Le Japon entre dans une nouvelle ère ! Longue vie au roi.
La nouvelle a fait un certain bruit dans le monde : un nouveau Tennô (titulature spécifique au Japon, traduit habituellement par Empereur), roi du Japon, est monté sur le trône le 1er mai dernier.
Sa Majesté maintenant retirée a abdiqué en faveur de son fils aîné, qui est ainsi devenu Sa Majesté régnante – (connus sous le nom d’Akihito et Naruhito dans la presse occidentale, mais cela est affreusement irrespectueux, car ceux sont leur nom d’enfance, normalement privé et réservé à la famille, il n’y a pas de noms de familles non plus, puisque la famille royale seule n’a pas besoin d’être identifiée par un nom de famille, tout le monde les connaît ainsi que leurs ascendants, et c’est en fait le Tennô qui octroie les noms de famille au Japon dans l’histoire longue).
Et comme cela est la coutume, le nom de l’ère a changé, car c’est la Cour qui historiquement décide du nom de l’ère, sorte de « rogation » spécifique aux divinités pour attirer les grâces sur le royaume avec un vœu particulier. Depuis le dix-neuvième siècle les ères recouvrent exactement les règnes, et l’on change donc d’ère à chaque nouveau règne.
Après l’ère Showa (1926-1989), une des plus longues de l’histoire, et qui noie ainsi la rupture de la guerre et de sa défaite dans l’unité royale de la personne impériale, et l’ère Heisei (1990-2019), qui a heureusement confirmé le respect des coutumes immémoriales malgré le carcan légal contraignant, nous voici donc dans l’ère Reiwa.
Pour l’occasion, les japonais ont pu profiter de 10 jours de vacances, et cela n’arrive vraiment qu’une fois par ère si on peut dire– bien moins que pour les morts d’évêques donc – je peux témoigner.
Il faut de plus ajouter un élément important : l’abdication s’est faite sur volonté royale, dans un discours d’août 2017. De façon « royale » naturellement. C’est-à-dire qu’il n’y pas eu de demande directe de la part du Tennô, mais la demande aux sujets de comprendre ses intentions et de respecter ses volontés non-dites. Ce qui fut fait, malgré le fait que le carcan constitutionnel, horriblement démocratique sur le papier, interdit normalement ce genre de chose. Ce fut la troisième fois de l’histoire qu’un Roi s’adressait directement aux sujets, après le discours du Tennô Shôwa le 15 août 1945 pour la défaite, celui du Tennô retiré Heisei après la catastrophe du Tohoku en 2011, puis donc en 2017 au sujet de l’abdication. Le descendant divin qui s’adresse aux sujets est une chose rare au Japon, il faut savoir maintenir le sacré même dans ce monde sécularisé, l’inertie des coutumes aidant. Les sujets accueillent la volonté royale humblement, les politiques se dépêchent d’obtempérer. La démocratie n’a pas encore tout corrompu au pays du soleil levant.
Contre l’attente de certains grincheux démocratiques et révolutionnaires, et malgré une certaine dissolution de la culture ces dernières décennies, la famille royale nipponne et l’avènement ont levé l’engouement des foules.
J’ai moi-même participé aux apparitions royales organisées spécialement le 4 mai sur le parvis du Palais Royal pour l’occasion. Que cela fait plaisir de pouvoir crier « Longue vie au Roi ! » de façon naturelle, normale et partagée ! Arrivé sur les lieux à 8h30, nous n’avons pu rentrer sur la place du Palais que pour la troisième apparition de midi pile. Sous un soleil de plomb, nous étions bien serrés sur la place immense, et plusieurs personnes ont perdu connaissance d’ailleurs du fait de la chaleur… Voir le Roi cela se mérite ! Sur la journée, au moins 140 000 mille personnes sont venues acclamées le nouveau Roi. Ce n’est pas rien. Il y a 50 ans, il n’y avait pas grand monde, selon les dires des aînés. Les jeunes, comme chez nous, redécouvrent leurs racines.
Reiwa (令和) pourrait se traduire formellement par « réaliser l’harmonie », même si la traduction officielle adoptée par le gouvernement japonais fut « belle harmonie », en anglais « beautiful harmony ». Le nom vient lui-même d’un poème japonais antique – une première, habituellement le nom de l’ère est tiré de livres classiques écrits en chinois – évoquant la floraison des fleurs de pruniers à la fin de l’hiver, priant ainsi pour la floraison d’une véritable harmonie, ou encore paix, ou encore justice.
Prions pour qu’elle soit aussi spirituelle.
Nous avons d’ailleurs aussi prié dans notre paroisse pour le Roi du Japon, officiellement, naturellement ; c’est plaisant, c’est important.
Que Dieu bénisse ce royaume vénérable, le préserve et lui indique la voie à prendre !
Paul de Beaulias
Pour Dieu, pour le roi, pour la France
Oratio pro Imperatore
V. Dómine, salvum fac Imperatórem nostrum.
R. Et exáudi nos in die, qua invocavérimus te.
Orémus.
Quǽsumus omnípotens Deus, ut fámulus tuus Imperátor noster, qui tua miseratióne suscépit regno prǽesse, virtútum étiam ómnium percípiat increménta : quibus decénter ornátus, et vitiórum monstra devitáre, et ad te qui via, véritas, et vita es, cum Imperatóre Emérito, Imperatríce Emérita, Imperatríce cónsorte et prole imperiáli, gratiósus váleat perveníre. Per Christum Dóminum nostrum.
R. Amen.
Prière pour l’Empereur
V. Seigneur, sauvez l’Empereur ;
R. et daignez nous exaucer au jour que nous vous invoquerons.
Prions.
Accordez à nos prières, Dieu tout-puissant, que votre serviteur notre Empereur, qui, par votre miséricorde a reçu la conduite de ce pays, reçoive aussi l’accroissement de toutes les vertus ; afin que, revêtu de leur force, et saintement orné de leur éclat, il ait les vices en horreur, comme autant de monstres ; et qu’agréable à vos yeux par ses bonnes œuvres, il puisse enfin arriver, avec l’Empereur émérite, l’Impératrice émérite, l’Impératrice et les descendants impériaux, jusqu’à vous, qui êtes la voie, la vérité et la vie; par Christ, notre Seigneur.
R. Ainsi soit-il