Elles sont enfin identifiées
Elles étaient tout bonnement enfouies dans les profondeurs de l’Histoire. Pourtant pas un jour ne passe sans qu’un politicien, le ton solennel et grave, affirme son attachement aux valeurs de la République. Inutile de préciser, les valeurs républicaines sont, un point c’est tout.
Malheur à l’ignorant qui aurait l’audace de vouloir en savoir plus ; goûter aux fruits de « l’arbre de la liberté » est un péché républicain aussi mortel que le fut celui d’Eve au pied de « l’arbre de la connaissance ».
Un ami m’a transmis un article publié dans le bulletin des anciens élèves de l’EDHEC ; après avoir compulsé une bibliographie imposante, l’auteur de ce document s’est attaché à montrer que les qualités requises pour diriger une entreprise ou une République sont identiques. Selon le résumé ci-après je vous convie à en prendre connaissance, si j’ose me permettre ce terme qui a fait notre malheur !
“La conviction ferme de ceux qui mèneront Rome est faite de frugalité, de vie austère, de rigueur, d’engagement au service de la Cité. Rome, c’est d’abord l’homme romain, inspiré par trois valeurs et comportements forts : Fides, Pietas, Virtus.
Fides, qui engage à des liens permanents, à des engagements loyaux et toujours tenus. Pietas, qui reconnait toujours la valeur de ceux qui nous ont précédés et la force de l’esprit ; quand on ne croit à rien tout s’effrite. Virtus, qui est le cœur de la constance dans l’engagement, le courage, le combat.
Le rayonnement de Rome repose sur quelques principes fondamentaux :
– Une langue creuset de la culture ; forte, dense et sans fioritures. Le latin est pragmatique, un homme d’action. En caricaturant beaucoup le grec médite et ouvre l’esprit ; le romain construit.
– Un droit qui organise les rapports familiaux et économiques par des principes qui régissent les devoirs réciproques.
– Un statut, celui du citoyen romain qui fait rêver les peuples et diffuse un pouvoir d’aimantation. Le galvauder conduit à fragiliser l’identité nationale.
– Une armée forte, bien entraînée et soumise à une discipline sans faille.
– Un pouvoir qui gère l’unité. Le Sénat, l’élite romaine, et le peuple sont rassemblés dans une même unité.
Toute organisation humaine vaut par la qualité de ceux qui l’animent. Toute civilisation est mortelle… Toute République peut disparaître si la qualité de ses élites décline.
Trois mots expriment cette décadence, Avaritia, Ambitio, Luxuria.
L’avaritia est « la fureur du gain continu », l’ambitio est « ce que nous appelons l’arrivisme », la luxuria est « la volonté de toujours accroître le confort »”.
La décadence des élites s’est propagée dans le peuple et la République romaine a disparu.
Alors que les quatre premières filles de la Révolution de 1789 reposent au cimetière des Républiques où en est la cinquième ?
Où sont passées ses valeurs ? Fides dans les mensonges électoraux ? Pietas après avoir fait table rase du passé et vanté le matérialisme contre l’esprit ? Vertus quand l’alternance droite gauche tient lieu de persévérance et la lâcheté de courage au moment de voter un budget en équilibre ?
Que sont devenus ses principes fondamentaux ? Quand la langue française s’imprègne d’anglicismes réducteurs de la pensée et quand une plume féminine se proclame écrivaine ?
Quand le droit s’écrit sans mentionner les devoirs réciproques ? Quand le statut de citoyen se dilue dans « le grand remplacement » qui brouille l’identité nationale ? Quand le budget des armées sert de variable d’ajustement à celui de l’État ? Quand le découpage électoral, le mode de scrutin et les négociations de l’entre deux tours font qu’une partie du peuple n’est pas représentée au Parlement ?
En revanche pas de problème pour dénicher les mots qui expriment la décadence!
L’avaritia symbole de la cupidité d’une société « qui n’a que des banques pour cathédrales » ; l’ambitio est au centre des rivalités personnelles qui occultent les débats d’idées au profit des ambitions électorales ; la luxuria pose la recherche du confort et du plaisir comme fin dernière et le vagabondage sexuel présidentiel comme un comportement normal.
Au vu de ces symptômes, n’importe quel carabin en 1ère année diagnostiquerait une mort prochaine. Erreur profonde ! La France souffre, mais pas la République ; la première peut bien mourir dans la dignité, mais pas la seconde, dorlotée par l’ensemble du personnel politique, serviteurs zélés de son employeur unique, la République. Si, au hasard des urnes, la majorité bascule dans l’opposition, pas de problème le reclassement est assuré soit dans les institutions publiques, Commission, Haute Autorité, Conseil…, soit au sein des sociétés dont l’État est actionnaire.
Personne n’a jamais vu les rats se dévorer sur un plateau de fromages bien garni.
Au risque d’abuser de votre temps, je vous invite à relire les symptômes ci-dessus à la lumière du catéchisme de l’Église.
Vous constaterez que, tant pour établir le catalogue de ses valeurs et des principes qui en découlent que pour dénoncer les vices qu’elle pratique joyeusement au nom d’une liberté qui interdit d’interdire, la République a picoré dans les Dix Commandements et les Dons du Saint-Esprit ; mais en évitant soigneusement ceux qui traitent des devoirs envers Dieu. Normal, Il est inutile puisque Jean-Jacques a dit que les hommes naissent bons ; sans compter qu’ils n’ont pas été créés mais sortis de la soupe originelle mitonnée par Darwin, à partir de laquelle la chair s’est faite esprit !
Comme Adam et Eve furent tentés sous l’arbre de la connaissance, les républicains l’ont été sous celui de la liberté et comme eux ont péché par orgueil.
Toute République peut disparaître…et tout Royaume également.
Après le baptême de Reims le Royaume des Lys reposa non sur la séparation du spirituel et du temporel, mais sur leur distinction ; selon l’heureuse formule de Ph. De Villiers « le spirituel et le temporel s’irriguent mutuellement mais ne se confondent pas. »
Bien que source de nombreux conflits, cette complicité n’en fut pas moins féconde au point d’avoir édifié la France et forgé une civilisation.
Certains rétorquent que nos rois ont souvent utilisé l’Église pour asseoir leur pouvoir ; peut-être, mais fidèles aux promesses de Reims, ils ont toujours protégé l’Église. Ainsi Elle a pu diffuser son message de soutien auprès des hommes engagés depuis toujours dans le combat entre le bien et le mal, l’humilité et l’orgueil.
Les lys se sont fanés lorsque ce message est devenu inaudible ; d’abord aux oreilles des puissants puis à celles du peuple qui, trompé par l’exemple des premiers, tomba dans le piège.
Le Royaume des Lys a disparu, la République disparaîtra… Et la France ?
La France est une Histoire, un peuple et des frontières. Quand l’Histoire n’est plus enseignée, quand le peuple est remplacé, quand les frontières se réduisent à une ligne de démarcation entre des régimes fiscaux ou des SMIC différents, que reste-t-il de la France ?
Où sont les restes de l’homme français écartelé entre la franc-maçonnerie qui engloutit le spirituel dans le temporel et l’islam qui ligote le temporel dans le spirituel ?
Dans le premier cas il faudrait tout rendre à César, et tout à Dieu dans le second… liberté chérie prise entre deux totalitarismes. La sagesse et la liberté consistent donc à « Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Mais sans oublier que César est une créature de Dieu et que la dernière chose que tout homme rend à Dieu est son âme. Conclusion, à l’Église de travailler au salut des âmes et à César de ne pas gouverner contre la volonté du Créateur.
Dans ces conditions César ne peut être le président d’une République qui a picoré quelques valeurs de son choix dans l’enseignement de l’Église mais celui qui, après avoir reçu l’onction du Saint Esprit règne et gouverne sans enfreindre les Commandements.
Pour en arriver là il faut reprendre le chemin inverse de celui par lequel le Royaume des Lys a disparu, autrement dit que le peuple redevenu chrétien appelle à sa tête un César catholique, Roi de France.
D’où les deux formes de notre engagement : par une vie exemplaire, participer à la rechristianisation de la France et par une réflexion pertinente sur le pouvoir temporel, répondre à la question, un Roi pourquoi faire ?
Pierre Jeanthon