Sacrés Yankees…
Il n’y a vraiment que les Etats-Unis pour nous épater autant. Après des décennies d’omnipotence mondiale où cette ex-colonie britannique s’est donné des airs de grand justicier, après l’invention du BigMac, après l’élection de l’homme le plus puissant du monde pour sa couleur de peau, après le rap, les hummers et autres perles hollywoodiennes, voici le « shutdown ».
De quoi s’agit-il ? Le shutdown est une situation à laquelle les Etats-Unis n’ont pas été confrontés depuis 17 ans. Un bras de fer parlementaire bloque le vote du budget, et ainsi les administrations fédérales ferment leurs portes jusqu’à nouvel ordre.
Barack Obama ne souhaite pas repousser d’un an la mise en application de son plan de santé « ObamaCare », tandis que les républicains le demandent fermement. Le dénouement viendra peut-être d’un éclatement de ce dernier, tiraillé depuis des années entre la frange modérée et celle du Tea Party et de la droite dure étatsunienne.
Si cette situation n’a jamais excédé un mois, elle devrait dans ce cas se délier rapidement. La tension est trop forte pour que les deux partis restent campés sur leur position, au prix de leur crédibilité. En attendant, les contrôleurs aériens, militaires et autres personnels hospitaliers, restent sur le pont.
Néanmoins 1700 des 1800 employés de la Maison-Blanche restent chez eux, comme leur 800 000 camarades interdits même de consultation des courriels professionnels. Si Barack est obligé d’aller pique-niquer sur un banc de Washington (les parcs sont fermés) avec les représentants privés de cuisiniers, alors la realpolitik, peut-être, fera un miracle…
Heureusement que nous n’avons pas importé la belle invention du « shutdown » en France. Notre système d’Etat-Providence aurait provoqué un écroulement encore plus surréaliste qu’aux Etats-Unis. Mais nous avons la chance d’avoir un système bipartiste où les meneurs politiques sont presque tous de mèche. Aucun risque de véritable bras de fer. Et dans le pire des cas, le génie français aura inventé une provision d’urgence : voilà un beau concept à exporter outre-atlantique. Montebourg ! Le commerce extérieur !
On se souvient bien que sous Louis XVI, c’était la France qui avait permis aux Etats-Unis d’Amérique de s’affranchir de l’Angleterre. Lafayette doit se retourner dans sa tombe…
Julien Ferréol