[Cinéma] La Planète des singes : le Nouveau Royaume, par Paul de Beaulias
Le film est aussi intéressant, d’un point de vue anthropologique, qu’il atteint une sorte de nullité de contenu assez impressionnante.
Disons que ce film reflète bien, paradoxalement, notre temps avachi, affaissé, en chute libre.
Soulignons d’abord que ce film est aussi vide dans le contenu qu’il est esthétiquement beau : il semblerait que les années passants « l’image » et la technique virtuelle, toujours plus performante, permettent de donner des effets spéciaux et des images toujours plus époustouflantes… mais le contenu et les dialogue, la trame comme la profondeur n’y sont plus depuis longtemps.
Ce film est en cela une sorte de caricature : tout en images de synthèses, très bien faites, dans une sorte de monde sauvage post-apocalyptique (avec des ruines recouvertes de verdure), et des dialogues de singes, qui baragouinent comme ils peuvent. Ils bégaient presque (cela semble faire exprès) comme montrant la chute de notre monde…
La trame de l’histoire, qui ne va nulle part, et qui veut faire semblant de prendre des références sur les films précédents, est légère, si légère, qu’il ne s’agit en fait que de se laisser porter dans cette nature jolie, et cette dureté tribale des singes…
Ce qui est comique c’est ce que transmet le film, en sachant d’où il vient.
Comme on le sait, la série « La planète des singes » est en fait très révolutionnaire au départ sur plusieurs aspects. Elle se fonde sur la théorie de l’évolution, erronée, d’une part, mais surtout retranscrit les vieux schémas gnostiques et cabalistiques : l’homme tout-puissant va créer un sage intelligent par la science acquise.
Mais un jour la créature se rebiffe et va se rebeller contre son créateur…au point de le remplacer.
Le schéma gnostique des hommes se rebellant contre Dieu, croyant le virer et prendre la place de Dieu se reconnaît bien et raconte toute notre modernité.
Ce qui est vraiment intéressant, dans ce film, c’est qu’il exprime tout à fait ce qui se passe une fois qu’on va au bout de cette révolution : fini le progrès, fini les lendemains qui chantent, c’est la décadence et la vie tribale…
Car le film montre un monde dominé par des singes, mais qui vivent comme des chasseurs-ceuilleurs primitifs, sans aucune culture, avec des mémoires de légendes, et bouffis en fait d’un orgueil qui a oublié que les singes (dans le film) étaient autrefois les serviteurs des hommes, et qu’ils leur doivent leur existence. Le film en effet cherche à exprimer une inversion complète : les hommes sont censés être des troupeaux, comme des animaux, qui ne parlent même plus…sauf que l’héroïne parle et se révèle en fait bien plus intelligente que tous les singes.
Simplement les singes ont le pouvoir, et par la violence et la force ils imposent ce qu’ils veulent, mais ils ne contemplent plus, ils ne réfléchissent plus ; sauf certains chefs, dans le film ce roi-despote faisant une sorte de culte de la personnalité, mais le faisant car apprenant auprès d’un homme cultivé qui lui raconte les épopée des héros et généraux romains, qu’il cherche à imiter…
Ces singes puissants sont des néo-barbares sans cultures éternellement inférieurs aux hommes civilisés qu’ils méprisent par ailleurs: n’est-ce pas le parangon de l’homme moderne face à l’homme chrétien?
Notons d’ailleurs que sur la série, les références récurrentes à César, Proximus et autres personnages des temps antiques traduit encore bien ce côté anti-chrétien de la série en général, qui veut revenir, par la renaissance, à l’antiquité idéalisée…qui n’est qu’un monde païen où l’hégémonie et le culte de la force (tant physique que morale) sont les mamelles de la civilisation.
Bref, le film présente en fait une sorte de monde déchu, vivant de façon tribale et comme des tribus primitives ; cet opus vient ainsi comme reconnaître ce qu’est le vrai résultat de la modernité et de la révolution, dans ces conséquences : décadence, dégénérescence, déchéance et chute, avec la perte de tout le patrimoine culturel, civilisationnel, et intellectuel.
Le film peut ainsi se lire – que les auteurs l’ai voulu ou non – comme une très bonne critique de la modernité, en montrant honnêtement les conséquences de la révolution.
Ce qui est drôle de plus, c’est que la volonté de garder des caractéristiques simiesques à ces singes humains augmentent la vulgarité générale des personnages, et la violence de ces tribus : on n’a même pas réussi à faire comme dans un film « avatar » où l’on veut faire croire que la société primitive proche de la nature est idéale et parfaite (ce qui est faux, elle est totalitaire, magique et dure).
On sent bien que le village des aigles voudraient montrer le visage d’une belle société harmonieuse, mais la description est trop légère, et rien ne fait rêver. De plus, les villages simiesques, fait de bric et de broc, de tentes et d’échafaudages, ne font vraiment pas rêver…
Il y a certainement une volonté d’inversion, de faire de l’homme un animal, et du singe un homme dégénéré, dans le film, qui sait monter à cheval néanmoins, mais qui ne se pose pas beaucoup de questions. Tout cela est comique et tombe à l’eau, car derrière les intentions, tous sont plus minables les uns comme les autres, comme notre temps… Wokistes, anti-wokistes, tout le petit monde moderne se dégrade…
Il paraît que la planète des singes est en fait raciste : par exemple au Japon on m’a dit que les premiers planète des singes représentait en fait les asiatiques par des singes, sur fond de menace jaune… Bof. Les racistes veulent être convaincus qu’ils sont victimes des racistes : d’aucuns pourraient dire que les singes représentent les noirs, bof.
C’est peut-être vrai tout cela, mais c’est vraiment secondaire, car cela tombe à l’eau.
Ce qui est certain est la volonté gnostique, et ici qui s’auto-critique en montrant les conséquences tristes de toute cette révolution.
Avec un manque de perspectives et d’horizons à faire peur : pas d’au-delà, pas de salut, et même pas vraiment de possibilité de construire un monde meilleur sur terre… Il ne reste que le néant, la force brute, et la vie comme des animaux, au jour le jour, sans penser aux lendemains…
Nous touchons le fond, et les films reflètent bien cette tendance générale.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul de Beaulias