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Exhortations aux païens contemporains de bonne volonté à la conversion., par Paul de Lacvivier

J’aimerais m’adresser aux païens de bonne volonté, plongés dans la modernité contemporaine, souvent inquiets des progrès de l’individualisme et des maux modernes, entre suicides et baisse de la natalité, et affolés de constater la chute vertigineuse des traditions ancestrales.

Je m’adresse donc à eux, sur un plan logique, et de traditionnel à traditionnel: à la différence de ces modernes qui méprisent la religion, je la prend très au sérieux, comme autrefois le faisaient les missionnaires catholiques dans le monde entier – et comme ils le font encore.

Cette exhortation est appelée à être suivi d’études de circonstances plus précises (certaines ont déjà été faites en langue française).

Elle se veut pour l’instant une invitation à faire le pari de la conversion, pour sauver leur âme et leur propre pays.

Je pense avant tout évidemment à mes amis japonais, religieux, combattant la modernité, fidèles à l’empereur, et de bonne volonté.

Je ne parlerais pas de foi, ni de dogme, il s’agit de ne présenter que des arguments de raison, qui devrait amener à la conclusion suivante: il faut faire le pari de la conversion et tenter l’acte de foi, car la situation de mes croyances païennes me conduit dans une impasse dangereuse.

Nous allons procéder par étapes dans un raisonnement philosophique simple.

1ère étape: Les divinités païennes existent-t-elles (disons les divinités shintôs et bouddhiques par exemple) ?

A-non

B-oui

Cas A-Les divinités païennes n’existent pas.

Conclusion: il est absurde de croire en des êtres qui n’existent pas, il faut donc abandonner ces croyances et se convertir.

C’est la position de certains modernes, qui ne veulent plus croire qu’à la matière et ne parviennent pas à concevoir ni l’invisible ni ce qui les dépasse – alors même que le moindre tremblement de terre, le mouvement des étoiles et le cycle des saisons leur prouvent bien qu’il y a des lois supérieures à la raison humaine, et des mouvements qui dépassent notre raison, mais passons.

Les anciens missionnaires ne tombaient pas dans ce simplisme: il pouvait évidemment arriver que certaines divinités n’existent pas, du fait de charlatans, ou de la crédulité de certains, mais ce n’était pas un présupposé, plutôt une conclusion au cas par cas. Quand on arrive, on présume d’abord de la véracité de ce qui est dit, puis on examine.

Mais peu importe, si on ne croit pas à l’existence de ces divinités, il faut abandonner ces religions tout de suite, et se tourner vers Jésus, dont l’existence est bien attestée.

Cas B-Les divinités païennes existent.

Ce qui est d’ailleurs probable, mais cela n’est pas important pour notre raisonnement. Pourquoi est-il probable qu’ils existent ? Comme le disait un ami japonais prêtre shintô, il est avéré historiquement par de nombreux documents de prodiges répétés résultant de cultes et de prières. Il serait aussi tout à fait absurde de croire que des millions de personnes, si ce n’est des milliards, ont cru en des divinités qui n’existent pas : qu’il y ait des superstitions et des exagérations, certes peut-être, mais il n’y a pas de fumée sans feu. Il est difficile d’imaginer que tant d’hommes, dont les plus intelligents, aient pu croire sincèrement (dans la plupart des époques) aux divinités païennes sans que jamais elles ne se manifestent – et les prodiges, etc, témoignent de ces effets.

Nous arrivons ainsi à la seconde étape découlant du cas B : présupposons que les divinités existent.

La question suivante est de savoir ce qu’elles sont.

2ème étape : qui sont les divinités païennes ?

A-des êtres matériels ou naturels (qui se trouvent dans la grande nature)

B-des hommes (que ce soit des ancêtres ou des hommes divinisés)

C-autre chose.

Examinons chaque possibilité une par une.

Le cas A. Les êtres adorés sont des êtres matériels ou naturels. Soit des sources, montagnes, animaux, le vent, l’éclaire, les saisons et tout autre phénomène naturel ou  matériel. Cela peut être encore des œuvres faites de main d’homme : une statue, un soûtra (un livre sacré donc). Sont encore compris les « esprits » matériels des animaux ou de ces divinités qui habitent physiquement ici et là. On dira qu’il y a un esprit, mais cet esprit est en fait matériel, aussi “subtil” soit-il.

Nous sommes dans le cas d’école de l’animisme, ou de l’idolâtrie.

Adorer ces êtres matériels, qu’ils soient plus ou moins subtils, ou plus ou moins grandioses, est une absurdité : comment croire que la matière qui se décompose peut être un dieu qui nous dépasse ?

Certes, souvent ces croyances viennent de cette constatation qu’il existe des lois inscrites dans la nature qui nous dépassent (comme adorer les étoiles, le cycle des saisons, la vie animale ou végétative, qui sont des choses effectivement fascinantes et hors de notre portée immédiate) : la science moderne permet de mieux connaître tout ces phénomènes que nous comprenons mieux. La constatation de ces phénomènes devraient plutôt nous faire tourner le regard vers le législateur qui a mis l’ordre dans tout cela, qui contrôle les saisons et le reste : car il est en fait « évident », pour toute personne de bonne volonté qui contemple la nature, que tout cela ne se fait pas par hasard ! D’ailleurs les croyances animistes et autres le prouvent : tous les hommes, en particulier ceux qui vivent près de la nature, sentent bien que derrière ces lois, cet ordre il y a quelque chose de grand ; mais sans une raison bien nette et épurée de ses scories, l’esprit simple préfère diviniser le phénomène, plutôt que remonter à la cause première, Dieu.

D’un point de vue de la raison naturelle, il est en tout cas absurde d’adorer de la matière, et d’adorer des phénomènes qui ont forcément une cause supérieure.

Il faut donc cesser ces croyances.

Ce qui nous amène au cas B.

B- les divinités adorés sont des hommes, ancêtres ou autres.

Le culte des ancêtres est très ancré et répandu, et pour cause : sans eux nous n’existerions pas, et ils nous ont donné la vie. Il est aussi naturel de respecter ses morts, d’être triste, et de leur rendre honneur, comme nous rendons honneur à nos parents vivants.

Le sentiment de l’âge d’or lointain perdu et le respect naturel pour ce qui est vieux et ancestral augmentent le respect envers nos défunts.

Le problème c’est quand on les divinise, au point de les adorer et de leur considérer comme des dieux, non seulement supérieur à nous, mais pouvant nous exaucer.

Il arrive parfois aussi que certains hommes se divinisent de leur vivant, en général des chefs (comme par exemple Hideyoshi qui se décidait fils du soleil, en disant que sa mère avait été fécondé par le soleil par exemple).

Là encore nous comprenons pourquoi ces croyances se répandent : l’homme est effectivement l’être le plus parfait de cette création terrestre, avec une intelligence et une volonté que les animaux n’ont pas. La vie humaine est pour nous mystérieuse. Et ce mystère parle évidemment d’une existence supérieure : mais si on ne tourne pas les yeux vers une existence supérieure, il est possible d’avoir tendance à vouloir diviniser l’homme, ici à travers les ancêtres.

Ne sous-estimons pas aussi à la fois le travail de l’orgueil et de la crainte : dire que nos ancêtres sont des dieux, c’est dire indirectement que nous sommes des dieux (en devenir au moins) ; pour les humaines qui se font diviniser, cela est encore plus clair. Mais c’est aussi un résultat de la crainte mâtinée de consolation : la mort fait peur, croire que les ancêtres deviennent des dieux, d’une façon ou d’une autre (ou des bouddhas), c’est tenter de se rassurer sur la mort, en se disant qu’après, rien ne change vraiment, tant que les descendants font ce qu’il faut (ce qui donne au passage une emprise des vivants sur les ancêtres divinisés morts tout bonnement immense). C’est aussi se consoler, en évitant la question de l’enfer, et croire que nos défunts vont bien quelque part… Ils y vont certes, quelque part…

Mais sur le fond la position n’est pas raisonnable : les hommes ne sont pas des dieux, et donc les défunts, qui certes continuent d’exister, ne sont pas plus dieux que nous (et même en supposant qu’ils soient libérés de la matière, cela ne changerait pas leur nature…).

Il est ainsi absurde d’adorer ses ancêtres et ses défunts, a foriori des hommes vivants !

Il suffit de les honorer à leur juste place.

Enfin le cas-C. Les divinités sont autre chose.

Reprenons notre déduction à partir de la fin du A. La raison ne saurait adorer ni de la matière, ni des phénomènes naturels, ni des hommes.

Mais la raison indique bien qu’il existe des causes supérieures à tout cela.

Et l’expérience humaine montre qu’il existe aussi des interactions avec un monde invisible, par exemple des divinités vengeresses – comme les 怨霊, ces esprits défunts frappeurs-, des vœux réalisés, moyennant sacrifices et formules magiques, possessions, etc.

Les divinités de ce cas C sont donc ces causes invisibles et supérieures, visiblement douées d’une raison et d’une volonté, et avec lesquelles on peut avoir une interaction. Et elles peuvent aussi agir sur la matière.

Appelons ces êtres des substances spirituelles.

La question est de connaître leur identité.

Premièrement elles sont multiples et diverses – ce que les religions païennes montrent bien de par la diversité des divinités adorées.

Ces esprits ne sont pas tout puissants : l’homme peut les fléchir, ils s’éclipsent parfois et se font la concurrence souvent.

Ils existent et agissent. La question est de savoir pour quoi elles agissent.

Force est de constater que ces esprits spirituels – appelons-les anges, selon la terminologie classique de la théologie catholique, mais dont l’existence est prouvable par la philosophie naturelle -, en pays païens, sont souvent effrayants, tout en donnant de nombreux avantages temporels : pouvoir, guérison, succès, vengeance, etc.

Là, nous devons constater que ces anges correspondent justement parfaitement à la description des substances spirituelles de la théologie catholique, et qui apparaissent dans la bible partout.

Mais ils ne viennent pas apporter des messages du Dieu, comme dans la Bible.

Voici quelques exemples de représentation de ces divinités.

Qui sont soi ent littéralement démoniaques, soit lascives.

Les images ne sont pas importantes.

Mais quand on creuse les rites païens, nous retrouvons formules magiques, possessions, et la légitimité et volonté de trouver un bonheur terrestre.

Alors que sont ces divinités ?

Comme le dit le psaume 96 :

« tous les dieux des nations sont des démons ; * mais le Seigneur a fait les cieux. »

On me dira que ces êtres spirituels sont peut-être de bons anges.

Cela est impossible : un bon ange ne saurait permettre des choses qui vont contre la loi de Dieu et contre la loi naturelle, ne serait-ce que le fait qu’ils se présentent comme des dieux sans parler jamais de leur propre Créateur, ni de leur cause – car aussi supérieurs que soient ces êtres spirituels, leur multiplicité montre bien qu’ils ont une cause eux-mêmes (que les mythes d’ailleurs confirment, puisque il y a toujours une première divinité qui engendre les autres). La cause première est celle que l’on nomme habituellement Premier moteur immobile ou Créateur.

« De fait, jusqu’à l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le genre humain tout entier, à l’exception d’un tout petit peuple dépositaire de la promesse, fut et demeura sous l’empire de Satan. » (Mgr Delassus, La mission posthume de Jeanne d’Arc, ESR, p.72).

Conclusion

Nous pouvons néanmoins par la raison conclure que dans tous les autres cas que celui du 2-C, il faut abandonner ces croyances, manifestement fausse à la lumière de la raison naturelle.

Il ne reste plus alors que la possibilité 2-C.

Pour un fidèle catholique, la question est évidente : toutes les écritures en témoignent quand elles décrivent les peuples anciens soumis aux dieux païens, les missionnaires le confirment quand ils rencontrèrent ces religions, et les faits, comme les persécutions anti-chrétiennes, tendent à le prouver a contrario : ces démons, détestant Jésus, font tout pour éviter que son Évangile soit porté sur toute la planète.

Admettre cette petite partie de la théologie catholique, faire ce pari, permet de tout comprendre clairement…

Du moins je m’adresse à des personnes qui n’ont pas la foi : je ne peux faire le pari à leur place.

Ce que je peux leur demander du moins, c’est de se poser honnêtement la question de la nature de ces êtres spirituels en examinant les faits du passé, leur doctrine, les maîtres. Sont-ils vraiment bons ? Recommandent-ils toujours des choses morales ? Les maîtres, même exemplaires, le sont-ils vraiment ? Les rites n’entraînent-ils pas à des immoralités, à des relativisations morales, ou encore à des cas de possession ? A quoi sert la discipline de ces religions ? Je veux dire, quel est le but assigné aux enseignements ? Qui y arrivent ? Comment ?

Moi je ferai le pari : quand il y a un risque de servir un être démoniaque, il vaut mieux arrêter tout de suite.

Pour se tourner vers qui ?

Je ne peux qu’indiquer Jésus-Christ, qui, quand on s’intéresse à lui, à son enseignement et à son exemple, et encore à ses témoins (les martyres, les saints, et son Église) est manifestement le Fils de Dieu…

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Lacvivier

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