La nécessité de l’union : inspirons-nous du Japon de l’ère Edo !
Le fonctionnement de la cour nippone et sa relation avec le gouvernement pendant l’ère Edo révèlent le spectacle d’une société centrée sur le roi dans des rapports (autant que faire se peut) harmonieux avec les tenants du pouvoir concret et exécutif. Le maintien de la politique d’autarcie, fondée sur une vision chauvine partagée par tous, est le nœud fondamental permettant de comprendre la fin de l’ère Edo. Nous pouvons constater à quel point l’ensemble des structures résista fortement et longuement grâce à un esprit où l’harmonie et la coopération l’ont emporté le plus souvent sur l’esprit partisan et égoïste.
Là où l’on aurait pu s’attendre à trouver un bakufu (gouvernement du shogun) cherchant, sinon l’usurpation, du moins un attachement obstiné à son hégémonie sur le pays et une cour égoïste, toujours dans l’opposition pour récupérer le pouvoir du bakufu, nous constatons, au contraire, un accord de fond sur les politiques à mener, et un respect réciproque dans un ordre admis, où la cour, même avec un pouvoir exécutif inexistant de facto, reste le pouvoir légitime et supérieur, qui soutient donc le bakufu, son gouvernement délégué par excellence, lequel sert nominalement la cour et y trouve sa légitimité.
Seul l’échec répété du bakufu, qui a appliqué une politique désirée par tous, le conduisit à devoir rendre son mandat à la cour, en réduisant au minimum les guerres internes qui auraient pu tourner à une véritable guerre civile si l’esprit partisan avait gagné partout dans la société — ce qui ne fut pas le cas.
Dans la cour elle-même, le roi — éternellement placé au-dessus des partis et sacré — était encore protégé par une barrière le séparant du monde extérieur : un système de « régence », où cinq grandes maisons assumaient l’essentiel de la gestion des affaires de la cour et des relations extérieures. C’était une sorte de conseil gouvernemental élargi. Là aussi, plus avant dans l’histoire, on aurait pu s’attendre à des tentatives d’usurpation, ou à des velléités royales de reconcentrer le pouvoir effectif en sa personne, sans que pourtant la situation ne l’exigeât. Néanmoins, rien de tout cela ne se profila, comme si l’esprit de famille, l’esprit de maison — entendez un esprit d’harmonie et de coopération — prenait toujours le pas sur l’esprit de division, sur l’esprit partisan, sur l’esprit de sacrilège et de démesure, sur l’esprit égoïste enfin.
Ce tableau laisse songeur et donne à réfléchir sur le spectacle inverse qu’offre l’histoire de France post-révolutionnaire. Que serait-il advenu si Buonaparte, au lieu de se noyer dans son hubris, avait rendu à la France son roi, qui lui aurait sans doute remis un mandat pour diriger la France ? Nous n’aurions pas connu ce pitoyable dix-neuvième siècle, qui vit se succéder usurpation, restauration, nouvelle usurpation, puis usurpation d’usurpation… Le roi aurait pu ainsi restaurer toute la sacralité mise à mal par la Révolution, et racheter les grands péchés révolutionnaires par de nombreuses actions de grâces. De son côté, le petit Caporal aurait pu restaurer l’ordre en France et étendre cette dernière, si jamais cela était réellement souhaitable, mais toujours avec raison et modération, freiné par le bon sens royal et la vision traditionnelle d’expansion du royaume, en évitant la violence et la conscription…
Quoi qu’il en eût été, l’histoire ne se refait pas. En revanche, l’avenir, nous le faisons tous les jours, dans nos actions et par la grâce de Dieu ! Alors, inspirons-nous des temps anciens pour aller de l’avant ! Comme le dit si bien et si simplement notre bon roi Louis XX : « si l’histoire ne se reproduit pas, en revanche, elle peut apporter de bonnes recettes » !
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !