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L’incarnation royale, par Paul-Raymond du Lac

L’homme est un animal politique fait pour vivre en société et composé d’une âme et d’un corps.  C’est ce qu’enseigne la philosophie et la théologie classique. Ces assertions sont d’ailleurs si vraies qu’il est facile de les vérifier pour tous ceux qui ont un peu de bonne volonté, puisqu’elles correspondent à notre réalité quotidienne. Toute bonne politique doit se fonder sur cette réalité anthropologique qui correspond donc à notre réalité en tant qu’homme.

Ainsi, la saine politique part du principe que les hommes vivent en société, c’est à dire qu’ils vivent dans un groupe hiérarchisé et ordonné, avec une tête. Cette tête dirige et prend les décisions pour le bien commun en exerçant la vertu de prudence.  La tête de l’humanité fut Adam, pour le pire et le meilleur, puisque sa faute retomba sur toute l’humanité et continue encore jusqu’à nous.

Toute famille a aussi forcément une tête, c’est le père de famille. Toute société politique a forcément une tête, que ce soit un roi, un président, un chancelier, un premier ministre, et cetera. Il est à remarquer que même dans les sociétés les plus révolutionnaires qui soient, la tête existe, même si elle est niée en théorie : il se trouve que tout régime a un visage, qu’elle est toujours incarnée même si cette personne est la plus illégitime qui soit. Même dans un pays communiste, ce sera par exemple le secrétaire général du parti qui sera le tyran réel en pratique connu de tous, avec son culte de la personnalité. Dans un comité du salut public pendant la terreur, c’était en pratique Robespierre qui l’incarnait, lui donnait le visage et impulsait toutes les décisions importantes.

Bref, même quand une société devient contre nature, elle ne peut s’empêcher de céder quelque peu à l’ordre naturel, car sinon elle ne pourrait plus du tout exister. Nous sommes donc faits pour vivre en société hiérarchisée, ordonnée, avec un chef incarné en une personne bien identifiée. Simplement, l’homme a une âme composée d’intelligence et de volonté. Il possède de plus le libre arbitre qui lui permet de choisir ce que la raison lui indique et qui lui permet de décider d’aimer ou de haïr ce qu’il doit aimer ou ce qu’il doit faire. Ces facultés peuvent malheureusement être mal utilisées et donc l’homme peut décider, même si c’est absurde, même si cela va contre son intérêt, même si cela va le détruire, l’homme, disons-nous, peut aller contre sa nature s’il le décide. Cette position de l’homme rebelle jusqu’à sa destruction correspond parfaitement à la Révolution française et à toutes les pensées révolutionnaires, quelles qu’elles soient. La révolution est toujours démocratique, c’est-à-dire qu’elle nie l’autorité. C’est logique puisque niant Dieu, elle doit nier son autorité et donc elle nie aussi toutes les autorités naturelles qui ont été instituées par Dieu d’une part et qui reflètent, qui manifeste l’autorité de Dieu d‘autre part. Tout autorité sur cette terre, en effet, participe de l’autorité de Dieu au ciel, et donc, pour un révolutionnaire diabolique, tout autorité naturelle doit être niée de fond en comble et supprimé autant que faire se peut : le roi, le père de famille, etc.

Ainsi, la meilleure façon de combattre cette idée révolutionnaire est de pratiquer l’incarnation en politique. Nous reconnaissons ainsi l’autorité de Dieu et nous reconnaissons aussi l’autorité de ses élus sur terre. Dans le cas de la France, nous avons une chance insigne d’avoir des lois fondamentales coutumières qui désignent le successeur au trône de France de façon automatique et sans jamais l’intervention de l’homme. Les lois fondamentales donnent à la France son roi, sans aucune décision humaine, et ainsi confie tout en Dieu pour ce qui est de son chef politique. Les lois fondamentales définissent clairement le roi de France aujourd’hui, en 2024: c’est Louis de Bourdon, chef de la Maison de Bourbon, héritier des rois de France, aîné des Capétiens, dont la titulature est ainsi Louis XX. Il ne s’agit pas de savoir si nous aimons ou non sa personne – elle est, grâce à Dieu, aimable, et surtout doctrinalement très droit – mais bien de l’accepter. Jeanne d’Arc n’a pas attendu de rencontrer Charles VII pour accomplir sa mission : elle est allé cherché le roi de Bourges car il était le roi, malgré sa faiblesse et les critiques qu’on lui portait. Faisons de même !

Tout commence par là. Le royalisme n’est pas une sorte d’intellectualisme qui se complairait dans des théories compliquées de droit ou de politiques, sans chercher la réalité et l’action concrète dans notre quotidien. La restauration nécessite bien d’avoir à l’esprit certains points, principes de politique et de philosophie, car c’est eux qui commandent une saine action, mais elle est avant tout dirigée vers cette action, qui, par nécessité, doit être fondée sur les bons principes. Mais le légitimisme n’est pas la contemplation des nuées, elle n’est pas une idéologie, elle n’est pas une abstraction, elle n’est pas une théorie, elle n’est pas désincarnée, elle n’est pas théorique : elle avant tout politique et pratique, dans l’exercice incarnée de la prudence et dans l’accomplissement des devoirs personnels qui incombent aux sujets et au Roi.

Tout cela découle des principes et toute personne de bonne foi et de bonne volonté qui commence à découvrir la politique traditionnelle et les principes de la légitimité en France, ainsi que la politique catholique, ne peut que parvenir à la conclusion que l’incarnation royale est une nécessité et ne peut ainsi que conclure, dans le contexte français des lois fondamentales, que le roi est Louis XX. Il n’est pas question de savoir si on l’aime ou si on ne l’aime pas, si on aimerait quelqu’un d’autre ou ce qu’on voudrait. Non. La politique légitimiste va contre les fantaisies personnelles et les lubies des faux prophètes et des lendemains qui chantent. Peu importe nos envies, peu importe ce que nous voulons, peu importe ce que nous désirions, peu importe ce que nous aimerions, nous reconnaissons la réalité politique de la France telle qu’elle est. Et il est un fait que le roi de France, voulu par Dieu de par les lois fondamentales coutumières, et à la lumière de la mission providentielle qui passe par nos rois avant tout, est Louis XX. Il est encore un fait que la révolution qui dure depuis près de 200 ans, l’a exclue du trône, ce qui crée un désordre monstrueux dans la Constitution de notre pays et qui est à l’origine de nombreux de nos maux, pour ne pas dire de tous nos maux politiques. La nature n’aime pas le désordre. L’ordre en France est d’avoir son roi légitime sur le trône : tant qu’il ne l’est pas les souffrances et les maux augmenteront, jusqu’à la destructions si les français s’entêtent dans leur folie.

C’est pourquoi toute personne de bonne foi ne peut que souhaiter agir pour la restauration royale traditionnelle en France, qui consiste à restaurer le roi de France sur son trône et dans son sacre, afin de restaurer les bons principes de politique au centre de la société: C’est le moyen nécessaire, même s’il n’est pas suffisant pour commencer à travailler dans le bon sens, à protéger le bien commun et à éviter peut être le pire si cela est encore possible.

Cette restauration commence ainsi par la reconnaissance du fait que le roi est le roi. Et que nous sommes ses sujets. Il ne s’agit ni de goût, ni de couleurs, ni de fantaisie, ni d’orgueil. Le roi pourrait être laid, mauvais, pas comme on le voudrait avec des défauts ou autre, cela ne changera rien à cette réalité. Il se trouve que nous avons de la chance. Notre roi est beau, il a la tête et la stature d’un roi, participe à la vie politique (au sens noble du terme), écrit de bons discours, a de bons conseillers et à les bons principes de politique, et en plus, il a conscience de sa mission et de sa longue tradition familiale, malgré une histoire personnelle tragique qui rendaitt moins qu’évident le fait d’assumer ses missions.

Nous sommes ainsi ces sujets, qu’on le veuille ou non. La seule question consiste à savoir si nous en avons conscience et si nous agissons en tant que tels, si nous accomplissons les devoirs qui incombent au sujet que nous sommes. C’est là où l’incarnation royale devient tout à fait importante. Nous ne servons pas une idée. Nous ne servons pas une nostalgie, nous ne servons pas une fantaisie, nous ne servons pas un idéal (au sens de quelque chose d’irréel). Non, nous servons notre roi Louis XX, qui est bien identifiable, qui a un corps et une âme comme nous, qui est le lieutenant de Dieu sur terre, qui a été élu par Dieu via les lois fondamentales.

Car le début de la politique restaurée commence par l’accomplissement des devoirs réciproques qu’impose la justice ordonnée dans le plan de Dieu. Le fondement de cette justice est en particulier la piété filiale du fils au père, qui se décline dans la société politique par la fidélité du sujet au roi. Cette fidélité doit être nourrie par l’intelligence de la réalité politique, donc, par la reconnaissance du roi en tant que roi et la volonté de le servir pour le bien commun et par amour pour lui. C’est ce lien personnel et incarné qui est le meilleur antidote contre toutes les pensées révolutionnaires et contre toutes les tentations de l’orgueil démesuré qui habitent au plus profond de nous et qui toujours sont prêtes à réémerger.

C’est pourquoi nous lui disons avec force et clarté: si un pseudo royaliste venait vous dire qu’il sert un roi mais qu’il n’est pas capable de dire qui est le roi, c’est qu’il ne sert en fait personne ou lui même, ou pire peut-être une autre entité inconnue. Pire encore, il y a certains faux prophètes qui annoncent qu’ils sont royalistes, mais sans roi. D’un point de vue religieux, ce serait comme des protestants qui disent qu’ils servent Dieu, mais sans ministres, sans Eglise et sans Jésus Christ vrai Dieu et vrai Homme et sans la Vierge. C’est impossible et ces contradictions dans le langage ne doivent pas cacher la réalité du fond qui se reflète par les conséquences dans les actes : ils ne servent personnes, ou plutôt ils se servent eux-mêmes, ou autre chose.

Un véritable royaliste se fait un point d‘honneur de servir son roi par des actions et à défendre son honneur. Celui qui adopte des postures royales pour se donner un genre, sans vouloir agir, sans vouloir reconnaître le roi, et en fait pour finalement raconter ce qu’il veut et se servir lui-même, ou pire, servir d’autres entités que nous ne préférons pas nommer, n‘est qu’un nouveau type de révolutionnaire qui utilise quelque semblant royaliste pour mieux berner son auditoire et se donner un « genre ».

Alors haut les cœurs, vous tous sujets du roi, servez-le avec loyauté, persévérance et ne vous faites jamais avoir par les fumées de la confusion que certains faux prophètes aiment tant à répondre parmi les âmes!

Travaillant à la restauration qui commence par notre restauration personnelle, par la restauration de notre famille, par la restauration de notre paroisse, par la restauration des communautés auquelles nous participons et par la restauration du Royaume dans le lien de fidélité et de loyauté d’action pour le roi.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

Une réflexion sur “L’incarnation royale, par Paul-Raymond du Lac

  • Kardaillac

    Bien des philosophes au début du christianisme reconnaissent que l’homme synthétise trois entités et non seulement deux ; la troisième est l’esprit qui sert de lices à l’âme. Corps, âme et esprit associés forment l’achèvement parfait. Qu’il en manque un (l’esprit) et c’est la quête inlassable de ce manque qui emporte tout. L’exemple le plus connu est la théologie dualiste dite cathare.

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