Le grand danger du sédévacantisme religieux, par Antoine Michel
Le phénomène du sédévacantisme religieux, sur fond de délires pontificaux récurrents qui choquent même les plus mous des catholiques, devient plus visible ces dernières années.
Ils ne sont pas unis, et ils représentent une myriade de chapelles, comme il y a une myriade de sectes protestantes, qui ont chacun une opinion, qu’ils absolutisent, sur le statut du pape, ou du siège. En allant des moins extrémistes au plus extrémistes :
Certains vont dire que le pape est pape, mais sans pouvoir de juridiction, d’autres que l’élection est valide mais sans conférer de pouvoir, d’autres que le siège est vide, même si on ne sait pas vraiment le statut du pape actuel, d’autres que ce pape doit être destitué, d’autres que le siège est vide, et que même une élection valide ne pourrait rien car les sacrements sont invalides (et là c’est arriver à la désespérance, et contredire foncièrement le dogme de notre foi qui dit que les « portes de l’enfer ne prévaudront pas), et d’autres, mêmes, reconnaissent des papes fantaisistes auto-proclamés (si, si, cela existe).
Je ne suis pas un expert de toutes les positions, et si théologiquement cela peut être intéressant, on reste dans le domaine de l’opinion, et c’est bien là le problème : peu importe l’opinion, il faut se soumettre à la réalité prudentielle. L’homme ne peut pas décider de ce qui est dogme ou pas. Et l’erreur terrible de tous les sédévacantismes c’est de rendre une opinion obligatoire, en usurpant ainsi quelque part l’autorité de l’Église, et en justifiant un protestantisme pratique.
Il est néanmoins assez certain que pour les sédévacantistes pas trop fantaisistes – nous disons « fantaisistes » pour ceux qui iraient si loin dans le schisme, comme ceux qui choisissent un pape, qu’ils se permettraient en fait, comme le fait Vatican II voire pire, de changer les sacrements, de choisir ce qu’ils veulent dans la liturgie du passé, et d’aller à des fantaisies, ce qui pourrait remettre en cause la validité de leurs sacrements – les prêtres sont des prêtres et les sacrements sont valides – quoique peut-être illicites, encore que nécessité fait loi.
Donc il faut prendre soin des sédévacantistes, car ces prêtres en particulier sont des « sacerdos in aeternum » et ont donc une mission dans l’Église : ils ont vocation à aider comme ils peuvent pour la restauration de la Foi.
Il est ainsi très inquiétant de voir la prolifération de sectes sédévacantistes, trop souvent parcellaires, où un abbé devient un quasi-gourou, et où l’atmosphère ambiante manque souvent cruellement à l’humilité nécessaire, où l’obéissance devient en pratique impossible – car s’il est nécessaire parfois de désobéir, il ne faut pas se mettre dans une situation où la désobéissance devient en pratique obligatoire, puisqu’il n’y a plus de supérieur, ni de chef…
L’autre chose inquiétante est la prolifération, avec le temps passant, non seulement des ordinations sauvages, mais aussi des sacres épiscopaux sauvages : on entend ici et là vraiment des choses fantaisistes…mais qui sont des actes graves si Dieu a permis qu’ils soient valides. Car ces prêtres ordonnés à la va-vite, pire ces évêques bâclés, l’ont été sans discernement suffisant, ou sans discernement du tout. Même si des séminaires plus construits existent, ce n’est pas un évêque et quelques prêtres, de qualités très variables et différentes, qui peuvent assurer une bonne formation solide et sûre des nouveaux prêtres… Cela augmente la probabilité de fausses vocations, ou de mauvaises formations : les sédévacantistes, par purisme, viennent en réalité augmenter le trouble en n’assurant pas un clergé de qualité, et en créant certains déséquilibrés qui peuvent faire un mal considérable…
Le sédévacantisme n’est pas tenable, et quand on regarde de près, il s’agit toujours, avant des justifications doctrinales plus ou moins oiseuses, soit de disputes de personnes, soit d’un amour de l’indépendance qui devient tyrannique…
Nous devons pour notre part savoir garder la charité chrétienne, et l’intransigeance des principes : ils sont chrétiens, même si certains s’enfoncent dans des erreurs terribles, parfois volontairement. Beaucoup ne sont que des victimes qui suivent : en tout cas peu importe, rien n’est impardonnable, et ces prêtres et ces fidèles feraient tellement plus de bien s’ils retrouvaient une position prudentielle tenable, et réintégraient des structures et des congrégations qui permettent une vie chrétienne intégrale, un exercice de l’humilité et de l’obéissance, tout en aidant la restauration dans l’Église de la tradition.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Antoine Michel