Le Roi est le chef du corps dont nous sommes les membres : Vive l’inégalité !, par Paul-Raymond du Lac
Maurras eut traité en son temps de long en large cette question, avec brio d’ailleurs.
Mais il écrivait pour un temps déjà mécréant, humaniste, qui, polit par des siècles de chrétienté, s’attribuait en propre les quelques perfections objectives acquises par les grâces de Dieu au cours du temps, en oubliant de les rendre à Dieu.
Triste temps orgueilleux qui contenait déjà la promesse de sa chute, dans cette impiété bien moderne.
Pourtant, Maurras aurait pu simplement citer Saint Paul, qui contient tout, et qui explique déjà avec brio ce principe natif de la politique de la nécessité de l’inégalité, et de la beauté de l’inégalité qui rend harmonieux le tout, et qui, dans la dépendance de tout un chacun à tout un chacun, de façon ordonnée et différenciée, rend solidaire chacun à chacun, et créé une communauté non seulement d’intérêt, mais de charité. Lisons Saint Paul, qui prend un exemple naturel, évident pour ses contemporains afin de parler d’une réalité surnaturelle : le texte permet de saisir tout autant la vérité naturelle politique, montrant combien l’Ecriture contient toute sagesse naturelle comme surnaturelle.
« Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs. Si le pied disait : « Puisque je ne suis pas main, je ne suis pas du corps », en serait-il moins du corps pour cela ? Et si l’oreille disait : « Puisque je ne suis pas œil, je ne suis pas du corps », en serait-elle moins du corps pour cela ? Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout entier ouïe, où serait l’odorat ? Mais Dieu a placé chacun des membres dans le corps, comme il l’a voulu. Si tous étaient un seul et même membre, où serait le corps ? Il y a donc plusieurs membres et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; ni la tête dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. » Au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont plus nécessaires ; et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps, sont ceux que nous entourons de plus d’honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence, tandis que nos parties honnêtes n’en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres s’en réjouissent avec lui. » (Corinthiens, I, 12-26)
Le sentiment moderniste, égalitariste, rousseausiste est ainsi d’une puérilité confondante : ils sont des yeux qui voudraient être un nez, un nez qui aimerait être un pied, et qui pour cela vont s’auto-détruire, et détruire le corps auquel ils appartiennent. Voici la Révolution dans toute sa splendeur : on ne veut plus être un membre, plus être une petite partie, qui a une importance pourtant immense, car l’homme qui se prend pour Dieu aimerait être indépendant comme Dieu, et il préfère sa chute, il préfère sa dégradation qu’apporte cette indépendance impossible qui se confie à son libre-arbitre bien imparfait et égoïste; il préfère tout cela à l’harmonieuse beauté d’une grande cité bien ordonnée, comme Dieu le veut.
Il ne peut comprendre d’ailleurs que dans un corps politique tout le monde a sa place, et que le plus petit, le plus vil, est l’objet d’une grande attention, d’un grand respect, d’un grand honneur. Car ces parties les moins honnêtes sont celles qui, bien ordonnées à leur fin, donnent la vie.
Le Roi, ainsi, est le chef de ce corps politique, et chacun d’entr nous nous sommes une partie de ce corps, un membre de ce corps, qui est donc ordonné : la parenté par les liens de sang, la vie commune depuis longtemps sont des éléments qui augmentent la force des liens reliant ce corps. Mais ils ne sont pas non plus nécessaires : le liant de ce corps se trouve dans son âme, qui est, pour la France, sa mission providentielle, incarnée par le Roi. L’intégrité du corps de la France est ainsi garantie par la fidélité de chacun des membres à sa tête, le Roi, et au respect et au travail à sa mission providentielle : le corps de la France se délite aujourd’hui, et pour cause. Sa tête coupée n’est plus reliée au corps, et la vie de son âme est aussi coupée du corps : les parties anciennes pourrissent à vue d’oeil, et les nouveaux membres, ne pouvant être vivifiés par la vie de l’âme de la France à travers la fidélité envers sa tête royale, deviennent autant de cancers mus par une autre vie et une autre âme…
Mais la tête et l’âme restent bien vivantes : c’est le Roi qu’il suffit de restaurer sur le trône, pour retrouver ce principe d’ordre sans lequel le corps ne pourra pas se réordonner, et donc se soigner. Car qu’est-ce que se soigner si ce n’est recouvrer l’ordre normal voulu par Dieu ? La restauration est nécessaire, pour permettre à la France de retrouver son ême, et son liant dans la fidélité au Roi : voilà le premier pas pour permettre à la France de se soigner et panser ses plaies. Et de permettre aux corps étrangers soient d’intégrer cet ordre, par la fidélité et la mission, soit d’être expulsé si le cancer ne veut pas cesser d’être cancer…
Car le corps politique est composé de membres qui sont doués de libre-arbitre, et c’est cela qui est beau : l’ordre politique, qui préfigure l’ordre du royaume céleste, est bien plus subtil et beau que l’ordre d’un corps vivant, pourtant déjà fascinant.
La démocratie et la République sont la maladie du corps politique : plus qu’une lèpre, elle encore une manipulation génétique qui en fait un monstre voué à mourir rapidement…
Nous avons tous besoins des uns des autres, chacun à notre place, et c’est bien comme cela.
Et n’est-il pas agréable de faire sa mission, en profitant de la vie du tout, dans une partie cachée à tous, sans être remarquée, mais pourtant permettant au tout de fonctionner ?
Chacun dans son rôle, à la grâce de Dieu, dans la fidélité au Roi, et pour la mission providentielle de la France !
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac