Histoire de pigeons.
Vous passez en France, dans une grande ville, ou même une plus petite. Vous croisez les pigeons français. Et peut-être d’ailleurs dans le métro.
Pauvres volatiles qui malgré leur nom semblent ne plus pouvoir voler. Ils devraient être bleutés et rosés, mais ils sont gris quand ils ne sont pas noirs, tout couvert de pollution. Leurs plumes ont- elles jamais été lisses et propres ? On ne l’imagine que difficilement. D’ailleurs, on imagine bien que le petit enfant qui aurait eu le malheur de ne connaître que l’enfer urbain pourrait innocemment croire que l’animal « pigeon » est un animal boiteux, boulimique de malbouffe, tant les pigeons métropolitains sont tous cassés, que ce soit une patte, quand ce n’est pas les deux, boitillant misérablement sur des moignons miséreux. Presque des pirates piteux qui auraient affronté on ne sait quelle prison et bordel sordides, souffreteux de toutes les maladies
pécheresses imaginables – peut-être est-ce une conséquence indirecte et improbable, comme un « clin d’œil » du ciel, des affiches publicitaires plus qu’indécentes incitant à la débauche et au vice qui se trouvent ici et là dans ces enfers souterrains et urbains ? Comme si ces pigeons avaient été détourné de leur nature et mis dans un état végétatif d’esclavage volontaire finissant sur un état pitoyable dont pourtant ils ne se rendent même plus compte, des morts-vivants.
Bref, ces pigeons font bien pitié, au minimum.
Vous revenez à Tokyo et vous vous promenez dans le métro – oui, on pourrait presque avoir envie de s’y promener ! – et là encore vous croisez des pigeons, d’ailleurs plus rares. Le petit enfant de France urbain habitué aux loques plumeuses aurait du mal à identifier le pigeon, qui ressemble vraiment à un pigeon : plumes luisantes, œil vif, bien équilibré et balancé, svelte. Belle couleur. Un pigeon en bref, un vrai. L’enfant du Japon urbain, qui aurait aussi le malheur de ne pas grandir à la
campagne – car c’est toujours un malheur !-, saurait du moins ce qu’est un pigeon, et il pourrait même croire à tort que le pigeon ne défèque pas, car ils ne laissent jamais de trace – des employés invisibles gardent le lieu toujours propre, ou, qui sait, cela pourrait devenir le thème d’une nouvelle mystérieuse fantastico-mythique « le pigeon qui ne déféquait pas » pour un écrivain en mal de sujet. Là, les pigeons sont des pigeons, ils correspondent à leur nature et ont l’air bien, peut- être un peu sans but, ils ne migrent pas, mais ils sont vivants.
Pourrait-on y voir une allégorie de l’état de notre pays, de ses habitants et de ses mœurs ?
Vivement que la société royale réaffirme la nature humaine et lui fasse justice pour que nous puissions enfin vivre dans un environnement qui favorise nos destinées éternelles au lieu d’une dissociété mortifère qui nie intégralement notre nature.
Paul de Beaulias
Pour Dieu, Pour la France, Pour le Roi