Politique

Les principes restaurateurs : Sortons de toute logique d’appareil et de parti

Le grand mal de notre époque se trouve être l’esprit partisan, qui est certainement l’avatar de toute la modernité. Il ne faudrait pourtant pas croire que cette tare est nouvelle : elle fut de tout temps la cause et la racine des maux, des guerres, et des violences en tout genre entre hommes. Individualisme, égoïsme, démesure, orgueil, envie, lâcheté, manque de volonté, laxisme, hédonisme, luxure, divertissement, intellectualisme, idéalisme, matérialisme, tout autre –isme imaginable, trouvent leur racine dans l’esprit partisan qui s’oppose à l’esprit royal dans l’ordre des choses terrestres. On pourrait aussi dire que l’esprit partisan correspond à l’esprit malin qui s’oppose à l’esprit divin.

Pour le dire autrement, l’esprit partisan, force négative érodant l’esprit public, qui n’est autre que l’esprit royal et par là habité par le divin et incarné dans le réel, et pervertissant les liens en les usant pour de mauvaises fins, ou en oubliant la fin, en interdisant toute sublimation dans l’union de la matière et de l’esprit ; l’esprit partisan, disions-nous, est une force de dysharmonie et de perversion des liens existants par l’usage d’une volonté altérée dans l’abus du libre-arbitre dont nous sommes gracieusement pourvus. L’esprit partisan se décline à tous les niveaux de groupements humains, depuis l’individu à travers l’égoïsme et le narcissisme – le parti du moi – jusqu’à la constitution nationale, c’est-à-dire la Cité organique en tant qu’union de tous les sujets, à travers le temps, dans l’axe vertical du ciel vers la terre – toutes réalités qui, sans le roi, restent invisibles au mieux et niées au pire –, dont les institutions et les systèmes politiques sont l’accessoire passager de la nécessité éternelle. Ainsi, le roi n’est ni une institution au sens politique vulgaire, ni un système, mais bien une réalité incarnée nécessaire et dans la nature des sociétés humaines ; quand l’esprit partisan s’empare de la constitution nationale, l’État apparaît et devient ploutocrate, et injuste dans son essence ; les systèmes deviennent l’alpha et l’oméga dans la dénaturation de liens naturels qui devraient être sublimés, mais qui sont affaiblis, manipulés, pervertis pour le parti particulier qui s’oppose à l’esprit public. L’esprit partisan se décline aussi dans tous les corps intermédiaires, à commencer par les familles : la maison qui sublime les liens du sang en esprit royal et divin est un vecteur de bien qui aide ses membres à marcher dans la juste voie ; à l’inverse, une famille investie par l’esprit partisan devient une clique qui va chercher la dysharmonie dans le reste de la société pour favoriser l’intérêt particulier du parti familial. Quand le parti du moi devient plus fort que le parti de la clique familiale, la maison, depuis longtemps disparue, laisse place à une famille éclatée qui se décompose inéluctablement. Cette sorte de transitivité est peut-être universelle : l’esprit partisan gagna les nations qui semèrent la zizanie entre les pays, puis l’esprit partisan gagne le corps politique devenu État, puis les corps intermédiaires, puis les familles, puis les personnes… Selon les temps et les cas, évidemment, l’ordre peut différer, mais la modernité manifeste cette sorte de contagion : la rupture, facteur de violence, entraîne d’autres violences qui déchirent les liens et les affaiblissent, ou y plantent une mauvaise graine, c’est-à-dire de mauvais principes qui poussent à éroder le lien plutôt qu’à le sublimer, à marcher vers le mauvais côté, même si lentement : un jour ou l’autre des conséquences désastreuses se révéleront au grand jour après des lustres de pourrissement caché. Les temps actuels présentent bien un éclatement progressif de tout le pus accumulé depuis longtemps. Les deux derniers siècles sont l’histoire de cet éclatement d’abcès sur un corps sain, puis d’une cure guérissant les symptômes sans jamais s’occuper des causes du mal, donnant ainsi simplement un temps de répit avant le prochain éclatement, chaque crise étant plus aiguë physiquement et plus profonde spirituellement que la précédente, corrompant le cœur et le corps de chaque peuple. Ce mal est multiforme et il faut rompre avec ses principes – dont l’esprit partisan.

L’esprit royal, lui, est un esprit dirigé vers le divin, d’oubli de soi, de non-violence – mais qui est fort et peut utiliser la sainte colère pour défendre, pour corriger, pour châtier comme en famille ou pour se défendre de l’agression, et cela n’est pas contradictoire, car la violence signifiant un viol des principes divins n’a rien à voir avec la force tant physique et matérielle que spirituelle –, de justice, d’équité, de famille, de sublimation, d’union, de pardon, d’intransigeance fraternelle, de remontrance charitable. Non pas un ordre systématique, de la lettre aussi froid que la pierre, de lois et d’administration, mais un esprit agissant dans la réalité, habité par le cœur dans une humanité charnelle et chaleureuse, investi d’une âme charitable et loyale. Il ne faut pas tomber dans le manichéisme néanmoins, et nous sommes tous habités par les deux esprits. L’enjeu est simplement de rester gagner par l’esprit royal, malgré les chutes et les fautes occasionnelles, dont il faut avoir une claire conscience pour les réduire toujours plus et montrer l’exemple d’un progrès dans son sens le plus fondamental et originel.

En finir avec l’esprit partisan est un devoir de tout sujet de Sa Majesté, dans toutes les parties de sa vie, à commencer par les milieux royaux. Pas de guerres de chapelles, pas de luttes fratricides, pas d’usages machiavéliens, pas d’oubli de la charité… Voilà ce qu’il faut viser !

Et lorsqu’on est attaqué, nous direz-vous ? Se défendre, évidemment, mais dans la charité intransigeante de l’esprit royal sûr de lui et sans violence. Chaque cas est particulier et il n’y a pas de règle générale, mais oublier l’esprit partisan est aussi oublier l’esprit manichéen : il n’y a pas d’ennemis dans des personnes, le seul ennemi est l’esprit partisan qui se trouve dans chacun de nous. Celui qui violente, nous violente, ou en violente d’autres, doit être empêché, mais il ne doit pas être violenté ; au mieux il doit être converti, mais là aussi ce n’est pas une action qui vient de nous, mais de là-haut, et l’exemple, la conduite exemplaire, est le meilleur vecteur d’extinction de la violence. C’est pourquoi il est bon d’être fort, car ne pouvoir ni se défendre ni protéger les bons principes est une faute en soi, et être fort permet de mieux communiquer l’esprit royal par un rayonnement puissant et chaleureux. L’esprit royal est au moins aussi contagieux que l’esprit partisan. Nous avons du boulot, mais l’espérance est là, il ne faut pas avoir peur de chuter, puisque chutes et fautes il y aura – ce qui compte, c’est de bien se relever, bien se repentir, bien restaurer, pour asseoir une bonne dynamique, dans une lutte incessante contre l’esprit partisan dans toutes ses manifestations, à commencer en nous-mêmes et les cercles proches à tous les niveaux possible, et à notre niveau en premier.

Extirpons l’esprit partisan et faisons vivre l’esprit royal ! Sans fatigue et sans peur, opiniâtrement comme bon sujet et honnêtes hommes, dans l’intransigeance ferme mais charitable, et la puissance sévère mais tendre.

Pour Dieu, pour le roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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