La repentance, oui, mais pas n’importe comment
Juillet 1984, Pierre Mauroy passe la main. La politique résolument de gauche conduite par les socialistes a plombé la France. Mitterrand doit changer de politique, d’autant que les socialistes ont déjà perdu les élections municipales. Le florentin a alors une idée pour figer la droite, l’empêtrer dans une suite de justifications aussi inutiles qu’imbéciles. Julien Dray est chargé de créer une structure associative, SOS racisme, dont le but avoué est de défendre et promouvoir l’immigration et les Français d’origine immigrée. Dit comme ça, cela paraît honorable, mais en vérité, le but réel est d’instiller un poison dans l’esprit des Français et tout particulièrement de la jeunesse : les Français sont d’odieux racistes. Il faut dire que le FN a fait une percée lors des municipales de 1983, et sur le plan local des alliances entre ce parti et des élus des partis de droite dite de gouvernement commencent à se dessiner. Dès lors, il est facile pour les cadres de cette association de laisser entendre que les partis de droite se valent, qu’ils bafouent les valeurs (?) de la république, etc.
Les bases posées, l’argumentaire va lentement mais sûrement se construire. L’occident, et tout particulièrement la France, est accusé de tous les maux. Et la liste est longue comme un jour sans pain. Figurent en tête, l’esclavage (1) et la colonisation (2). Et là, commence la descente aux enfers, car ces messieurs, appuyés par les partis de gauche qui pour le coup remisent leurs querelles, exigent que collectivement nous nous repentions pour ces fautes qui ont été commises il y a des siècles. Qu’importe si le contexte moral et historique de l’époque n’avait strictement rien à voir avec le nôtre. Le passé est jugé à l’aune des critères d’aujourd’hui. Ce qui est loin d’être la marque d’une grande pertinence. Le bal des simagrées débute alors. Politiques, journalistes, intellectuels, artistes, quasiment comme un seul homme nous servent cette soupe. Et on fait adopter des lois dites mémorielles, qu’importe si elles sont liberticides et gèlent toute controverse historique et imposent une vérité officielle estampillée RF. Qu’importe si la loi qui élève la traite négrière au rang de crime contre l’humanité, Taubira était déjà à l’oeuvre, passe sous silence l’implication des arabes dans ce commerce, car, je cite : “il ne faut pas trop évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes. Les enjeux du présent expliquent ces relectures du passé.” Qu’importe si on met sous le tapis l’implication des juifs dans le commerce du “bois d’ébène” (3). Qu’importe également si les premiers marchands d’esclaves étaient justement les africains des tribus côtières, ces derniers razziant l’intérieur du continent noir afin de fournir la matière première. On crée le 10 mai, hasard, une journée de commémoration de la fin de l’esclavage ou chaque Français, même ceux dont les familles ne virent jamais le moindre esclave, est invité à se rendre afin de communier dans la repentance.
Ce faisant, on dresse les Français les uns contre les autres, ceux qui jouissent de cette auto-flagellation qui confine à la haine de soi, au nihilisme le plus échevelé, à ceux qui entendent garder raison, reconnaître les fautes morales sans pour autant vouloir faire endosser à tout un peuple, des siècles après les faits, une culpabilité qui n’a pas lieu d’être, sans parler même de céder aux exigences de ceux qui entendent que la France demande pardon. Plus vicieux, est l’autre but qui consiste à vouloir dresser les Français contre l’histoire de leur pays, en présentant l’Ancien Régime comme une période abominable, et la république comme un sauveur émancipant l’humanité des tares du passé. Une chape de plomb s’est abattue sur le débat public et les anathèmes pleuvent sur ceux qui osent tenir tête à la doxa officielle. Ils sont publiquement désignés comme étant, au choix, des racistes (4), des fascistes, des réactionnaires. Ceux que l’on ose encore présenter comme étant de droite sont tellement terrifiés qu’ils en sont réduits à glorifier le métissage comme seul avenir de la France : “L’objectif, c’est relever le défi du métissage. (…) Ce n’est pas un choix, c’est une obligation. (…) On ne peut pas faire autrement.” (Nicolas Sarkozy, 12/2008).
En fait, au risque de surprendre, je pense que la France devrait effectivement faire acte de repentance, mais pas de la manière dont les membres du parti de l’étranger entendent que nous nous y livrions. La France (républicaine bien sûr) a commis des fautes graves par le passé, et il serait juste que collectivement nous en prenions conscience. Certes l’aventure coloniale n’est guère moralement défendable, pour autant, je refuse de la considérer comme négative en ce qu’elle a permis à des peuples de connaître la paix, d’instruire leurs enfants, d’échapper à l’emprise de tyrans locaux. Au passage, je me permets de rappeler aux “faiseurs d’opinion” qu’elle a été initiée par cette république soi-disant vertueuse, et appuyée par des libéraux comme Paul Leroy-Beaulieu (6). Mais la république n’a-t-elle pas commis une faute encore plus grave ? Au moment de la décolonisation, par son refus de s’opposer aux pressions américaines, par sa peur d’avoir à affronter les partis de gauche, par son entêtement à choisir de mauvais chefs d’état-major (préférant de médiocres dociles à des brillants difficilement manœuvrables), elle a abandonné les populations dont elle avait la charge aux mains de tyrans. Si par miracle on pouvait poser la question aux Vietnamiens, sans que ces derniers ne risquent quoi que ce soit, nul doute qu’ils aimeraient retrouver l’Indochine d’antan plutôt que de subir le joug communiste. Si les morts pouvaient faire entendre leurs voix, nous entendrions la plainte des dizaines de milliers de harkis assassinés par les libérateurs du FLN, les cris des milliers d’européens massacrés sous les yeux de nos militaires obligés de garder l’arme au pied sur ordre du général qui était alors au pouvoir. Quant à l’Afrique noire, il suffit de voir l’état de délabrement de ces pays tombés aux mains de démocrates en peau de lapin (7) qui confondent le budget de l’Etat avec leur portefeuille, ne survivant que grâce à l’aide internationale pour se persuader que de grandes fautes ont été commises.
Alors oui, je veux bien que nous nous repentions, mais pas n’importe comment. Des centaines de millions d’hommes, de femmes, d’enfants, ont souffert et souffrent parce que la république s’est désintéressée du sort des peuples qui composaient l’empire français. Plutôt que de se donner véritablement les moyens de combattre et d’éliminer des guérillas marxistes, elle n’a cessé d’hésiter entre la fermeté, et la mollesse, elle a abandonné le magistère moral à la gauche française, nécessairement complice des futurs bourreaux de ces peuples. La république a également cédé à la facilité en abandonnant toute idée de convaincre les Français de la nécessité qu’il y avait de combattre, d’être victorieux afin de pouvoir ensuite mettre en place une transition véritablement démocratique, quelle que soit la forme du régime choisie par les populations, et de mettre en place de véritables partenariats économiques et industriels. Si le courage avait prévalu, l’immigration n’aurait pas été aussi massive que celle que nous subissons, et des centaines de milliers de familles n’auraient pas eu à connaître les affres du déracinement.
Mais peut-être a-t-elle agi ainsi à dessein. Après tout, il est plus facile de stipendier un ridicule autocrate local, que l’on pourra défaire s’il se montre trop gourmand, que d’avoir affaire à un gouvernement légitime jouissant du soutien de son peuple. Les grands groupes nationaux, dont l’imbrication avec l’Etat n’est plus à démontrer, ce que l’on appelle le capitalisme de connivence, y trouvent leur compte. En fait, c’est une nouvelle colonisation qui a été mise en oeuvre. Les multinationales peuvent se servir en matières premières, à prix d’ami, sans que les peuples puissent jouir des contreparties dont ils bénéficiaient autrefois : adieu routes, écoles, hôpitaux, etc. Pour ce que j’en vois, les valeurs que la république semble apprécier seraient plutôt du genre sonnantes et trébuchantes.
Pascal Cambon
1 – bien que les pays arabes aient commencé dix siècles avant les européens, et qu’il n’existe aucun descendant d’esclave dans ces pays eu égard au fait qu’ils étaient émasculés, sujets aux mauvais traitements et aux maladies.
2 – même si celle-ci a mis un terme aux incessantes guerres tribales, a réduit notablement la mortalité infantile, allongé l’espérance de vie, créé des infrastructures administratives, scolaires, médicales, routières, etc.
3 – “En fait, dans toutes les colonies américaines, qu’elles soient anglaises, françaises ou hollandaises, les marchands juifs dominaient fréquemment.” Rabbin Marc Lee Raphael.
4 – pauvres Gobineau, Blumenbach, Lapouge, Chamberlain qui, en leur temps, ont théorisé le racisme pour le voir aujourd’hui assimiler au mieux à de la xénophobie. Que celui qui a rencontré un vrai raciste lève la main !
5 – “Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures.” Jules Ferry
6 – Ce dernier marchant sur les traces d’Alexis de Tocqueville.