Politique

L’abstention vainqueur dimanche ?

De l’autre côté de l’ex-rideau de fer, Vladimir Poutine agit et décrète le rattachement de la Crimée à la Russie. Durant ce temps, la France vibre au rythme des querelles d’ego municipaux.
 
Les municipales sont l’occasion de mettre en valeur les dizaines de milliers de communes rurales, laborieuses et anonymes. A 63 exceptions près, les villages ont tous trouvé en leur sein des bonnes volontés pour mettre en oeuvre la politique de la commune, expédier les affaires courantes, tenter de sauver la vie de la place de l’église, marier les autochtones, se battre pour obtenir une subvention nécessaire à une infrastructure, réconcilier deux voisins belliqueux pour des raisons qu’ils ont eux-mêmes oublié, etc.
 
Dans les grandes villes, si le salaire reste très en-deçà de ce que peuvent percevoir les cadres supérieurs qui se présentent, le fauteuil est envié par les petits hobereaux de la politique républicaine. Les médias ne parlent que des personnes, et pour cause: les campagnes, en substance, ne sont que d’éternels bras de fer entre deux personnes égales de compétence (ou d’incompétence ?).
 
Le maire français, outre son statut social et son prestige, dispose encore de nombreuses prérogatives. Mais comment choisir entre les différents candidats, quand on doit jouer avec des dizaines de paramètres: les mensonges prévisibles, la proportion de rancoeur personnelle, le noyautage des partis politiques qui font leur petite sauce en douce, servie sur les marchés par des militants débordant de fanatisme et/ou de naïveté. Que nous sommes loin des intérêts des administrés, qui sont dans le cadre de vie ou la feuille d’impôts, les places en crèche et la sécurité dans les rues !
 
Pourtant ces derniers jours, avec le pic de pollution, la sphère des décisions politiques a interféré avec la vie des parisiens. Résultat: 18 millions d’euros de coût pour la gratuité des transports, qui ne seront pas compensés par les amendes pour irrespect de la circulation alternée, manière de signifier à la face de la France que le gouvernement prend d’ingénieuses décisions.
Résultat: une ardoise de plus sur le dos des contribuables, et une administration obligée d’avouer que la mise en oeuvre de la gratuité des transports s’est faite hors de tout cadre juridique. Finalement, on préfère quand les politiciens se chamaillent pour des futilités qui ne nous concernent pas…
 
Les français n’ont que faire d’une vague bleue, rose, bleue marine ou vert aiguemarine. Le blanc devrait revenir à la mode, et l’assistance à la Messe pourrait bien se substituer au passage par le bureau de vote pour le seul vainqueur de ces municipales: la lassitude.
Julien Ferréol

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