[Point de vue] : La chancelière allemande Angela Merkel réélue pour un 4ème mandat
Dans un café super branché de Marseille (le Mundart) où avaient lieu les élections législatives allemandes, une joyeuse ambiance ce dimanche 24 septembre : les partisans d’Angela Merkel (CDU), venus très nombreux, s’attendent à un quatrième mandat pour cette chancelière qui assure la stabilité dans son pays, ce qui n’est pas le cas pour son challenger Martin Schulz (SPD). 70% des attablés sont Allemands, les autres comme moi intéressés par les résultats, et comprenant assez bien l’allemand pour entrer dans les discussions, vont essayer de suivre dans un brouhaha indescriptible. Elle est où la discipline allemande ?
Ici, on ne parie pas comme en Angleterre, mais on assure que les jeux sont faits sans que la chancelière ait eu à faire campagne. Au pouvoir depuis 2005, celle que les Allemands surnomment “Mutti” (maman) a traversé les années sans subir l’usure du pouvoir. Mon voisin de table, un jeune et charmant historien du nom d’Alexandre (le Grand – version moderne) m’explique qu’elle incarne un conservatisme modéré et moderne auquel tout le monde peut adhérer. « Elle domine le centre, il faut donc se positionner à l’extrême gauche ou à l’extrême droite du spectre politique pour incarner une opposition. Ce n’est pas pour rien si les deux partis extrémistes ont presque 20% ensemble dans les sondages ». Et d’enchaîner : « Elle peut faire une coalition aussi bien avec les Libéraux du FDP (droite), que les sociaux-démocrates (SPD) ou les Verts (gauche). Cela ne lui pose aucun problème. Elle est compatible SPD, Verts et Libéraux ».
En fait, il ne faut jamais oublier que la chancelière est une mathématicienne, remarquable d’ailleurs, qui fait d’elle une redoutable négociatrice dans tous les domaines. On sait l’appeler quand tout va mal. Elle est la personnalité incontournable non seulement de la vie politique allemande, mais internationale.
Plusieurs facteurs expliquent cette adhésion. Traditionnellement, les chanceliers inspirent confiance. Helmut Schmidt (1974-1982), Helmut Kohl, qui a effectué quatre mandats (1982-1998, record en Allemagne), et même Gerhard Schröder (1999-2004) en ont bénéficié. L’Allemagne est un pays qui a connu des soubresauts importants dans son histoire. Les Allemands détestent l’instabilité politique et économique.
Angela Merkel : elle rassure dans un monde instable. La politique de Mutti est raisonnée, dépassionnée. Il n’y a pas de volonté de renouvellement démocratique, elle ne dérange personne, elle arrange tout le monde, alors elle doit rester et elle va rester. Avec elle, même en cas de tempête, le vaisseau sera dirigé d’une main de maître.
De Marseille, de Lyon, de Paris, de France, nous lui adressons toutes nos félicitations et vœux de réussite. Nous l’avions suivie avec l’arrivée des migrants et admiré sa gestion de l’intégration (même si tout n’est pas réussi) qui atteste de ses capacités intellectuelles et humaines à maîtriser toutes les situations. Bravo Madame la Chancelière, nous allons venir vous voir prochainement à Berlin.
Solange Heisdorf
NB : article écrit à la sortie du café juste après minuit dans un état de joyeuseté intéressant, en brandissant nos petits drapeaux allemands et en buvant une bonne bière allemande. Il part quand le train pour Berlin ?