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La sagesse multi-millénaire divine et le Roi, par Paul-Raymond du Lac

 

Le Roi chrétien est fondamentalement différent du roi païen en cela qu’il est restauré comme Dieu avait créé la nature politique humaine, ordonnée à Dieu, ordonnée à sa Volonté, et ordonnée au salut.

Cette doctrine divine sur les rois se trouvent en fait déjà clairement exprimée dans l’Ancien Testament, qui expose déjà tous les principes qui feront la supériorité des royautés chrétiennes, dans un contexte où elles ne sont encore pas appliquées, ou très superficiellement chez les Hébreux, et absolument pas ailleurs, puisque Jésus n’est pas venu, et que la grâce n’agit pas systématiquement, puisque la Rédemption n’a pas encore été faite, et les sacrements n’existent pas encore.

Pourtant la Révélation est faite déjà, et tout est contenu là-dedans.

Nous allons aujourd’hui en particulier présenter une partie du chapitre 6 de la Sagesse, qui contient en ramassé tout le fond de la royauté très chrétienne. Répétons-le, la royauté chrétienne ne vient pas nier les royautés païennes dans ce qu’elles ont de naturellement juste, mais la royauté chrétienne profite de la grâce qui vient comme soigner d’une part la nature abîmée, et d’autre part réordonner des éléments en soit bons mais mal ordonnés, ou mal tournés, ou mal agencés si on peut dire ; et cela en particulier et fondamentalement dans la reconnaissance de Dieu comme Dieu ; toute société a des dieux, un dieu ou quelque chose qui correspond à dieu – et même en démocratie où le dieu est la souveraineté populaire – le problème vient que quand on ne reconnaît Dieu unique et trine, Jésus vrai Dieu et vrai homme, de facto toute soquet reconnaît pour Dieu ce qui n’est pas Dieu, et cela créé des désordres délétères, qui sont plus ou moins terribles en fonction de l’ampleur du désordre qui s’ensuit (il est pire de reconnaître une pierre pour Dieu qu’une entité créatrice spirituelle par exemple, car une entité créatrice spirituelle reste plus proche de Dieu qu’un élément matériel ; reconnaître une idée comme la souveraineté populaire comme Dieu est affreusement délétère car elle n’existe même pas, ce qui fait qu’on arrive dans ce contexte au désordre absolu, qui s’oppose frontalement et à 180 degrés à l’ordre divin : on fait du néant le dieu, alors que Dieu est l’étant par excellence, celui qui est…

 

Revenons à l’Ancien Testament, et au Roi Salomon qui nous explique dans la Sagesse ce qu’est un roi (précisons que nous utilisons la traduction de Crampon, à part le premier vers de la Vulgate, traduit par Fillon, et cela pour tous les livres de la Sagesse, la numérotation peut ainsi se décaler d’un verset en fonction des versions).

Il s’adresse directement aux rois – et d’un point de vue spirituel on pourrait aussi interpréter ce passage pour les âmes individuelles qui, baptisés, et donc ointes, participent de la royauté du christ, et deviennent spirituellement comme des rois, mais ici nous nous bornerons à l’analyse littérale si on peut dire, sur ce qu’un roi, naturellement non abîmé, est.

 

« Mieux vaut la sagesse que la force, et l’homme prudent que l’homme puissant.

Écoutez donc, ô rois, et comprenez ; écoutez l’instruction, vous qui jugez les extrémités de la terre. Prêtez l’oreille, vous qui dominez sur la multitude, qui êtes fiers de commander à des foules de peuples. Sachez que la force vous a été donnée par le Seigneur, et la puissance par le Très-Haut, qui examinera vos œuvres et sondera vos pensées.

 

Parce que, étant les ministres de sa royauté, vous n’avez pas jugé avec droiture, ni observé la loi, ni marché selon la volonté de Dieu ; terrible et soudain, il fondra sur vous, car un jugement sévère s’exerce sur ceux qui commandent. Aux petits, on pardonne par pitié ; mais les puissants sont puissamment châtiés. Le souverain de tous ne reculera devant personne, il ne s’arrêtera par respect devant aucune grandeur ; car il a fait les grands et les petits, et il prend soin des uns comme des autres. Mais les puissants seront soumis à une épreuve plus rigoureuse.

 

C’est donc à vous, ô rois, que s’adressent mes discours, afin que vous appreniez la sagesse et que vous ne tombiez point. Ceux qui observent saintement les saintes lois seront sanctifiés, et ceux qui les auront apprises auront de quoi répondre. Mettez donc vos complaisances dans mes paroles, désirez-les, et vous aurez l’instruction. La sagesse est brillante, et son éclat ne se ternit pas ; facilement on l’aperçoit quand on l’aime, facilement on la trouve quand on la cherche. Elle prévient ceux qui la cherchent, et se montre à eux la première. Celui qui se lève matin pour la chercher n’a pas de peine : il la trouve assise à sa porte. Car penser à elle, c’est la perfection de la prudence, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt libre de soucis ; elle-même va de tous côtés chercher ceux qui sont dignes d’elle, elle se montre amicalement à eux dans leurs voies, et les assiste dans tous leurs desseins. » (Sagesse, 6, 1-17)

 

Nous avons ici un morceau d’anthologie de ce qu’est la monarchie païenne d’une part, et ce qu’est la monarchie naturellement parfaite, selon la volonté divine, et comment ces deux éléments s’opposent d’une certaine façon, mais sont commune par ailleurs (puisque la nature ne change pas) : la monarchie païenne est comme le reflet abîmé de la monarchie naturelle parfaite, qui n’existe de facto que quand la grâce travaille.

 

Ici, la sagesse n’est pas la simple sagesse humaine ou naturelle, mais bien la Sagesse de Dieu. La Sagesse est souvent interprétée comme l’Esprit saint, sa volonté, ou parfois comme Dieu lui-même tout court, elle est parfois aussi comprise dans certains passages comme une figure de la Vierge Marie.

Ici, comprenons-là comme la sagesse de Dieu, qui n’est donc pas la sagesse humaine issue de ses lumières naturelles.

 

Le premier verset déjà est un coup de tonnerre dans le monde païen, qui parfois entrevoit cette vérité. «Melior est sapientia quam vires, et vir prudens quam fortis.  », « La Sagesse (comprendre la volonté de Dieu qui inspire nos actions par l’Esprit saint) vaut mieux que la vertu (force), et l’homme prudent que la force (la puissance). »

Premier principe de politique chrétienne et de royauté chrétienne : la volonté de Dieu et les vertus chrétiennes évangéliques vaudront plus que les vertus naturelles du Prince : la première règle du roi chrétien est de se conformer à la Sagesse, à la volonté divine, et au Christ incarné. Ensuite seulement l’homme prudent, soit l’homme qui applique la prudence, vaut mieux que la puissance – et cela est chose bien inconnue dans les monarchies de l’époque, qui, si elles se sont pas fortes et puissantes, ne peuvent pas vraiment exercer leur pouvoir, et l’exercent toujours pour un bien diminué, abîmé, quand il n’est pas le simple plaisir du Roi, et sa volonté propre, sans connexion aucune avec une volonté supérieure (volonté supérieure qui même quand elle existe, si elle est spirituelle, sera diabolique ; le seul moment où la royauté païenne ne tombe pas dans ce genre d’institutions exagérément diaboliques, c’est quand on met quand même la raison naturelle au-dessus du bon plaisir du roi, les traditions et les coutumes ancestrales au-dessus de la volonté du roi ; mais tout cela reste un ersatz de la royauté restaurée dans sa nature parfaite par la grâce).

 

Aristote qui parle de politique et fait de la prudence la vertu cardinale de la politique, et du chef, a raison, mais rendons-nous compte qu’il n’arrive que au minimum 5 siècles après Salomon (et que donc il aurait pu avoir possiblement conscience de ces écrits d’une façon ou d’une autre, ou d’une façon détournée), et que même lui ne voit pas la première partie du verset (la conformation à la volonté divine), car sans la Révélation, et sans l’accomplissement dans le Christ, il n’est pas possible avec juste la raison naturelle d’aller au-delà de la prudence.

 

Salomon a donc déjà clairement dit en une moitié de phrase ce qu’Aristote mettra des livres à démontrer, et encore Salomon l’ordonne à la volonté divine.

 

Continuons :

 

« Écoutez donc, ô rois, et comprenez ; écoutez l’instruction, vous qui jugez les extrémités de la terre. Prêtez l’oreille, vous qui dominez sur la multitude, qui êtes fiers de commander à des foules de peuples. Sachez que la force vous a été donnée par le Seigneur, et la puissance par le Très-Haut, qui examinera vos œuvres et sondera vos pensées. »

 

Salomon, inspiré par Dieu, s’adresse aux rois (et il est lui-même roi) pour qu’ils sachent ce qu’est la royauté et quelle est leur mission : il est un légitimiste de l’ancien temps si on peut dire, en ce sens qu’il rappelle les sains principes.

Il rappelle encore ce que saint Paul dira plus tard dans ses épîtres (et qui n’invente rien donc) : à savoir que :

 

« Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par lui. C’est pourquoi celui qui résiste à l’autorité, résiste à l’ordre que Dieu a établi et ceux qui résistent, attireront sur eux-mêmes une condamnation. Car les magistrats ne sont point à redouter pour les bonnes actions, mais pour les mauvaises. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais le bien, et tu auras son approbation ; car le prince est pour toi ministre de Dieu pour le bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant ministre de Dieu pour tirer vengeance de celui qui fait le mal, et le punir. Il est nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte du châtiment, mais aussi par motif de conscience. C’est aussi pour cette raison que vous payez les impôts ; car les magistrats sont des ministres de Dieu, entièrement appliqués à cette fonction. Rendez [donc] à tous ce qui leur est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui le tribut, le tribut ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur. » (Rm, 13, 1-7)

 

La correspondance est parfaite, et continue ce que dit Salomon, qui déjà, parle de la royauté comme d’une magistrature divine, des rois comme des ministres de Dieu, soit des lieutenants de Dieu, et il souligne encore que le Roi, comme ministre de Dieu, doit juger pour le bien de ses gens. La seule différence c’est que Salomon d’adresse aux rois, quand saint Paul s’adresse aux nouveaux rois, les chrétiens fidèles, qui doivent se soumettre aux rois terrestres toujours voulus par Dieu.


Salomon encore souligne que les rois « d’Ancien Testament » ne font pas bien leur travail, qui est de juger, de faire justice, de punir les méchants et les corriger, et de récompenser les bons et de les encourager, pour le bien de tous, et au nom de Dieu :

 

« Parce que, étant les ministres de sa royauté, vous n’avez pas jugé avec droiture, ni observé la loi, ni marché selon la volonté de Dieu ; terrible et soudain, il fondra sur vous, car un jugement sévère s’exerce sur ceux qui commandent. Aux petits, on pardonne par pitié ; mais les puissants sont puissamment châtiés. Le souverain de tous ne reculera devant personne, il ne s’arrêtera par respect devant aucune grandeur ; car il a fait les grands et les petits, et il prend soin des uns comme des autres. Mais les puissants seront soumis à une épreuve plus rigoureuse. »

 

Salomon rappelle ainsi que la royauté est faite pour les petits, et que Dieu veut cet ordre, veut une hiérarchie, veut qu’il y ait des petits et des grands, que l’égalitarisme et la démocratie sont donc des erreurs terribles qui vont contre l’ordre naturel voulu par Dieu. Salomon ensuite assène que les rois auront des comptes à rendre à Dieu, et qu’ils seront bien plus châtiés : encore une vérité qui après le Christ devient le fondement de notre royauté chrétienne. Cela inverse quelque part encore la réalité païenne, qui sent bien que le Roi doit servir, mais de facto fait servir tous pour le bien du roi, ou du pouvoir plus que pour le bien des gens, qui n’en profitent de ce bien que de façon seconde. Le Christ qui lave les pieds des apôtres comme un esclave et qui monte en croix comme un criminel pour sauver ses sujets aimés n’était pas encore venu, donc la nature abîmée ne pouvait pas vraiment faire autre chose que rester dans les miasmes du péché, en se régulant pour éviter que cela parte « trop » en « vrille », si vous me passez l’expression.


Salomon continue encore en répétant aux rois que, pour leur salut, ils doivent demander la sagesse, c’est-à-dire la volonté de Dieu, et que seul Dieu peut leur donner, et qu’alors ils seront sanctifiés et pourront éviter la punition terrible après la mort.

 

« C’est donc à vous, ô rois, que s’adressent mes discours, afin que vous appreniez la sagesse et que vous ne tombiez point. Ceux qui observent saintement les saintes lois seront sanctifiés, et ceux qui les auront apprises auront de quoi répondre. Mettez donc vos complaisances dans mes paroles, désirez-les, et vous aurez l’instruction. »

 

La dernière partie, que nous reproduisons ci-dessous et qui suit le passage du début de cet article, aurait pu inspirer saint Dominique : il faut vouloir connaître la vérité et s’instruire, auprès du seul maître qui vaille, Dieu, car connaître permet de rendre Dieu plus aimable, et l’amour permet d’agir comme il faut agir. Toute cette partie peut se comprendre pour la vie spirituelle de tout chrétien qui veut une place près de Dieu : « En effet, son commencement le plus assuré est le désir de l’instruction. Or le soin de l’instruction conduit à l’amour, l’amour fait qu’on obéit à ses lois, l’obéissance à ses lois assure l’immortalité, et l’immortalité donne une place près de Dieu. » (18-20).

 

Mais pour les rois aussi tout est dit : « Ainsi le désir de la sagesse conduit à la royauté. Si donc, ô rois des peuples, vous mettez votre plaisir dans les trônes et le sceptre, honorez la sagesse, afin de régner éternellement. » (21-22)

Comprenons ici la royauté comme la royauté très chrétienne (au sens spirituel au royaume de Dieu au paradis). La traduction de Fillon est plus littérale mais plus proche du latin (Concupiscentia itaque sapientiæ deducit ad regnum perpetuum.) : « C’est ainsi que le désir de la sagesse conduit au royaume éternel. »

On peut aussi comprendre de façon naturelle : une royauté sage au sens donc chrétien présenté ci-dessous, qui fait les volontés de Dieu, durera aussi sur cette terre, car elle est déjà un commencement de la royauté éternelle.

 

Finissons le chapitre, qui est encore un coup de tonnerre chez les païens :

 

« Mais ce qu’est la sagesse et son origine, je vais l’exposer, sans vous cacher les mystères de Dieu. Je remonterai jusqu’au début de la création, je mettrai au grand jour ce qui la concerne, et je ne m’écarterai pas de la vérité. Loin de moi de faire route avec l’envie dévorante ! Elle n’a rien de commun avec la sagesse. Le grand nombre des sages fait le salut de la terre, et un roi sage la prospérité de son peuple. Recevez donc l’instruction par mes paroles, et vous vous en trouverez bien. » (23-26)

 

Salomon dévoile les mystères de Dieu sans rien cacher, là où toutes les civilisations non chrétiennes, y compris la modernité protestante, puis athée, avec sa franc-maçonnerie, ses ésotérismes et autres kabbales, se fondent sur le secret des mystères divins, réservés aux initiés, et certainement pas livré dans un livre, même sacré, qui doit être enseigné à tous…

Non, rien de caché ni de secret chez les chrétiens, et a fortiori dans la royauté très chrétienne : la mission du Roi est claire, la réalité de son jugement aussi, ses moyens aussi.

Le roi païen lui doit toujours naviguer à vue et se soumettre à des ésotérismes (l’influence diabolique sur terre en pratique) pour mieux cacher la vacuité du pouvoir royal abîmé, désorienté, et mal-ordonné car non tourné vers sa fin propre voulue par Dieu et non conforme à la volonté du seul Dieu, trinitaire, et incarné par Jésus, qui a fait l’œuvre de Rédemption.

 

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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