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Entretien accordé par Louis de Lauban à Vexillia Galliae, sur le légitimisme et le CAL.

Propos recueillis par Jean de Carafre

 

Pouvez-vous en quelques mots rappeler les origines historiques du légitimisme en France ?

Le légitimisme est sans doute le plus ancien courant politique de France. Si formellement, le terme n’apparait, et le mouvement ne se structure qu’en 1830 après l’usurpation du trône par Louis-Philippe d’Orléans, on pourrait le faire remonter aux premiers Capétiens, voire même à Clovis. La fidélité des barons, des chevaliers et des milices populaires envers Philippe Auguste à Bouvines en serait alors la première manifestation formelle. Nos saints rois et reines sont pour nous la marque de l’amour particulier de Dieu pour les Français et leur saint royaume. La mission de Sainte Jeanne d’Arc, vraiment sainte de la légitimité, est ce qui nous donne la certitude que nos convictions politiques sont justes, ordonnées au bien commun et que le Seigneur les considère avec bienveillance.  Nous nous reconnaissons aussi bien dans tous ceux qui luttèrent dans la suite des temps pour Dieu, la France et le Roi, en particulier au temps de la Révolution, parmi les Chouans, les Vendéens et les autres, comme à l’Armée des Princes ou dans les rangs des Volontaires Royaux de 1815.

Mais le roi, qui est-il d’après vous ? et pourquoi d’autres monarchistes ne le reconnaissent pas ?

Après 1830, la fidélité sans faille à la branche aînée de l’Auguste Maison de France ou Maison de Bourbon actuellement représentée par S.A.R. Louis de Bourbon, Duc d’Anjou, en droit S.M.T.C. Louis XX, est la caractéristique la plus connue des légitimistes. Après la mort d’Henri V, le Comte de Chambord, cette fidélité s’est reportée sur les aînés suivant, issus du rameau qui règne encore en Espagne. En effet, comme les Français de l’Ancien Régime, nous sommes persuadés que Dieu est l’auteur des lois fondamentales du Royaume, que nul homme – pas même le roi -, nul traité, ne les peut modifier. Ainsi, le concept révolutionnaire de nationalité ne peut en rien retirer à un prince des fleurs de lys, les droits qu’il tient de son sang. Ce dernier point explique la querelle dynastique qui nous oppose aux mouvements orléanistes qui favorisent des princes d’une branche cadette rendue infâme par les crimes de ses ancêtres et sa volonté toujours renouvelée de bénéficier de leurs fruits. Comme vous le dites, ce ne sont là que des monarchistes, pas des gens qui veulent rétablir la royauté capétienne traditionnelle, même s’ils prétendent le contraire, leur réflexion est corrompue par leur subjectivité et une façon de penser aux accents révolutionnaires.

Le légitimisme est-il réductible à cette fidélité à Louis XX ?

La caractéristique principale du légitimisme n’est certainement pas cette fidélité dynastique qui s’explique par notre attachement aux lois fondamentale regardées comme l’ouvrage de Celui qui a établi toutes les royautés. Le légitimisme est le fait de se soumettre au droit naturel, à la raison, à la morale et à l’équité. C’est pour cela que nous sommes fidèles à l’aîné salique des Bourbons, hors de la légitimité bourbonnienne, nous ne voyons qu’anarchie, tyrannie et despotisme, les fruits mauvais de la révolution à laquelle le légitimisme est absolument opposé. En effet, le légitimisme est essentiellement contre-révolutionnaire. Pour nous, la révolution est satanique par essence. Elle est à nos yeux la destruction du monde surnaturel par la négation de Dieu, du Christ, de l’Église, de l’âme, du Ciel et de l’enfer ; et du monde naturel par la destruction de la société, des libertés, de l’État, de la patrie, de la famille et désormais des réalités biologiques. De tout cela découle le fait que les légitimistes rejettent les idéologies et les régimes politiques issus de la révolution. Ce qui signifie nous sommes fondamentalement opposés au libéralisme, au socialisme et au nationalisme ainsi qu’à tous les instruments de domination politique illégitime qu’ils ont imposés ou souhaitent imposer à notre malheureux pays depuis plus de deux siècles.

Que pensez-vous de ceux qui vous qualifient de « louisvingtistes » ?

Tout ce qui est excessif est insignifiant. A l’évidence cette expression est idiote ou malveillante et sans doute les deux en même temps. Vous comprendrez donc que les néologismes stupides comme ce terme de « louisvingtistes » nous laissent de marbre. C’est là l’invention d’un étranger à l’esprit corrompu par l’ambition, bien connu pour ses perversions en tous genres, et dont le comportement prétentieux révèle essentiellement un mégalomane dénué de talent, en somme un petit faiseur sans envergure qui ne cherche qu’à insulter le roi et des fidèles pour semer la division dans son seul intérêt. Je n’y attache pas beaucoup d’importance, mais je me demande comment un personnage aussi malfaisant que médiocre peut encore chercher à influencer la « roycosphère » alors qu’il y a au moins 15 ans que ses turpitudes, ses affabulations et ses origines douteuses sont connues et exposées. Les pratiques interlopes, les affabulations et les truandries du personnage bénéficient d’une bien étrange bienveillance, apanage de l’opposition contrôlée et des membres  de certaines organisations bien logées ou de carrières à cosmopolites. Mais ne perdons pas plus de temps avec ce genre de pollution, il y a bien des moyens de se former à une doctrine légitimiste et royaliste pure qui ouvrira les yeux aux aveugles que ce genre d’erreur n’attire qu’un temps.

Justement, vous êtes membre du Comité Directeur du Cercle d’Action Légitimiste, pouvez-vous nous présenter succinctement cette organisation ?

Pour ce qui concerne le Cercle d’Action Légitimiste (CAL), nous sommes une association légitimiste fondée en 2015 par Loïc Baverel (qui est en toujours le président), issue d’un cercle de l’Union des Cercles Légitimistes de France (UCLF) qui lui-même avait été créé en 2012. Le but du CAL est politique et vise à professionnaliser la démarche militante afin de promouvoir les principes légitimistes. Son objet est de faire rayonner les principes du Légitimisme et la Doctrine Sociale de l’Église dans les sphères sociales et politiques. Français fidèles, royalistes et légitimistes, nous sommes pour une royauté capétienne traditionnelle, statutaire, consultative et subsidiaire. Notre organisation compte plusieurs centaines d’adhérents. Dans la mesure où cela leur est géographiquement possible et dans le respect de leurs devoirs d’état, certains membres s’organisent en sections dans les villes (pour les 18-35 ans) ou en délégations départementales ou régionales (au-delà de 35 ans). Pour les plus jeunes, nous sommes associés au Cercle Royal des Enfants de France (CREF). Comme vous le savez, le CAL possède depuis quelques années le journal en ligne et désormais papier Vexillia Galliae pour lequel vous officiez et qui est un des organes les plus dynamique du légitimisme contemporain. Si nous ne rejetons personne dans l’espoir d’amener à une conversion, la grande majorité – pour ne pas dire la quasi-totalité – de nos cadres dirigeants sont des catholiques fidèles à la messe dans son rite de toujours et au magistère de l’Église.

Est-ce à dire que seuls les catholiques fidèles à la Tradition, les traditionalistes en somme, peuvent vous rejoindre ?

Pas du tout ! Affligés par les tribulations qui affectent la barque de l’Église depuis plus de soixante ans, nous déplorons les dérives que l’on peut observer depuis les années 1960. Cependant, nous rejetons le sédévacantisme comme imprudent, tout en ayant les plus grandes réserves vis-à-vis de ce que l’on peut entendre et voir à Rome. Et puis nous acceptons tous les Français qui ressentent dans leur cœur la fidélité au Roi et à la Patrie, nonobstant leurs inclinations religieuses ou leurs origines sociales. Bien sûr, si tous se convertissaient finalement à la foi catholique, nous en serions très heureux, nous espérons les convertir par notre exemple, mais nous n’en faisons pas un critère de rejet et nous ne cherchons pas à leur forcer la main, en cette matière nous préférons la douceur à la contrainte, et l’exemple à la mise en demeure, agir autrement ce serait les perdre pour notre foi politique (le légitimisme) et les éloigner encore plus de notre foi religieuse (le catholicisme). Simplement, il est interdit à nos membres de critiquer la foi catholique, de faire la promotion d’une secte quelconque en notre sein, de promouvoir des idées schismatiques ou hérétiques ou d’attaquer la fidélité à la tradition. Surtout, par humilité, nous préférons ne pas nous engager dans les débats théologiques, du moins au titre du CAL, de ses sections ou de ses délégations.

Pour rebondir sur votre dernière phrase, pouvez vous nous parler des actions de vos sections et délégations et si possible expliquer ce qui les différencie ?

Et bien, commençons par la fin, ce qui distingue sections et délégations. Pour faire simple, les sections sont plutôt centrées sur des villes, et destinées aux 18-30/35 ans, étudiants ou jeunes actifs. Les délégations sont plutôt départementales ou provinciales (au sens des provinces d’Ancien Régime) et pour les membres à partir de 30 ans. La séparation n’est pas rigide et si des sections se trouvent sur des territoires où il y a aussi une délégation, elles peuvent participer à des activités communes. Ii y a un côté pratique aussi, les membres des sections ont plus tendance à vivre sur un territoire limité (une ville et ses environs) tandis que ceux des délégations peuvent être plus éloignés car ils peuvent vivre à l’un et l’autre bout de leur province. Les activités principales de nos sections et délégations sont l’organisation de conférences, la participation à des messes, des activités militantes (collage d’affiche, stickage, banderoles…), des activités de cohésion, la participation au service d’honneur ou de sécurité lors de manifestations légitimistes et une grande activité sur les réseaux sociaux.

Comptez-vous participer aux élections ?

Pas vraiment. Nous considérons la Ve République comme étant un régime de fait, qui se dit république, mais qui n’est en réalité qu’un régime d’occupation qui n’est que l’institutionnalisation de la révolution. Précisons qu’il s’agit de l’occupation du territoire du Royaume de France par le régime en question. Dans ces conditions, accepter le jeu de ces institutions révolutionnaires serait une grave erreur. D’ailleurs d’Henri V à Louis XX, les rois titulaires de France considérant les différents régimes issus de la révolution comme illégitimes, n’ont que rarement encouragé la participation à l’électoralisme trompeur. Alphonse II disait « j » ne suis pas pour la république, je ne vais donc pas participer à l’élection d’un président de la république. » Notre position officielle est l’abstention, nous laissons nos membres libres de participer, c’est entre eux et leur conscience, mais il est hors de question de se présenter à une élection au niveau nationale. Nous rejetons aussi tout soutien de notre mouvement à des candidats affiliés à un parti politique ou à des candidats à des élections nationales. Nous n’encourageons les nôtres qu’à participer aux municipales, sans brigue, de préférence dans les communes rurales et toujours sans étiquette.

 

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