Dieudonné et la liberté d’expression
Depuis le couronnement des droits de l’homme, la liberté d’expression est l’un des piliers dogmatiques de la société. La liberté d’expression consiste en la faculté pour chacun d’exprimer publiquement ses opinions.
Il va sans dire que cette liberté d’expression est l’apanage des journalistes autorisés, financés par d’honorables institutions entendant inoculer les idées contemporaines.
Mais tout le monde n’a pas la chance d’être une chaîne d’information en continu, un journal gratuit ou un autre vecteur d’information influant. Et lorsque les bornes du politiquement correct sont franchies, alors vient la place d’un grand débat. Pour certains, on peut être en désaccord avec une idée et être prêt à mourir pour que le colporteur de ladite idée ait le droit d’en parler et de présenter ses arguments dans un débat équitable et honnête. Pour d’autres, qui semblent faire la majorité, la liberté d’expression s’arrête là ou commence la dignité des autres.
Autrement dit, la liberté d’expression ne doit pas franchir le Rubicon. La liberté d’expression absolue est de toute façon un mythe qui n’a jamais fonctionné sur la durée ; son inverse, la censure de toute opinion contraire à la vérité devant laquelle le pouvoir public pose le genou, est-elle pertinente ?
Bien sûr, la diffamation ou l’injure publique sont des délits punis par la loi et les plaintes sont nombreuses. Certains sujets semblent aussi atteindre une sensibilité critique. L’antisémitisme en est un exemple culminant. Le génocide durant la guerre incitent les observateurs à exercer une puissante levée de bouclier lors de tout dérapage à l’encontre du peuple juif. La peur du renouvellement d’atrocités interdit le rire. Ce n’est pas le cas pour tous les peuples du monde : le peuple vendéen n’a pas droit à ces prérogatives mémorielles et que dire des masses d’enfants avortés…
Dieudonné M’Bala M’Bala est un humoriste dans le collimateur du système. Son humour sarcastique et moqueur à l’égard du peuple juif a attisé la colère de hauts responsables, jusqu’au niveau du président de la république. Il est alors question d’interdire ses spectacles, et un site internet recensant les identités et coordonnées de membres du public de Dieudonné est accessible en ligne. Son geste de résistance au système, la « quenelle », est repris par des personnalités très diversifiées, de Jean-Marie Le Pen à Nicolas Anelka, en passant par une bonne poignée de soldats, de pompiers et d’autres petites gens de la société civile. Elle s’invite même dans les milieux catholiques. Les multiples interprétations possibles de ce geste, qui peuvent aller jusqu’au salut nazi inversé rendent difficile l’analyse de ce qui est en passe de devenir le nouveau gadget de la panoplie du parfait résistant, entre le pull La Manif Pour Tous, le bonnet rouge et le saucisson sec.
Julien Ferréol