Faux sacre d’André de Biase, ceci n’est pas une pipe !

Dans un célèbre tableau intitulé La trahison des images, le peintre Magritte représente une pipe, accompagnée d’une notice pour le moins amphibologique : « ceci n’est pas une pipe ». Très récemment, André de Biase a participé à une pseudo-messe sédévacantiste à l’issue de laquelle il a été sacré roi. Mais ceci n’est pas un sacre. Et même s’il s’était agi d’un véritable sacre, comme par exemple celui de Bonaparte l’usurpateur, sacré par un véritable Pape en la personne de Pie VII, le sacre ne fait pas le roi. Nous allons le démontrer en plusieurs points.

L’été dernier, j’ai donné une conférence à Strasbourg, portant sur le thème du providentialisme. J’y ai expliqué à quel point cette position qui attend de Dieu qu’il nomme un nouveau roi est irrationnelle¹.  

Et ce d’autant plus que Dieu nous a donné une intelligence pour comprendre le monde qui nous entoure. Dès-lors, notre foi catholique est compatible avec la raison. C’est pourquoi, en matière de politique, si nous reconnaissons le Christ comme roi de nos cités (encyclique Quas primas), nous ne pouvons soutenir un candidat au trône sans de solides assises. Le légitimisme est fondé sur la loi naturelle, qui est inscrite dans le cœur de tout homme comme le rappelle le Catéchisme de l’Église catholique. Il est donc tout à fait possible d’expliquer, à partir de la loi salique (qui est en fait notre tradition politique authentique) que Louis XX est le véritable roi. En effet, il est le premier descendant mâle de la Maison Bourbon. Plus encore, il est totalement irrationnel que le Bon Dieu eût pu permettre qu’aucun roi ne soit visible depuis la mort de Louis XVI et qu’il ait révélé à André de Biase (et à lui seulement) qu’il devait reprendre le trône. Cette légende du roi caché est totalement contraire tant à notre raison qu’à notre religion qui nous enseigne que Dieu ne reprend jamais ses dons (Romains 11.29), et à la loi naturelle : n’a-t-on jamais vu une société sans hiérarchie ? Comment la France aurait-elle pu survivre si elle avait totalement été livrée à elle-même et décapitée (sans sa tête qu’est le roi) jusqu’au retour du « Grand monarque » André de Biase ?

Certes. Mais le scrupuleux, rongé d’angoisse et hésitant à baiser les mains d’Henri V me répondra que ce dernier a été sacré. Et que par conséquent, nous devrions abandonner le légitimisme et nous soumettre à ce dernier. A cela je réponds que non ! Tout d’abord parce que le sacre a été réalisé par un évêque hérético-schismatique qui a été ordonné prêtre puis évêque dans la plus grande illégalité, sans parler des nombreuses sources selon lesquelles son ordination épiscopale est tout bonnement imaginaire² ! Le sacre d’André de Biase est donc inexistant. De même que si je m’amusais à prendre du pain et du vin en disant qu’il s’agit de mon corps et mon sang, cela ne serait absolument pas le Corps du Christ, de Biase n’est pas devenu roi à l’issue de cette cérémonie grandiloquente³.

C’est pourquoi, je comptais ne pas en parler, et je confesse avoir dit en privé à notre confrère Napo (journal le catho) de ne pas médiatiser l’évènement. Je regrette ces propos, d’abord parce que je me contredis en publiant cet article sur Vexilla Galliae, mais aussi parce que ce faux sacre nous apprend une leçon élémentaire. Le sacre ne fait pas le roi.

Il est vrai qu’un sacre peut n’être reconnu par personne tout en étant légitime, comme le montre le livre Sire de Jean Raspail. Si Louis XX, son fils ou même son arrière-petit-fils décidait de se faire sacrer, nul doute que très peu de gens reconnaîtraient ce sacre. Mais il serait tout de même roi. Mais dans le cas d’André de Biase qui n’est pas légitime pour être roi, son sacre ne prouve rien.

Le manuel d’Introduction à la légitimité⁴, qui devrait être le livre de chevet de tous nos militants explique bien ceci : « en France, le sacre ne fait pas le roi, car celui-ci est désigné par la Loi (les Lois fondamentales du Royaume). » Un Pape même ne saurait rien changer à l’affaire ! Napoléon n’a jamais été Empereur :

C’est pourquoi le sacre, qui demeure une importante cérémonie morale, religieuse, et politique même, n’est pas juridiquement constitutif de la royauté, comme il l’était sous les Carolingiens et Il est simplement déclaratif, il consacre aux yeux du public ce que la force de la coutume seule a créé. Il investit le successeur nécessaire de grâces d’état pour l’accomplissement de sa haute mission. Mais depuis le début du XVe siècle au moins, le sacre n’est plus créateur en droit. De même que, sur le plan théologique, il n’est plus un sacrement, depuis que la réforme grégorienne des XIe -XIIe siècles a explicité les bases canoniques de ce sujet. (Introduction à la légitimité)

En outre, le manuel rappelle que lors du sacre, le roi promet d’obéir à la loi naturelle et aux préceptes évangéliques. Il devient, de ce fait, un berger (terrestre), et surtout, un lieutenant du Christ. Or, Dieu ne peut pas se contredire, comme le dit l’acte de foi : « mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que Vous avez révélées et que Vous enseignez par Votre Sainte Église, parce que vous ne pouvez ni Vous tromper ni nous tromper. » Nous ne prétendons pas parler de vérités ecclésiales concernant cette question dynastique, mais Dieu ne saurait se contredire alors qu’il a appuyé toute la dynastie des Bourbons, d’Hugues Capet à Louis XX.

Je persiste et signe : le providentialisme est une fausse doctrine qui ne peut mener qu’à l’égarement et dont les erreurs s’enracinent profondément dans les hérésies condamnées par la Sainte Église Catholique. Les camarades de l’UCLF l’ont expliqué bien mieux que moi :

Le manque de connaissance de soi engendre toutes sortes de dérives. S’il n’y a pas de vérité dans l’ordre naturel politique, celui-ci n’est que chaos et la raison demeure impuissante à le comprendre. Le providentialisme s’insinue alors dans les esprits qui déclare, selon un schéma quasi protestant : « Sola Gratia, sola Fide » (la Grâce seule, la Foi seule). On « court-circuite » la nature, la raison et l’Église pour se réfugier dans l’exégèse des messages que Dieu adresse de manière directe à des âmes privilégiées : Dieu parle sans intermédiaire aux hommes. L’institution Église devient dès lors presque inutile. (ibid)

Mais terminons notre article en parlant de religion. Si André de Biase a choisi d’être sacré par un prélat sédévacantiste (bel oxymore !), cela montre qu’il fait primer la politique sur la religion. Ce qui en fait paradoxalement un gallican, voire même un naturaliste. Ce triste sire nous rappelle l’histoire des rois Roboam et Jéroboam (1er livre des Rois). Alors que le roi légitime, fils de Salomon, Roboam décide d’adorer les idoles, le Seigneur sème la zizanie (du Latin zizania, qui signifie ivraie !) en faisant émerger un nouveau roi, Jéroboam. Ce dernier, voyant que Roboam contrôle Jérusalem, lieu saint et dans lequel Dieu habite (le Temple n’est autre que la maison de Dieu, construction finie qui contient le Très Saint, figure de l’Eucharistie) décide de construire un tout nouveau culte, ressemblant en tout point à celui d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. À ceci près que ce culte a lieu en Samarie et donnera lieu à l’une des pires hérésies vétéros-testamentaires et qui perdure encore !

                                                             Samaritains réunis pour la Pâque. Les prêtres samaritains portent un chapeau blanc et rouge, le grand prêtre est assis au centre. (photo : C. Boyer⁵)

Rappelons que le schisme est d’abord un péché contre la charité ! Ce faux sacre montre que lorsque l’on fait primer la politique sur la religion, on ne peut qu’agir déraisonnablement et pécher gravement, si ce n’est mortellement. Je m’adresse directement à André : nous te tendons une main fraternelle. Convertis-toi, abjure ton faux sacre, reconnais la Sainte Eglise Catholique et tout te sera pardonné. Tu t’es égaré mais tu as jusqu’à la fin de ta vie pour te faire pardonner par Notre Seigneur. Demande au Saint Esprit de t’éclairer, ne te cache plus derrière de faux prétextes. Alors, cet article n’aura plus aucune portée, je te donnerai l’accolade sur le parvis de l’église avant la Sainte Messe et tu auras perdu une fausse gloire pour la fraternité avec tes véritables frères et une amitié véritable avec le Vrai Dieu. Il en va de même pour tous les soutiens de Biase, en particulier Néo Salva : vous êtes généreux. Vous voulez vous donner pour une cause plus grande que vous. Devenez légitimiste et authentiquement catholique. Vous perdrez peut-être un certain confort, mais Dieu pourvoira !

1. Cercle d’action légitimiste. (2024). Le poison providentialiste (Section de Strasbourg) – Conférences légitimistes [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=qRNQMwC0NnI

2. Voici un tweet de Napo donnant les principales informations https://x.com/CathoFr/status/1906279407578181705

3. Retranscrit dans un post Facebook de Néo Salva, soutien pour le moins inattendu du pseudo roi https://www.facebook.com/watch/?v=632365796266167

4. UCLF. (2021) Introduction à la légitimité, https://viveleroy.net/DOCUMENTS/IntroductionALaLegitimite.pdf

5. Article détaillé sur les samaritains que l’on lira avec profit et dont l’image est issue : Le Garizim, mont sacré des Samaritains. ( 2007) : //www.interbible.org/interBible/caravane/voyage/2007/voy_070302.html