vrais principes métaphysiques qui racontent notre réalité, et notre nature, ainsi qu’aux vrais principes divins contenus dans la Révélation. Revenons enfin aux vrais principes politiques de notre Royauté chrétienne, qui sont le résultat d’une fine connaissance de la réalité politique naturelle au service du plan divin, à la lumière de la Révélation !
Antoine Michel
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !