Le légitimisme : ni nostalgie, ni romantisme, que du réalisme, par Paul-Raymond du Lac
Embrasser la cause du roi légitime en 2025 est une nécessité qui provient de la constatation réaliste et objective de la situation à la fois préoccupante du pays et de la réalité politique de notre histoire longue.
Il ne s’agit certainement de tomber ni dans une forme de nostalgie idéalisant d’un passé et d’une grandeur perdue, ni de transformer une véritable action politique pour le bien commun, et contre-révolutionnaire, en une sorte de sensualisme romantique esthétisant, mais désespéré.
Non, le romantisme à la Raspail comme la tentation de la nostalgie nous sont complétement étrangers.
Nous nous battons pour la restauration effective de la royauté légitime, soit remettre Louis XX sur le trône dans une royauté fondée sur des principes politiques universels, sains, naturels et chrétiens. Ces principes ne sont pas une « résurrection » d’anciennes institutions tels quels – et d’ailleurs les restaurations de 1814 et 1815 n’ont pas réalisés ce genre de restauration à l’identique, ce qui est impossible d’une part et irréaliste d’autre part, car le Roi très chrétien, comme le montre notre histoire longue, sait exercer la vertu de prudence qui applique aux situations et aux époques diverses les mêmes principes politiques universels issus de notre nature humaine politique.
Ces principes commandent simplement la pratique de la politique en adéquation avec notre réalité humaine objective – nous sommes un animal politique, doté d, et fait pour un ordre hiérarchisé avec des autorités -, elle-même ordonnée à la réalité divine et aux lois de Dieu, en l’espèce incarnés en Jésus-Christ, qui est l’exemplaire par excellence de ce que nous devons faire, lui qui était à la fois vrai homme et vrai Dieu.
Notre longue histoire doit être connue par le Roi, par ses conseillers, par tous ceux qui exerceront des offices en son nom, car cette longue expérience qui constitue l’histoire de France, très chrétienne, et qui explique ce que nous sommes, et la mission particulière de la France, contiennent de nombreux enseignements prudentiels, permettent de connaître par le précédent ce qui marche et ce qui ne marche, et nous manifeste une sagesse politique toujours applicable aujourd’hui. Les situations du passé, quoique toujours singulières, impliquent le même homme avec sa nature déchue, et le travail de la grâce, et nos ancêtres souvent très chrétiens sont aussi souvent au Ciel et peuvent intercéder pour nous – une chance insigne que tout pays n’a pas, le ciel est peuplé de français ! (Pas que, évidemment).
Cette longue histoire n’a pas vocation à être embellie ; le but n’est pas de créer un sentiment « nationaliste » artificiel, ni un roman national. Au contraire : on regarde ce passé en face, droit dans les yeux, et sans fards ; la pratique chrétienne de l’histoire est une chance car elle ne cache rien, et nos ancêtres ne faisaient pas semblant de se cacher derrière leur petit doigt. De Grégoire de Tours à Bossuet, l’histoire de France est décrite objectivement, sans cacher ce qui ne va pas, mais avec une délicatesse et un véritable respect pour nos ancêtres, quel qu’ils soient, et quoi qu’ils aient faits, et de l’autorité légitime, même et surtout quand elle est mal utilisée. Qu’un roi ou qu’un pape faillit à sa mission ne change rien au fait qu’il soit un roi ou un pape – cette mentalité si traditionnelle et si importante pour notre temps est certainement celle dont nous avons le plus besoin pour pouvoir commencer à travailler à la restauration de la France, et continuer d’accomplir la mission providentielle de la France qui se résume dans les promesses du baptême de Clovis et l’accomplissement de la geste de Dieu par les francs.
Oui, avec ces bons principes prudentiels, l’histoire nous démontre que cette mission providentielle donnée aux rois de France, et à ses sujets, est une réalité : les heures révolutionnaires et le monde contemporain le manifestent peut-être encore plus brillamment et en tout cas cruellement que les heures les plus prospères de notre histoire avec Louis IX par exemple. Quand la France dévie de sa mission et la renie positivement par un apostolat de ses nouveaux dirigeants illégitimes et usurpateurs, dans les institutions d’État, la France coule. Qu’on le veuille ou non, les chefs même illégitimes sont nos chefs, pour notre malheur, et voulues par Dieu : nous sommes tributaires de ces institutions apostates et sataniques, et de cet abandon volontaire à la tête et dans les rouages de l’État, ainsi que dans toutes les institutions qui combattent férocement par le laïcisme tout ce qui fait notre action commune catholique et notre vie chrétienne.
Dieu a heureusement maintenu la famille de France, de façon quasi-miraculeuse, indiquant ainsi où est son désir pour le gouvernement de la France : il ne renie jamais ses promesses, et il a bien promis à Clovis et à sa descendance que sa royauté terrestre serait prospère et ne finirait pas, comme la royauté davidique ne finirait pas ; cela est incarné par le droit coutumier constitutionnel de la France, en particulier dans les lois fondamentales, qui désignent encoure en 2025 le successeur légitime des rois de France, sans aucun doute possible.
L’existence même du Roi manifeste que Dieu n’a pas abandonné la France, et qu’au contraire il l’aime particulièrement : on ne châtie que ceux qu’on aime, et on envoie des épreuves pour mieux purifier et rendre subtil l’alliage des âmes françaises.
Nous n’avons ainsi aucune nostalgie, ni aucun romantisme.
Nous constatons simplement objectivement que le Roi existe, qu’il est là, et qu’il manifeste non pas notre choix mais le choix divin. Simplement, nous ne sommes pas des anges, ni des bêtes : Dieu ne donne que si nous demandons, et que nous demandons ce qu’Il veut. Il veut le roi de France pour faire son œuvre, et pour amener les français le plus efficacement au salut : si nous n’agissons et ne prions pas en ce sens, ce sera vain, car ce sera toujours une manœuvre humaine, une fantaisie humaine, qui en politique a des conséquences toujours terribles et dégénère très rapidement en moloch d’orgueils et d’ambitions qui s’entrechoquent dans une tyrannie totalitaire généralisée…
Nous sommes encore légitimistes car, outre le réalisme vu de haut (vu de Dieu) qui doit nous faire assumer la réalité et l’incarnation du Roi, nous savons aussi, même sans la Foi, que seuls ces principes peuvent permettre de sortir du cercle vicieux révolutionnaire qui continue depuis plus de trois siècles en France. Les bons principes qui ne sont pas adossés à l’incarnation royale ne peuvent résister au tsunami révolutionnaire : disons encore mieux que ces principes contiennent la nécessité d’une incarnation du pouvoir, et de relations politiques hiérarchisés et de fidélité entre hommes, et non pas à un « système », à des « idées » et des idéologies, ou à un « appareil ».
Nous ne sommes pas des machines, nous ne sommes pas de purs esprits, nous ne sommes pas des bêtes, nous sommes des hommes que Dieu a dotés d’un père et d’une mère, d’ancêtre, et de multiples autorités, dont la première politique est l’autorité royale.
Tout cela reflète l’ordre céleste sur la terre – et toutes les grandes civilisations avaient comme retenu cet enseignement primordial, ou constatés par l’expérience, qu’un bon gouvernement terrestre devait comme être l’analogue du gouvernement céleste (et c’est pourquoi tant de mythes parlent de dieux descendants sur terre et fondant des royaumes terrestres, avec des rois descendants de ces dieux ; sans la révélation, il y a des exagérations et des erreurs, mais le fond anthropologique qui vient de notre nature commune, et d’une certaine mémoire des enseignements des ancêtres communs dont, en partie, le fond vient aussi de Dieu (ou du serpent qui déforme ces vérités pour faire croire aux homme qu’il est Dieu à la place du vrai Dieu).
L’exercice de la justice, de la prudence, de la charité, de façon hiérarchique et en conseil ne sont pas simplement issus de l’excellence de la tradition française, mais bien du perfectionnement par la grâce de la communauté politique déchue sur le modèle de la cour céleste.
Le ciel n’est pas une république ni une démocratie, mais bien une royauté absolue, avec Jésus-Christ pour Roi, et Marie reine de l’univers, hiérarchisée en de nombreuses demeures et hiérarchies, avec ses geôles éternelles que sont l’enfer et donc le jugement de toute justice.
La hiérarchie terrestre n’est qu’une image bien imparfaite de cette politique céleste, mais le bon Dieu ne nous a pas créé comme des individus indépendants, mais bien comme membre de la cité hiérarchisé et ordonné à son autorité et à ses lois, mais systématiquement à travers des ministres, en France le roi de France, son lieutenant, qui se soumettent aux différentes lois divines (loi naturelle, la morale, droit coutumier, etc.) et qui doivent agir comme « vice-Dieu » si on peut dire dans toutes les matières dévolues aux hommes – car Dieu, bon Roi nous connaissant bien, veut montrer sa majesté en laissant à l’homme raisonnable et volontaire la gestion de la justice humaine et des affaires temporelles, en adéquation évidemment avec ses décrets divins universels et supérieurs.
Un grand roi ne décide pas tout par lui-même, et n’accomplit pas tout par lui-même : il utilise de nombreux ministres, officiers et instruments. Dieu est le plus grand roi qu’il soit, donc il utilise de nombreux instruments angéliques et humains pour mener l’homme déchu à son salut. Et même encore quand il autorise le tyran à prendre la place du roi légitime, c’est comme un bourreau chargé de punir son peuple infidèle, et l’aider à s’amender avant qu’il soit trop tard pour les âmes en question.
Le légitimisme n’est ainsi pas une fantaisie, ni un romantisme, ni une nostalgie, mais bien le seul mouvement politique réaliste et prudent en 2025 qui épouse les volontés de Dieu dans la singularité de la mission providentielle de la France.
Et il nécessite de chacun une adhésion, car nous sommes libres, et libres d’adhérer à l’erreur et au mensonge. Un homme est un homme, une femme est une femme, et logiquement tout le monde devrait adhérer à ces réalités basiques, mais de facto de nombreuses personnes vont affirmer que ces réalités sont fausses ; notre devoir est de continuer à affirmer ces réalités, et les conséquences de ces réalités, et de les appliquer, en priant pour que les hommes de bonne volonté abandonnent leur folie révolutionnaire pour se soumettre volontairement à la réalité.
C’est la même chose pour le Roi, quoique c’est plus complexe et moins immédiatement évident : le Roi est le Roi, et pour la France il incarne de plus des principes politiques perfectionnés par la grâce, et protecteurs de la loi naturelle, ainsi que le trésor prudentiel seul capable de permettre une action restauratrice efficace.
Il faut ainsi adhérer au légitimiste et agir pour le Roi, qui n’est ni un appareil, ni un parti, ni un système, ni une idéologie, mais bien notre réalité politique voulue par Dieu, et dont le refus ne peut conduire qu’aux conséquences révolutionnaires que nous connaissons ; car quand l’homme refuse sa réalité – ce qu’il peut faire et ce qu’il fait souvent hélas – les conséquences sont terribles, non pas que pour ceux qui se trompent, mais pour tous ceux qui sont dépendants politiquement de ces hommes qui s’obsèdent dans l’erreur (et qui perpétuent l’erreur à travers justement des systèmes, appareils et idéologies artificielles).
Hauts les cœurs !
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,
Paul-Raymond du Lac