La liberté d’expression est une imposture !
Trop souvent, nous entendons parmi les nôtres des discours erronés qui n’identifient pas les causes ! En effet, la liberté d’expression est une imposture dangereuse. Elle est même l’une des causes de ce qui se passe aujourd’hui !
Relisons les penseurs contre-révolutionnaires, Blanc de Saint-Bonnet en particulier — qui parle de liberté de la presse, ce qui est la même chose. Blanc de Saint-Bonnet rappelle, à la suite des Papes, que la liberté d’expression est une imposture qui ne vise qu’à protéger l’erreur et à la répandre sans réaction. C’est le cas, en particulier, des erreurs contre Dieu, mais aussi contre la loi naturelle en matière politique (la démocratie, par exemple, va contre la nature de de l’homme et de sa société).
« Sans parler des erreurs occultes, trois erreurs politiques constituent le libéralisme : la liberté de la presse, la liberté intrinsèque de conscience, et la liberté politique; ou du moins ce qu’il nomme ainsi.
La liberté de la presse (condamnée par les Encycliques) livre au premier venu l’âme et l’esprit du peuple. Elle l’abandonne aux factions, le rend la proie des faiseurs d’utopies, des envieux, des mécontents et des pervers.
La liberté de conscience (condamnée par les Encycliques) constitue une égale protection en faveur du bien et du mal. Elle aboutit en définitive, par suite de l’état actuel de la nature humaine, à l’oppression du bien par le mal, de la vérité par l’erreur.
La liberté politique, (condamnée par les révolutions successives qui détrônèrent Louis XVI, Charles X, Louis-Philippe, etc.) établit une égalité dangereuse entre l’autorité royale et celle des assemblées. Elle soumet en définitive l’autorité du Roi au pouvoir de la multitude, la livre aux ambitieux, aux envieux, à la Révolution.
(…) À ces trois erreurs politiques, l’histoire et nos traditions françaises opposent trois vérités.
À la liberté politique, qui livre aux foules les droits des souverains, elles opposent la constitution de la province, c’est-à-dire les droits publics et privés, qui sont les droits des individus, des corporations, des ordres, des cités.
À la liberté de conscience elles opposent la condescendance pour les personnes, la tolérance pour l’erreur existante, mais aussi la sauvegarde du bien, et la protection honorablement assurée à la vérité.
À la liberté de la presse, elles opposent d’abord l’enseignement de l’Église, à laquelle seule il a été dit Docete gentes ; ensuite, l’exemple et l’ascendant des classes vertueuses et éclairées sur les classes inférieures, qu’il faut, ainsi que la jeunesse, mettre à l’abri du mal et de ses illusions[1]. »
Pourquoi la liberté d’expression est-elle une imposture aujourd’hui ?
Car toute société humaine ne peut vivre que sur un certain nombre de dogmes, et sur du sacré. Nous sommes des êtres avant tout religieux, qui ont soif de Dieu, puisqu’il est notre Créateur, et qu’Il nous a fait pour L’aimer. Quand nous n’en n’avons pas conscience, nous prenons d’autres objets pour Dieu.
Chez les païens, dont les religions sont naturelles, les dogmes se limitent surtout à des rituels formels et à une obéissance aveugle au Prince, sacralisé à outrance. Hors de cela, rien n’est sacré. La censure, souvent incarnée par des tabous, est d’une extrême sévérité, mais uniquement dans cet espace limité.
Chez les chrétiens, le dogme révélé clarifie la Vérité du Dieu Créateur, et met clairement le sacré où il doit être, et dans sa source, c’est-à-dire Notre Seigneur Jésus-Christ. Les tabous font place au blasphème, réprimé pour le calme de la société et l’honneur de Dieu. La société catholique exerce une censure saine qui interdit l’attaque des Vérités révélées (et donc objectives), résumées dans le Credo : ce n’est pas aux clercs, ni aux politiciens de décider ce qui est vrai ou pas. La censure est donc ici objective et saine, car dépendante d’une référence extérieure : Dieu Lui-même ! Sachant cela, et connaissant la faiblesse humaine — l’homme n’étant qu’un pêcheur —, le système de censure devient d’une grande miséricorde et d’une grande douceur, mais sans mollesse pour autant — c’est quand il y eut mollesse que le protestantisme et la modernité triomphèrent — et cela même pour le blasphème, qu’il faut punir relativement faiblement, mais sans le laisser nuire à la Chrétienté non plus (c’est toute la différence entre l’Église et les sectes mahométanes, qui placent le sacré dans des objets comme le Coran ou dans des idoles comme Mahomet, dont l’atteinte appelle la haine et la mort…).
Chez les apostats, le sacré devient l’homme dans son entièreté et dans sa subjectivité. Ainsi, tout peut devenir ou devient sacré, tout, sauf la Vérité ! La loi naturelle est totalement inversée ! Ainsi, d’immondes vices et pêchés sont désormais considérés comme des droits sacrés : avortements, pédérastie, euthanasie, et nous en passons ! Le tabou touche aujourd’hui tout qui n’est pas décrété « pravda » !
Alors, pour contrer ce terrorisme intellectuel latent, ne parlons pas de liberté d’expression. Rappelons, au contraire, que la liberté d’expression nous a conduit là où nous sommes ! C’est le sacré et la vérité qu’il faut défendre et remettre à leur place, c’est-à-dire dans le Dieu trinitaire incarné en Jésus-Christ.
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !
[1] Antoine BLANC de SAINT-BONNET, La Légitimité, Casterman, Tournai, 1873, p. 234-236.