La fin des départements ?
La proposition est de Jean-François Copé, officiellement tête de l’opposition à la majorité socialiste en qualité de président de l’UMP. La suppression des départements, une décision pour le bien commun ?
Ce découpage méthodique de notre territoire est un héritage de la révolution. Soucieux de briser le tissu français dans toutes ses dimensions, les petits alchimistes de la république ont rayé de la carte les vieilles provinces. Aux oubliettes Anjou, Bretagne, Bourbonnais, Gascogne et autres Dauphiné et Trois-Évêchés. Place à des découpages artificiels décrétés à Paris en parfaite ignorance des réalités territoriales.
Non, la France n’est pas un puzzle à 100 pièces similaires. Les provinces d’ancienne France se sont constituées dans la durée, non crées d’un trait de plume jacobine. Elles ont vécu des siècles et ont évolué au gré des soubresauts de l’histoire. Leur identité est le reflet réel du pays et les coutumes populaires, religieuses, militaires sont les fiertés de ces provinces. Oui, elles avaient des privilèges, mais des privilèges issus de la glorieuse histoire. Et le Roi respectait ces provinces, qui étaient libres et chrétiennes. Voilà ce qu’était l’ancienne France, forgée au fer du temps et de l’histoire d’hommes chrétiens et européens.
La marche vers l’homme nouveau s’accompagne d’un nivellement total de la nation. C’est pourquoi les départements, nommés en raison des cours d’eau ou du relief local avaient pour vocation de détruire le tissu local. Les langues régionales et toutes les vénérables coutumes françaises n’existent plus qu’à l’état de reliquat ou sont prostituées au tourisme de masse. Elles ne font plus sens, et le département a été l’une des armes de l’aplanissement idéologique de la France lors de la révolution. L’une des plus fidèles filles de cette dernière, la Troisième république, s’est chargée d’expulser Dieu et d’interdire les langues régionales.
Le résultat est saisissant: il a fallu attendre les années 1960 pour entamer la décentralisation. Les équilibres entre Paris et la province ont été désarçonnés pour museler la France profonde. Aujourd’hui, le Mammouth de la rue de Grenelle tente de réintroduire les langues régionales mais le mal est fait.
On parle d’agrandir les régions créées il y a quelques décennies: Bretagne, Provence Alpes Côte d’Azur, Alsace… Lorsque le travail de sape était fait, on a pu remettre en ordre certaines composantes naturelles qui avaient-par miracles ?- supporté deux siècles d’oppression. Tentative de donner de la puissance à des super-régions européennes au détriment des nations ou enjeu budgétaire pur ?
Le découpage territorial est un enjeu qui prend la population “aux tripes”. Les eurodéputés français avaient dû batailler ferme à Strasbourg pour permettre aux français de pouvoir conserver la mention du département sur les plaques minéralogiques, et ainsi prolonger la possibilité d’insulter l’automobiliste en fonction de son département d’origine. Ainsi les français sont attachés au département, en particulier en milieu rural. C’est l’une des dernières ancres partagées avec les aïeux, et la suppression engendrerait un nouveau déracinement.
Julien Ferréol