Le Peintre Charles de la Fosse : sa carrière est indissociable du règne de Louis XIV
Coup de projecteur sur l’un des plus grands peintres du XVIIIème Siècle. Peintre presque oublié durant deux siècles, Charles de la Fosse se voit réhabiliter par cette première exposition à son nom dans le cadre ” Versailles célèbre en 2015 le Tricentenaire de la mort de Louis XIV “.
En guise d’ouverture de l’année Louis XIV le château a décidé de mettre en lumière l’œuvre de cet immense artiste, par une Exposition inédite du 24 février au 24 mai 2015 à Versailles. Elève de Charles le Brun et ami de Watteau, Charles de la Fosse (1636-1716) a réussi à introduire des idées nouvelles auprès de la cour.
” Son œuvre traduit l’importance prise par les coloris dont il se fait le porte-parole à Versailles. Peintre des Femmes et des Anges, il marie la couleur et ouvre les cieux vers le XVIIIème Siècle ” précise Béatrice Sarrazin, l’une des trois commissaires de l’Exposition.
C’est l’un des peintres préférés du Roi-Soleil, il a participé aux grands décors historiques du Château de Versailles, en particulier le Plafond du Salon d’Apollon.
Le parcours de l’Exposition souligne les différentes facettes de son talent, et puisant ses racines chez les maîtres tels que Poussin et le Brun. Sait également se renouveler au contact de la peinture vénitienne et flamande. Pour créer une peinture séduisante et légère, favorisant la couleur plutôt que le trait. Il a sa place ainsi comme novateur et précurseur du XVIIIème Siècle.
Cette exposition présente une quarantaine de peintures et autant de dessins remarquables, notamment ceux de la technique des trois crayons (pierre noire, sanguine, rehauts de blanc) héritée de Rubens.
Considéré comme l’un des meilleurs peintres de son temps, le génie de Charles de la Fosse participa à tous les chantiers royaux des Tuileries, du Château de Versailles et des Invalides. Son œuvre est aussi remarquable par ses nombreux dessins.
En introduction à l’Exposition monographique qui lui est consacrée dans l’appartement de Madame de Maintenon, l’œuvre de Charles de la Fosse est à redécouvrir. Au travers des grandes compositions réalisées pour la Chapelle Royale, le Salon de Diane ou le Salon d’Apollon restauré à cette occasion. Ce parcours révèle la Fosse comme l’un des créateurs majeurs du décor de Versailles.
Formé en Italie, où il demeure cinq années, il embrasse la carrière académique à son retour en France, avec l’Enlèvement de Proserpine, son morceau de réception (1673) et devient directeur de l’Académie Royale de peinture et de sculpture de 1699 à 1702.
Les six secteurs de l’Exposition permettent aux visiteurs de retracer la carrière de l’artiste :
– Les commandes pour les Maisons Royales (Versailles, Trianon, Marly et Meudon) montrant son grand talent de décorateur.
– Le dessinateur, expert de la technique des trois crayons (Pierre noire, Sanguine, rehauts de blanc)
– La tradition académique autour de son morceau de réception de 1673 : l’Enlèvement de Proserpine.
– Le triomphe de coloris marqué par le goût pour la peinture vénitienne du XVI ème Siècle et la tentation rubénienne.
– Les commandes pour l’Eglise et pour la cour.
– Un précurseur du XVIIIème Siècle qui marque l’évolution de la création artistique au tournant du Siècle et auquel vont ses référer les grands artistes du XVIIIème Siècle comme Watteau, Lemoyne ou Boucher.
Charles de la Fosse, un Maître oublié ? Pourtant il connut une longévité peu commune, il vécut quatre-vingt ans et travailla jusqu’aux derniers jours. Sa carrière est indissociable du règne de Louis XIV. Sa curiosité passionnée pour les maîtres anciens explique son évolution stylistique.
La place de Charles de la Fosse dans l’histoire de la peinture va certainement être reconsidérée.
La ” Querelle du coloris ” en 1671, Philippe de Champagne donne une conférence à l’Académie Royale de peinture dans laquelle il réaffirme la suprématie du dessin sur le coloris. Cette intervention ouvre un débat interne à l’institution où s’affrontent partisans de la couleur et défenseurs du dessin.
Héritier de Rubens, la Fosse défend la place égale de la couleur au dessin, considérait que ” La peinture doit s’adresser aux sens plutôt qu’à l’esprit “. Sa nomination à la tête de l’Académie en 1699 est considérée comme la victoire des coloristes.
Eric Muth