Enseignement confucianiste
« Afin de bien gouverner le monde sous le ciel, il faut d’abord soi-même agir justement, il faut ensuite bien ordonner son foyer, et ensuite bien gérer son pays, et, enfin, il est possible de bien gouverner son royaume. » Cette maxime de Confucius se trouve aux fondements de la pensée politique confucéenne, connue par tous les politiques asiates à travers les temps, bien que parfois oubliée pour le pire. Elle correspond tout à fait à une vérité universelle, et c’est ce que suivirent en pratique les rois capétiens en particulier.
L’ordre confucéen ne parle que de la justice bien réglée et non pas de la charité, spécialité chrétienne, ni de la conversion, particularité de la religion vraie. Pour avoir notre version christianisée de ce principe universel, il suffirait de compléter cette maxime naturelle en remplaçant la justice par la charité et l’ordre par la conversion. Ce fut toute la force de la royauté Très Chrétienne d’allier une justice bien ordonnée à une charité bien ordonnée, là où même les meilleures civilisations de l’histoire ne parvenaient qu’à appliquer une justice certes saine, mais souvent dure, car sans aucune médiation de charité – impossible au sens véritable du mot sans l’amour du Christ (à ne pas confondre avec la solidarité totalitaire, qui existait aussi sous d’autres empires que le mondialisme).
Aujourd’hui nous n’avons ni charité, exclue depuis longtemps de la sphère publique, ni de justice. Mieux valait encore le gant de fer païen, juste, que l’apostasie anti-chrétienne, injuste et cruelle. Il n’est donc pas inutile de revenir à cette maxime confucéenne, qui est, comme le prérequis naturel et fondamental, le socle naturel sur lequel peut se fonder une cité saine – qui pourra ensuite, si Dieu le veut, devenir sainte.
Du bon sens, au fond : commencer par le proche avant le lointain, tout simplement. Savoir que celui qui gouverne – et nous possédons tous une parcelle de gouvernement, aussi infime soit elle, quelque part, à commencer dans nos familles, et même parmi les enfants (l’aîné sur les cadets, par exemple) – doit commencer par donner l’exemple. Agir justement, déjà, est un minimum. Agir justement n’est pas encore agir vertueusement, ni agir avec charité, mais c’est déjà agir de façon ordonnée et n’allant pas contre l’ordre naturel : à notre époque qui fait tout contre la loi naturelle, le rappel de l’agir juste est déjà une gageure. Nous, catholiques, devons nous sanctifier, cela va sans dire, or la sanctification suppose l’agir juste et seul cet agir juste, dans un milieu apostat, pourra être un ferment, un socle pour la conversion, pour la restauration. La charité sans la justice n’existe pas : le croire, c’est la superstition fallacieuse qu’ont admise à mi-voix les clercs depuis le dernier concile.
Il s’agit ensuite de bien ordonner son foyer, sa Maison, de la faire prospérer et grandir, d’en faire une « mini-cité » qui sert le bien commun à son niveau et qui, grande et prospère, irradie son entourage. Bien faite, bien tenue, en quelques générations, la lignée devient nombreuse et mécaniquement puissante.
La Providence donne ensuite à ces bonnes maisons le gouvernement de « pays », au sens originel de petites aires géographiques cohérentes et charnelles, comme un comté, un duché, une principauté, tout est possible. Le domaine royal pour le Roi, par exemple. Et le royaume ensuite.
Cet ordre n’est pas figé, ni progressif ; tout doit se faire en parallèle et en même temps, mais il faut cesser de croire que la restauration se fera simplement par le haut. Seule une restauration par le bas et les conversions « communautaires » (familles, villages, etc.) seront le socle d’une restauration de l’ordre que la nature réclame. Chaque petite victoire locale, à notre niveau, est déjà un grand pas pour notre salut et celui de tous.
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France