Politique

Cette mixité qu’on ne veut surtout pas nommer

Tout d’abord, avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à planter le décor afin de couper l’herbe sous le pied aux habituelles objections. Si je suis royaliste, je n’en suis pas pour autant un fils de bourgeois privilégié, comme beaucoup d’entre nous, en dépit du cliché propagé par certains. Mes parents ont commencé leur vie professionnelle, dans les années cinquante, comme serveurs dans des brasseries parisiennes. Puis à force de travail et d’économie, ils ont tenu des gérances avant d’acheter leur premier fonds de commerce dans les Halles. Ils travaillaient sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Comme ils aimaient à le dire en manière de plaisanterie, ils travaillaient à mi-temps. Les premières et courtes vacances prises par la famille, eurent lieu l’année de mes douze ans. Mon parcours scolaire s’est fait pour moitié dans le public, puis dans le privé, ce qui les a obligés à consentir à certains sacrifices. Passé le bac, ils ont tenu à ce que je travaille afin de payer mes études. Aujourd’hui je les en remercie. Cela m’a appris très tôt la valeur du travail, à ne pas attendre quoi que ce soit des autres et encore moins de M. État. Aujourd’hui, je ne suis certes pas à la rue, je mange à ma faim, mes enfants n’ont pas eu à se plaindre d’un quelconque manque, mais j’ai travaillé et travaille dur pour cela. Les semaines de 35 heures, je ne sais pas ce que c’est, je vois passer les RTT des autres sans pouvoir poser les miens. Pour autant, je ne me plains pas, je ne défile pas la préservation de je ne sais quels droits acquis. Je me contente de faire ce que je dois faire, en tenant la place qui est mienne.

Ceci posé, venons-en maintenant à ce sujet qui agite les esprits depuis quelques jours. Cette fameuse mixité sociale qui, selon certains, serait l’alpha et l’oméga d’une société apaisée, réconciliée, vivable et saine. Très clairement, elle a existé jusqu’à un passé pas aussi lointain que cela. J’ai grandi dans le Paris des années 60/70 jusqu’au début des années 80. A l’époque, le quartier des Halles n’était pas ce cloaque où cohabitent bobos parisiens et racailles de passage à la recherche de clients, de pigeons à dépouiller, ou qui se rendent à ce désastreux forum pour y dépenser de l’argent facilement (et souvent malhonnêtement) gagné dans des boutiques de marques en vogue. Puis, nous avons migré dans le neuvième arrondissement, à proximité du célèbre Golf Drouot. À l’époque, un smicard pouvait trouver à se loger, même dans ce neuvième arrondissement, aujourd’hui considéré comme bourgeois. Il y avait tout un petit peuple de coiffeuses employées dans des petits salons de quartier, de vendeurs en papeterie, de mécanos, d’employés aux écritures, etc. qui habitaient la capitale, et pas que dans les arrondissements dits populaires. Les rues étaient pleines de ces petits commerces de proximité tant vantés aujourd’hui par ceux qui ont contribué à leur disparition. Les quartiers étaient des villages, les gens se connaissaient, se parlaient. Il n’y avait pas besoin de ces fêtes de voisins artificielles, créées par l’État-nounou, pour que spontanément les gens se regroupent au bistrot ou ailleurs pour fêter n’importe quel événement du quotidien : naissance, promotion, etc. La mixité sociale existait naturellement. Le bijoutier côtoyait la vendeuse sans la regarder de haut, le mécano taillait la bavette avec le commissaire-priseur, etc.

Oui, mais tout ça, c’était avant. Avant que la technocratie se mêle de vouloir s’occuper de tous les aspects de notre vie. Avant que la politicaillerie républicaine ne se mette en tête de laisser entrer bon an, mal an, 200.000 immigrés africains ou nord-africains, sans même parler de tous les illégaux, ce qui double pratiquement le chiffre des entrants annuels. Avant qu’une imbécile politique de naturalisation à tout crin ne vienne accorder la citoyenneté comme on distribue des bonbons dans une cour de récréation. Avant que les maires, de droite comme de gauche, sur ce plan ils se valent presque tous, ne s’avisent qu’il serait bon de virer toute cette basse populace laborieuse des grandes villes afin de pouvoir y installer banques, assurances, et remplacer les immeubles où tout ce monde logeait par des bâtiments destinés à accueillir une clientèle de choix. Le quartier Drouot illustre bien cette mutation. Lorsque j’étais gamin, on y trouvait des disquaires, des épiciers, des petits restaurants de quartier, des “marchands de couleur”, des salons de coiffure, un garage, etc. Bref, tout ce qui faisait la vie d’un quartier populaire, donnait du travail aux gens du commun, et leur permettait de se rencontrer au quotidien, de tisser des liens. Après des années de politique d’exclusion des classes populaires vers les banlieues, qu’y trouve-t’on ? Des marchands de tableaux, des antiquaires, des numismates, des philatélistes. Là où il y avait des appartements on trouve maintenant des bureaux, et le peu de logements qui ont été préservés ont été achetés par des compagnies d’assurance et sont loués à des tarifs hors de portée d’un cadre moyen. Ce quartier qui autrefois était on ne peut plus vivant, ressemble à partir de dix-huit heures au centre-ville d’Aurillac dans les années soixante. Autant vous dire qu’on s’y ennuie sérieusement.

Et maintenant, parce que quelques individus se sont mis en tête de décimer du gaulois, voilà qu’on nous ressort cette vieille scie républicaine de la mixité sociale. Sauf que là, soyons clairs, il ne s’agit plus de mixité sociale mais bel et bien de mixité ethnique. Ce qui vous me l’accorderez n’est pas du tout la même chose. Et encore, là aussi on peut avancer, sans se tromper, que c’était mieux avant. Jusqu’à ce que deux gouvernants de rencontre, portés à de hautes fonctions par la grâce du suffrage universel et pas mal de menteries qui n’ont engagé que ceux qui y ont cru, décident d’adopter des mesures dites de regroupement familial (définition politiquement correcte de l’immigration de masse), la mixité ethnique existait et se déclinait sur le mode paisible. Dans notre rue, habitaient des harkis qui travaillaient pour la ville de Paris, dans des commerces divers, on trouvait également des ressortissants de divers pays d’Afrique noire. Ils n’étaient pas snobés par les habitants du quartier, tout ce petit monde se retrouvant généralement à la fin de la journée devant le zinc pour partager quelques verres et discussions. Cela fonctionnait naturellement, sans que quelque obscur énarque n’ait décidé la mise en œuvre d’un plan pluriannuel, maturé après de trop nombreuses réunions de “brain-storming”, comme on dit en français technocratique. Ça fonctionnait parce que ces hommes et ces femmes, étrangers ou d’origine étrangère, avaient grandi dans leurs pays à une époque où la France, encore présente, y faisait l’école, familiarisant ces populations aux codes sociaux et culturels de la métropole. Lorsque les politiciens se sont mis à laisser entrer n’importe qui, n’importe comment, en abandonnant l’idée d’exiger d’eux qu’ils maîtrisent notre langue, qu’ils respectent nos coutumes et traditions, sans parler de nos lois, cela a sonné le glas de cette période.

La république, s’alarmant enfin du feu qui couve dans les banlieues, entend s’attaquer à ce qu’elle dénonce comme un « apartheid » social, sans bien mesurer l’imbécillité de son propos, oubliant aussi qu’elle est à l’origine du problème. Elle a oublié le cri d’alarme qui avait pourtant été lancé par le Parti Communiste au tout début des années quatre-vingt, ce dernier dénonçant l’immigration de masse qui mettait en péril le mode de vie populaire des banlieues. Aujourd’hui, elle dénonce la ghettoïsation en en faisant porter la responsabilité à ces méchants Français de souche qui refusent de vivre aux côtés d’individus qui ont importé leurs mœurs et traditions, créant ce qui peut s’apparenter à de véritables enclaves extraterritoriales sur notre sol. Ce phénomène a été observé, il y a bien longtemps, par les sociologues des pays anglo-saxons qui lui ont donné le nom de « white flight ». Il recouvre une réalité simple. Tous les natifs « de souche » qui le peuvent fuient les quartiers où les minorités tendent à devenir majoritaires. À cela plusieurs raisons. D’une part, il y a le sentiment de se sentir étranger dans son propre pays, ville, quartier. Ensuite, la baisse de la qualité de l’instruction délivrée dans les écoles. Le niveau des enfants des nouveaux arrivants étant généralement bas, pour ne pas dire abyssal, on assiste à un véritable nivellement par le bas, destiné à ne pas trop frustrer ces populations. Enfin, en dépit des affirmations des zélés zélateurs de la pensée unique, là où on remarque une forte concentration de quelque minorité que ce soit, on assiste dans le même temps à la montée en puissance d’une économie souterraine fondée sur les trafics et autres activités délictueuses.

Comment en vouloir à des gens qui travaillent, paient leurs impôts, respectent les lois, d’espérer vivre dans un cadre de vie agréable, où leurs enfants pourront recevoir une bonne éducation et sortir sans craindre une agression ? N’est-ce pas ce que désire n’importe quel être humain normalement constitué ? Et bien, pour certains, c’est la marque d’un racisme certain. Certes, tous les étrangers ou Français d’origine étrangère ne sont pas, loin s’en faut, des mafieux, des asociaux qui n’ont comme seule solution pour régler un différend que le recours à la violence. Mais, pour l’avoir à de trop nombreuses reprises observé, ils se taisent, par peur mais également par solidarité ethnique et/ou religieuse. Pourtant, ces populations sont loin d’être les défavorisées que le discours officiel dépeint. Via la politique de la ville, instituée il y a des décennies, et dont on attend encore le moindre résultat tangible, des milliards ont été déversés dans ces banlieues. Quelle ville nantie de quartiers sensibles ne dispose pas de sa MJC, d’une ou plusieurs médiathèques où des ordinateurs connectés à l’internet sont gracieusement mis à disposition, de gymnases, de city stades, de salles communautaires, etc. L’offre culturelle n’est pas en reste, on y trouve également théâtres et cinémas, qui suite à une convention signée avec la mairie proposent des tarifs réduits pour les habitants de ces quartiers. Les conseils généraux et régionaux proposent des cartes jeunes qui offrent de nombreux avantages dont des tarifs réduits, voire la gratuité pour l’accès aux transports en commun, matches, concerts, etc. En marge de tout cela, il y a des départements entiers, sinistrés par le chômage, qui sont oubliés par cette politique de la ville. Cela tient au fait que ce sont des départements ruraux, dont la population est essentiellement composée de ces Français de souche honnis tant par la gauche que par cette soi-disant droite républicaine.

Il faut être clair. Les républicains, réputés être farouchement hostiles au communautarisme, n’ont que le mot « communauté » à la bouche. Tel fera part de son soutien « à la communauté juive » suite aux tragiques événements qu’elle vient de connaître. Tel autre, va s’adresser « à la communauté » musulmane pour l’assurer de sa vigilance quant aux stigmatisations dont elle pourrait pâtir. D’autres encore s’intéressent à « la communauté LGBT », à « la communauté des gens du voyage », etc. à croire que ce ne sont pas des gouvernants mais des syndics de copropriété s’adressant à la population comme à autant de possesseurs de millièmes de notre territoire. Si séparation il y a, elle est avant tout de leur fait. Tous partis confondus, ils ont joué aux apprentis-sorciers et maintenant ils tentent de nous rendre collectivement responsables des conséquences de leurs décisions, ou plutôt absence de décisions. Il est inacceptable qu’ils pointent du doigt des familles qui ne désirent qu’une chose : vivre paisiblement en assurant au mieux l’avenir de leurs enfants. En refusant de mettre un terme à l’immigration de masse, en refusant d’exiger des migrants le minimum syndical (savoir parler correctement le français, se conformer à nos codes sociaux et culturels), ils ont créé les conditions sociales dans lesquelles nos compatriotes sont confrontés aujourd’hui. Et pour ma part, j’ose affirmer que la déchristianisation de la société française voulue par la république, et qui connaît un vif regain de vivacité sous l’actuel gouvernement, est également responsable du marasme social et moral que nous connaissons. Lorsqu’on ôte à un groupe humain sa colonne vertébrale morale, qu’on lui enfonce dans le crâne qu’il n’y a aucune transcendance, comment s’étonner ensuite qu’il se livre aux joies frelatées du relativisme, du narcissisme, du matérialisme consumériste ? Comment une telle société, pour qui la Vérité n’existe pas mais qui reconnaît la possibilité de plusieurs vérités, qui a perdu le sens du sacré, pourrait-elle fédérer de nouveaux arrivants à son projet ? On accepte volontiers de faire siennes les vertus, coutumes et traditions d’un peuple, à la seule condition toutefois, que ce peuple y croie encore. Or, entre haine de soi, repentance, et à-plat-ventrisme, la république montre le visage d’une société décadente qui n’en finit plus de mourir, créant de fait les conditions propices pour que les nouveaux arrivants n’aient qu’une envie, celle de se détourner d’une société inepte et recréer sur notre sol un morceau de leur ancienne patrie. Si « apartheid » il y a, il est le résultat d’un constat partagé par les Français de souche, les nouveaux arrivants et les Français d’origine étrangère. Et tous peuvent dire merci à cette république qui par idéologie s’est détournée d’eux.

Pierre Guillemot

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.