Paris-(Berlin) brûle-t-il ?
Si Jean-Marc Ayrault est incapable de convaincre les français de sa politique, il parle couramment l’allemand et cette maîtrise de la langue de Goethe constitue l’une de ses seules qualités intéressantes en tant que Premier ministre. Il est vrai qu’il est aussi plat, mou et placide : mais ce manque d’autorité, bien qu’il soit utile sous la Vème reste pitoyable en soi.
Le locataire de Matignon, faute des qualités qui sont nécessaires à un véritable homme d’état, dispose d’une équipe maîtrisant Twitter et a envoyé des messages d’apaisement à l’égard de l’Allemagne, en français et en allemand.
Paris-(Berlin) brûle-t-il ?
Sur la base d’une œuvre de réconciliation postérieure à plusieurs guerres monstrueuses dont la France et l’Allemagne furent de grands protagonistes, les deux nations ont eu à cœur de construire un partenariat fructueux. De la CECA à l’UE en passant par la CEE, la construction européenne aura vu Paris et Berlin être ses deux phares. Les gestes forts de présidents de la république française et de chanceliers allemands sont restés gravés dans les mémoires collectives, comme signes d’une réconciliation exemplaire.
Les deux dirigeants de droite Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont travaillé dans cette continuité.
Mais depuis l’élection d’un socialiste à la tête de la France, les tensions apparaissent. Des signes d’agacement pointaient le bout de leur nez depuis quelques mois (au sujet de prétendues « leçons » données par l’Allemagne à la France). Harlem Désir appelait à « être à la pointe de la confrontation » (sic), avec la « chancelière de l’austérité » (re-sic), celle que le ministre des marinières Montebourg accusait il y a quelques mois de mener une « politique à la Bismarck »1. L’accusation socialiste « d’intransigeance égoïste » envers la chancelière de ce week-end parachève la situation.
Non, ces gesticulations de l’aile gauche de la rue de Solférino n’ont pas la carrure pour ressusciter certains vieux démons que personne ne souhaite voir resurgir en ces temps de confusions. Néanmoins ils mettent en relief deux réalités :
- La difficulté, de plus en plus grande en ces temps de crise, qui est rencontrée par la construction européenne, aujourd’hui attaquée en son cœur fondateur.
- Le culot des excités à deux tiers communiste de l’aile gauche du PS qui oublient bien vite que leur scandaleux programme économique mène la France à l’abîme alors que l’Allemagne est aujourd’hui le seul pays excédentaire de la zone euro2 et qu’il est préférable pour l’honneur de la France d’oublier l’idée de comparer les deux balances commerciales.
Sans faire de l’Allemagne un modèle absolu, ces tensions doivent amener les français à mépriser leurs instigateurs et les inviter à l’humilité quant à leurs convictions dans leur modèle économique virant au rouge et dans leurs certitudes fédéralistes. Pour le bien des deux côtés du Rhin.
Julien Ferréol
1 Avant de s’écraser piteusement à son arrivée au gouvernement en saluant toujours très respectueusement Angela Merkel, qu’il ne se permet plus de critiquer dans les médias. Il faut croire qu’Arnaud a le même courage avec Angela qu’avec Lakshmi.
2 Oui ! C’est possible !