La bêtise du vice et des péchés, par Paul-Raymond du Lac

La bêtise du vice et des péchés : méchants hommes ! sortez-vous de votre boue avant que vous ne vous détruisiez totalement

Il n’est pas facile de sortir du péché et du vice même quand on le veut. Je vois le bien, je le veux, mais je fais le mal. De saint Paul aux antiques comme en extrême-orient, tous les grands sages ont vécu dans leur chair cette triste réalité conséquence du péché originel.

Nous savons bien, par la Révélation, qu’encore il faut détester le péché car il est une insulte à Dieu, que nous aimons, et notre amour pour Dieu ne peut que nous porter à nous éloigner du péché : plus la charité grandit en nous, plus nous aimons le plus aimable de tous, Jésus-Christ, plus nous détestons ce péché qui l’insulte et blesse son regard. Comme un enfant voulant plaire à son père, nous ne pouvons que vouloir de plus en plus nous débarrasser de nos mauvaises habitudes ingrates qui le peinent…mais nous n’y arrivons pas par nos propres forces, alors nous demandons à papa de nous aider, de nous forcer s’il le faut à nous éloigner de cette laideur du péché…et il nous accorde ces grâces.

Il reste néanmoins vrai que pour le non-baptisé ou le converti, qui ne connaît pas, ou si peu, Jésus-Christ, le plus aimable de toutes les personnes, il ne pourra s’éloigner du péché par amour de charité. Pourtant il devrait pouvoir comprendre par raison que le péché, non content d’insulter Dieu, nous auto-détruit !

Les sages antiques et orientaux savent bien que trop de péchés auto-détruisaient les personnes et les empires, et donc, en stoïciens bien compris, ou en épicuriens modérés, ils limitaient les plus terribles manifestations du péché, pour éviter l’auto-destruction, qui arrivait sinon : ils le savaient d’expérience !

Alors sachons nous éloigner du péché, qui nous auto-détruit, éloignons-nous déjà par crainte de cette destruction, et par raison, sachant que le péché est contre-nature.

Et que chacun sache ensuite que, comme il n’arrivera pas vraiment à s’en détacher, il ne le pourra vraiment que par la grâce de Jésus, et son amour, alors il faut apprendre à le connaître.

Suivons ainsi Mgr Ullathorne :

« Comme l’orgueil est la racine de tous les maux, le vice des vices et la destruction des vertus, c’est le principal ennemi de Dieu et de l’homme. Il contredit à toute la raison d’être de l’humilité. Il n’est pas seulement déraisonnable comme le sont tous les péchés, mais c’est encore pour la créature un vice contre nature, ce que les autres ne sont pas. L’homme orgueilleux ne se conduit pas comme un être que Dieu vient de créer de rien, et qu’il peut citer en sa présence à chaque instant. Il agit comme s’il ne dépendait pas de Dieu ; et comme si ce qu’il est et ce qu’il a, n’étaient pas tout à fait dus à la volonté et à la bonté divines. Ce vice est si foncièrement opposé à la nature et à la condition de l’homme, autant qu’aux droits et aux revendications du Créateur, et il est si destructif de tout bien spirituel, que Dieu nous a donné cet avertissement dans l’Écriture : « L’orgueil n’a pas été créé pour l’homme (Eccl 10, 20). »¹

L’orgueil est effectivement le pire des vices, qui en plus d’être déraisonnable, est contre-nature… Nous sommes, nous hommes, des animaux politiques, dépendants par nature non seulement de Dieu, mais de la société (à commencer par la famille où nous sommes nés, et de nos nourriciers, et de nos parents qui nous transmettent la vie) mais aussi de la Création, puisque si nous ne mangeons pas ce que la Nature nous donne, nous mourrons.

Tout en nous est dépendant, tout. Même l’esprit qui ne peut connaître que dans la dépendance des sens, même l’intelligence qui ne peut connaître que par la dépendance de la confiance aux maîtres…

L’orgueil est ainsi vraiment bête et absurde. Bien plus bête que l’orgueil angélique, qui, eux, sont beaucoup moins dépendants que nous.

Nos servitudes réelles sont nombreuses, du fait de notre corps, du fait de notre nature politique : il faut vraiment être bête pour être orgueilleux…

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac