[Un émigré en France] Soyons les pierres vivantes de nos églises !, par Paul de Beaulias
Mon grand plaisir durant mon voyage en France fut de visiter toutes les églises que je croisais sur mon chemin. En effet, je me suis fait un point d’honneur d’entrer dans chaque église que je voyais… quand elle était ouverte — car dans les campagnes, les églises sont le plus souvent closes, triste symbole ! —, d’y adorer le Saint-Sacrement le cas échéant, d’y prier une dizaine en famille et aussi d’y illuminer les statues de saints avec cierges et bougies.
Nous faisions ainsi revivre ces bâtisses sombres et vides, magnifiques témoins de la foi ardente de nos aïeux, aujourd’hui délaissées par leurs descendants. Elles tiennent encore debout, car les pierres disparaissent moins vite que la foi, mais sans les pierres vivantes de l’Église, les pierres matérielles ne survivront pas pour leur beauté architecturale ou pour leur intérêt pécuniaire… Pire, ce patrimoine, sans la foi, pourrait être détourné de son objet premier, l’adoration de Dieu, et sa gloire, pour tout et n’importe quoi. Il suffit de se rappeler déjà toutes ces chapelles d’écoles réaménagées en réfectoire ou en salle d’études, si ce n’est pire…
Bref, ces églises sont vides pour la plupart, sauf quand elles sont fréquentées par des communautés traditionnelles. Elles sont néanmoins encore des églises et donc des lieux de culte : alors, faisons-les vivre comme telles !
Allons poser cierges et bougies aux pieds de nos saints et au bas de leurs saintes reliques, quand celles-ci n’ont pas été reléguées à la cave — ou pire.
L’autre jour, j’allai prier dans l’église d’un bourg du Gers — L’Isle-Jourdain —, ancienne, comme souvent nos églises, et témoignant d’une histoire multiséculaire, presque bimillénaire. J’illuminais ainsi les images de Notre Dame, saint Joseph, saint Martin et d’autres saints. Puis, au détour d’une chapelle latérale, dans un coin sombre, encombré par un « coin enfant » — je ne préfère même pas imaginer ce que cela donne en actions ! — derrière une grille, que ne tombai-je pas sur une châsse abîmée, poussiéreuse et pleine de toiles d’araignées… Un écriteau défraîchi et minuscule indiquait… des reliques !, et pas n’importe lesquels : chef de saint Odon, os de saint Martin, saint Bertrand de Comminges, sainte Germaine de Pibrac… et d’autres encore. Là, devant, rien… La Providence a juste permis cet écriteau… sinon je n’aurais même pas vu le reliquaire !
De telles reliques dans un bourg si petit, si reculé ! La France fut vraiment un grand pays chrétien ! Alors, avec ma fille, nous avons illuminé ces reliques en posant des cierges à même le sol — puisqu’aucun présentoir n’était prévu à cet effet — et les avons vénérées. Ces martyrs et ces saints ne peuvent que nous apporter de bonnes grâces, au vu du peu de demandes qu’ils ont à traiter ces temps-ci, si vous me permettez cette phraséologie quelque peu triviale.
Voici un cas pratique de restauration intégrale et locale : avant de nous occuper de ce que nous ne pouvons contrôler, le retour de la Tradition à Rome par exemple, restaurons là où nous pouvons, fermement et de façon intransigeante. Nous ne pouvons peut-être pas empêcher toutes nos églises de se vider, mais nous pouvons agir très concrètement, de façon enracinée en priant et en adorant Dieu dans les églises de nos villages, en vénérant nos saints locaux, en remplissant nos chapelles de nos lumignons et de nos prières… Cela est de notre propre fait, le reste n’est pas de notre responsabilité.
Travaillons à cette restauration intégrale, intransigeante, qui passe par de petites actions qui n’en sont pas moins fortes !
Paul de Beaulias
Pour Dieu, pour la France, pour le Roi !
Série « Un émigré en France », par Paul de Beaulias :
- Engagement sur l’honneur
- Test antigénique et scandale sanitaire
- Vive la France !
- Altercation dans le tramway
- Mésaventures urbaines, entre désorganisation et totalitarisme
- L’animalisme, ou la religion du moment…
- Alerte enlèvement : le voussoiement a disparu !
- Soyons les pierres vivantes de nos églises !