Le Roi Très chrétien, supérieur à tous les autres rois, par Paul de Beaulias
Nous voulons dire que le roi chrétien est toujours plus parfait, et plus abouti qu’un roi païen. Pourquoi ? Nous allons comprendre avec une analogie simple. L’homme pécheur sans la grâce, déchu et abîmé par le péché originel et les nombreux péchés qui s’ajoutent, a toujours quelque chose de sombre, de triste, de lourdaud, et toujours, quel que soit la sagesse naturelle acquise, il y a des exagérations, des erreurs, des exubérances grotesques, des superstitions (au sens d’abord étymologique de trop croire quelque chose qui peut par ailleurs avoir une certaine vérité). L’homme pécheur sans la grâce et sans la rédemption de Jésus est en ce sens sous la puissance du Prince de ce monde, bourreau de l’homme déchu qui ne peut être libéré que par la grâce du baptême et la vie chrétienne, car il se met alors sous la royauté du Christ, sous sa puissance, sous sa main.
Dire tout cela ne signifie pas que le païen est différent de nature du chrétien : ils sont les mêmes hommes avec la même nature, et les mêmes lumières naturelles. La grâce ne vient pas supprimer la nature, mais vient la soigner, la restaurer et l’élever jusqu’à la vie divine, et c’est en cela seulement que la civilisation chrétienne est infiniment supérieure à toute autre civilisation. Toute civilisation d’ailleurs peut devenir chrétienne, puisque toute nature singulière peut vivre de la grâce, et la chrétienté n’est pas ni confondue ni exclusive avec « l’Occident ».
De la même façon un Roi païen manifeste forcément une anthropologie universelle, car les hommes étant tous les mêmes, leur nature politique aussi est commune, et ainsi la nature politique des sociétés et les lois naturelles qui les commandent ne changent pas ni en fonction des époques ni en fonction des lieux : c’est pourquoi la monarchie se remarque universellement et que la royauté sacrée hiérarchisée et ordonnée se retrouve partout et dans toute époque – et bizarrement, ou paradoxalement même à l’époque moderne et contemporaine, pourtant révolutionnaire, car partout il y aura de facto un chef avec un visage, qui participe du sacré (ici démocratique et révolutionnaire). Le problème est que ce sacré n’en est pas un, que le dieu révolutionnaire (le peuple, l’homme) n’est pas un dieu, et que donc l’ordre n’en est pas un, ce qui crée nos malheurs ; quoiqu’il en soit l’homme ne change pas et ne peut se passer en société d’un chef, même s’il le nie en théorie…
Pourtant, comme pour l’homme pécheur, le roi païen n’arrive jamais au perfectionnement chrétien, et pas même dans sa partie naturelle : seul l’effet restaurateur de la grâce sur les âmes, qui ensuite se répand et se transmet aux institutions et au fonctionnement de la cité, vient restaurer et reconstituer dans sa pureté originelle (et par la grâce l’élever à la vie divine, incomparablement plus haute et sublime) la nature abîmée par le péché de l’homme. Comme dans une société païenne, ou apostate, le péché vient non seulement abîmer les âmes, mais vient sceller de son empreinte toutes les institutions d’une façon ou d’une autre, de la même façon la grâce vient poser son empreinte partout et restaure la nature dans une perfection naturelle inconnue même des païens les plus civilisés.
Cela explique comment « l’humanisme » de la Renaissance a pu naître : la nature humaine restaurée et perfectionnée par le long travail de la grâce sur les institutions a rendu possible pour certains cette exagération à trop « admirer » la nature humaine, jusqu’à ensuite tomber dans l’erreur, un peu plus tard, d’oublier Dieu, et de croire que cette nature humaine restaurée pourrait continuer d’exister tel quel sans l’action de la grâce…alors que de facto et jusqu’à peu, la grâce continuait d’agir à l’échelle aussi sociale et institutionnelle, maintenant à flot les cités devenues révolutionnaires et endiguant les pires désordres du naufrage révolutionnaire.
Cela explique encore les succès paradoxaux des révolutionnaires qui détruisaient d’une part la chrétienté, mais en fait l’ont instrumentalisée d’autre part et ont usé à son profit le lent travail de la grâce. Cela explique encore pourquoi la « modernité », en ce sens de déchristianisation, ne peut être que pour la chrétienté un déclin immense et terrible, mais pour les sociétés païennes qui se sont « occidentalisées » un progrès parfois immense : car même déchristianisées en partie, les institutions exportées dans toutes ces sociétés abîmés restaient celles peaufinées par des millénaires chrétiens. Même si ces institutions ont été arrachées de la grâce, la concurrence de l’Église, et le perfectionnement naturel propre de ces institutions constituaient pour les sociétés païennes de grands progrès. Nous ne citerons qu’un exemple frappant : la monogamie dans le mariage institutionnalisé. Juste cela est une donnée inconnue partout en dehors de la Chrétienté: le mariage monogame n’existe qu’en terre chrétienne – et il disparaît d’ailleurs dans l’Occident déchristianisé…
Cela explique encore pourquoi aujourd’hui la situation se dégrade à une vitesse phénoménale : ces institutions naturellement supérieures ne pouvaient en fait survivre que par le travail de la grâce, qui continuait à passer, et à maintenir à flots, au minimum par la concurrence de l’Église, ces institutions. La Foi refluant, la vie chrétienne diminuant, les clercs ne répandant plus la grâce par les sacrements, le navire révolutionnaire prend l’eau aussi, et toutes ces institutions naturellement perfectionnées tombent une à une. Prenons le mariage : la monogamie n’existe plus en France ni institutionnellement, ni de fait (à part chez les catholiques fervents, et comme une sorte d’inertie mentale chez les autres, qui, encore aujourd’hui, crée la conviction au moins indistincte que la monogamie devrait être une norme chez beaucoup de Français).
Pour le dire encore autrement : on peut faire la distinction de la nature et de la grâce, mais en pratique sans la grâce la nature déchoit, et nous le voyons en direct. Et avec la grâce la nature se restaure et s’embellit, comme nous le montre notre histoire de France entre, disons, la venue du Christ et Saint Louis.
C’est pourquoi le Roi très Chrétien est toujours supérieur à toute royauté non chrétienne, même qui profite des institutions « christianisées » en surface et qu’on pourrait dire « moderne » (dans son sens vulgaire de supérieur), car ces institutions sont déjà mortes et des coquilles vides.
Qu’on aie la Foi ou pas, ces constatations sont des faits que l’histoire, l’anthropologie et la science politique démontrent : toute personne de bonne volonté ne peut souhaiter que la restauration du roi très chrétien, comme roi très chrétien, sinon il n’aura que, au mieux, des gouvernements dictatoriaux, tyranniques et abîmés.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul de Beaulias