La gestion de crise en démocratie – la réunionite
La société chavire, le pays meurt, les communautés se désintègrent… si la réalité n’était pas si terrible nous en aurions des occasions de rire un bon coup.
Prenons par exemple une gestion de crise lambda en épidémie dans une filiale quelconque d’une « grand groupe » sans importance. Le « chef » a des pouvoirs si étendus que même le tyran antique ou le propriétaire d’esclave paraîtrait quasiment impuissant à côté de lui. L’autorité est, elle, à zéro, et ne cherchez pas de chefs, vous ne les trouveriez pas un instant.
Imaginez la crise : affolement général, silence radio malgré le délitement du morale des troupes laissés à leur initiative – toujours quand on a besoin d’être dirigé, plus personne n’est là, en revanche, pour ce qui est de vous harceler sur tous les détails « compliance » et autres procédures qui pourrissent vos journées et entravent tout mouvement, il y a toujours foule de caporal – en vous rappelant souvent que « l’entreprise » ne vous fait pas confiance un instant et que vous ne devez surtout pas réfléchir (ce qui, soit dit en passant, prépare des catastrophes de grande ampleur, car les gens suivent et ne s’embêtent pas, pour le meilleur si le chef bon, pour le pire quand le chef est mauvais ou inexistant).
Cela mis à part, l’arrivée de la crise révèle bien tous les défauts de la gestion libéralo-démocratique qui, par définition, est autoritariste : sans légitimité ni honneur, sans volonté ni vision claire des choses, elle s’impose sur des points secondaires par la force usée sur les plus faibles, sans vergogne qui plus est, mais incapable de s’occuper des véritables problèmes qui la concernent pourtant au premier chef.
Imaginez : une crise, bien grande, une épidémie grave par exemple. Mauvaise décision par excellence, tiède, trop lourde ou pas assez radicale : « on » décide, sans que personne ne sache ni comment, ni pourquoi, ni sur quels critères, de diviser les équipes en différents lieux, dont certains chez eux, une minorité tout de même (n’exagérons pas trop non plus on ne sait jamais), les équipes se retrouvent divisées. Soit disant pour protéger la santé des employés, en vérité surtout pour protéger le chiffre d’affaires – car évidemment personne ne s’est préoccupé de vérifier qui était à risque, ou avait des personnes à risque dans son entourage, et seule une minorité travaille de la maison.
Et, en prime, silence radio des « chefs » pendant des longues semaines, quand dehors la panique règne et l’incertitude fait des ravages. Drôle quand même : ces amoureux de la communication intempestive sont tout d’un coup bien silencieux… quand pourtant il faut être présent.
Et puis, enfin, une annonce – téléphonique évidemment puisqu’il est interdit de se voir physiquement, et j’oubliais les masques obligatoires au bureau, on se croirait à l’hôpital…
Contenu : nihil. Ou plutôt « on discute en de hautes sphères tous les jours, ne vous inquiétez pas ».
Ils discutent ! C’est gentil. Comme les parlementaires. Ça parle. Ça parle. Ça parle.
Nous préférerions que ça ne parle peu mais qu’ils agissent vraiment…
Vivement la restauration, le réel ne tolérera plus longtemps cette incurie générale qui devient trop criante pour rester invisible…
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,
Paul de Beaulias