L’exotisme vain : que penser du tourisme moderne ?
Beaucoup de touristes font aujourd’hui des « tours du monde » pour se « dépayser », quand autrefois le voyage avait toujours un but : pèlerinage, mission, visite familiale, diplomatique ou encore voyage d’affaires. Aujourd’hui le tout-venant fait des tours, par lui-même maintenant, et cela se démocratise. Les bourgeois d’une autre époque, qui voudraient bien se réserver le droit d’aller explorer le monde comme on visite un musée de bêtes étranges, telle une exposition coloniale d’un autre temps, pestent car il devient de plus en plus difficile de ne pas être mélangé à la plèbe, et de pouvoir vivre une expérience « authentique »…
Passons sur le ridicule amour propre de toutes ces considérations touristiques plus ou moins élitistes : il suffit de dire que l’exotisme en général et le tourisme en particulier sont vains, complétement vains.
Ils peuvent former la jeunesse, comme on dit, s’il s’agit, comme l’enfant prodigue, de se heurter à une dure réalité loin des rêves que seul un voyage long et sans retour permet de comprendre. Sauf que le tourisme contemporain, toujours court, toujours superficiel, loin de la réalité, est comme une sorte de fuite en avant auto-satisfaisante, allant de superficialités en superficialités, en se voilant la face sur la réalité de l’exotisme recherché et fantasmé. Cet « autre » fantasmé l’est parfois négativement pour certaines cultures, comme pour se rehausser et se conforter dans sa vie de « riches occidentaux » — position néanmoins de plus en plus difficile à tenir avec la déchéance morale de l’occident en général, qui aboutit aussi aujourd’hui à une déchéance matérielle — ou positif pour d’autres : l’Occidental moderne idéalise une autre culture, comme pour fuir son mal-être, ou le mal-être du pays où l’on vit — typique du touriste français au Japon par exemple, qui, restant deux semaines ou trois mois, sera charmé (au sens propre) par l’ordre extérieur, qu’il paie cher étant toujours dans les circuits, les auberges de luxe, etc., sans voir l’artificialité froide et sans charité de cet ordre (et trompé par l’orgueil national japonais qui redouble d’effort envers l’Européen pour bien paraître, là où le Chinois, le Coréen, voire le frère de sang sera traîné dans la boue s’il n’a pas d’existence sociale valable).
Pourquoi pas ? Il est parfois important de profiter d’un ordre superficiel dans lequel on ne rentre jamais, mais dont on profite du calme de celui qui n’est de toute façon que de passage. Si cela permet de faire un point, un retour sur soi pour mieux se tourner vers Dieu, très bien !
Il serait dangereux au contraire de croire en un autre idéalisé, comme si la nature humaine n’était pas la même partout. Il ne faut pas se faire abusé par les apparences, cultures, langues, formes artistiques, contextes climatiques : partout l’homme est le descendant d’Adam déchu ; partout, il a tendance au mal et, sans le Christ, il ne peut éviter le désordre chronique que par un ordre formaliste, légaliste et dur, sans charité, superficiel… — d’ailleurs, dans ces pays, malgré la présence de minorités chrétiennes qui y exercent leur influence, les disciples du Christ dont souvent persécutés.
Bref, l’exotisme peut être dangereux si l’on se laisse engloutir par le mensonge ! En effet, il peut encourager à l’aveuglement sur la réalité humaine, si l’on se laisse à croire que l’herbe du pré d’à-côté est plus vert, ce qui est rarement vrai — ou cache une croix plus pesante encore. Alors, gare aux apparences !
Paul de Beaulias
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !