Tout savoir sur le Carême ou presque…
Nous voici donc arrivés dans le temps du Carême. Commençons par être humbles en reconnaissant que ce n’est pas toujours facile de reprendre un joli rythme appliqué d’une vie catholique quand on s’en est éloigné pour mille et une raisons. On y parvient pourtant dans le renouveau proposé avec tant d’amour par le pape François. Il faut essayer et y croire.
Quand on dit « Carême » on pense tout de suite à une « face de Carême ». Et bien pas du tout. Cette expression, qui s’applique hélas à bon nombre de nos concitoyens, lourdement sanctionnés par les difficultés de la vie, ne changera rien à la situation économique et sociale dans laquelle ils vivent et qui serait peut-être mieux vécue si – malgré les aléas de l’existence – ils réussissaient à garder la lumière de Dieu dans leur cœur. Où sont les porteurs d’espérance et de foi ? Où sommes-nous, nous qui avons pour mission d’apporter réconfort et joie ?
Le Carême ne s’appréhende donc pas du tout dans une perspective de morosité et de privations extrêmes comme c’était le cas du temps de nos aïeux. Bien sûr, il sera question de certaines privations durant quarante jours. Il importera surtout de chercher à purifier son corps, son esprit et son âme pour aborder la fête de Pâques et de nous préparer à un vrai changement.
Début et fin du Carême : il débute le Mercredi des Cendres, lendemain du Mardi-Gras, et se termine le Samedi-Saint. Il est question de quarante jours, alors qu’on en compte cinquante.
On dit quarante parce qu’on retire le “Triduum pascal », cet espace de trois jours qui part du Jeudi-Saint au Dimanche de Pâques. On retire aussi les dimanches, jours où on se remémore le « but du Carême qui est de faire passer l’Esprit du Christ dans nos vies ».
Ce parcours de quarante jours, qui conduit à la fête de Pâques, s’avère donc être un espace de réflexion plus que positif dans cette société qui ne sait plus où est le nord, où se situe le sud, où a disparu le bien, où prolifère le mal, à qui confier sa confiance, vers qui se tourner quand les larmes pointent à la lisière des yeux ?
Qu’est-ce donc que le Carême ? Ce nom vient de la contraction du mot latin “quadragesima”, qui signifie “quarantième”. Le Carême, c’est une période de quarante jours qui nous séparent de Pâques et qui préparent les chrétiens à fêter la plus importante fête chrétienne avec un cœur tout neuf, un esprit nouveau et une joie renouvelée. Pour une grande majorité de catholiques, le Carême est devenu un lien direct (enfin presque) avec les quarante jours de Jésus au désert.
Le chiffre 40 dans la Bible veut dire la fin d’un cycle et le début d’une autre vie. Chaque histoire de la Bible utilisant le chiffre 40 montre le changement d’un état psychologique à un nouvel état dans la vie de l’homme. Le déluge a duré 40 jours (Gn 7, 17) ; les Hébreux ont cheminé 40 ans dans le désert sous la conduite de Moïse qui durant 40 jours et 40 nuits a demandé à Dieu – du haut du mont Sinaï – de l’aider à guider le peuple hébreu, avant de recevoir les tables de la Loi Divine gravée dans la pierre par Dieu lui-même (et qui donneront au peuple élu ses nouvelles conditions de vie) ; David a régné 40 ans ; le prophète Élie a marché 40 jours et 40 nuits avant d’arriver à la montagne de l’Horeb, où Dieu s’est manifesté dans le murmure d’un souffle ténu (1 R 19, 12). Et Jésus, notre Sauveur bien-aimé, a vécu 40 jours dans le désert connaissant toutes les tentations, que nous savons offertes par Satan, qui ne s’avoue jamais vaincu.
La symbolique du chiffre 40 nous indique que toute notre vie nous marcherons pour rencontrer Dieu. Notre chemin de vie pourra parfois s’apparenter à une traversé du désert. 40, chiffre de la liberté, nombre de la libération, représente le temps nécessaire à l’esprit humain pour accepter un changement total de vie, d’une condition, d’une situation ou de tout autre chose liée à l’humain. « Les 40 jours qui nous séparent de l’illumination de Pâques ne sont que le signe de toute notre vie avant de recevoir l’illumination du face à face éternel ».
Pour nous préparer à subir une vraie transformation, nous avons reçu lors de ce « mercredi des cendres » un peu de celles-ci sur notre front, de la main d’un prêtre, et nous avons entendu cette invitation : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Les cendres, ces poussières de bois brûlé, rappellent que nous venons de la terre et que nous sommes soumis aux contraintes inévitables de notre temps limité sur terre. Rappel que nous sommes poussière, et que nous retournerons à la poussière. J’entends certains dire « le plus tard possible ». Mais oui, quand Dieu l’aura décidé puisqu’Il est le seul maitre à bord de cette caravelle dans laquelle nous voguons avec familles et amis, remplie de rires, de larmes, d’interrogations, de certitudes, de rêves et de projets.
Les cendres, un acte d’humilité, symbolisent aussi nos péchés, nos oublis, nos faiblesses, nos peurs, nos limites, notre humanité. Il nous appartient de les transformer pour qu’elles deviennent moissons et nous permettent de quitter le corps ancien pour en prendre un nouveau, dégagé de nos erreurs du passé, de nos faiblesses, de nos manquements.
Au cours de ce temps de Carême, nous pouvons essayer de nous réconcilier avec nous-mêmes, estimer à sa juste valeur ce que nous sommes, ce que nous avons réussi et apprendre à nous réévaluer pour continuer à progresser. Appréciant enfin nos capacités, nous allons être capables d’aller plus facilement vers les autres pour être dans l’empathie, la bienveillance, une vraie fraternité. Nous avons le pouvoir de rendre le monde meilleur à notre niveau, de parler de paix, ne nous en privons pas ! L’actualité ne nous invite-t-elle pas à prier toujours plus pour la paix ? Le Carême, c’est renouer nos liens avec le Christ, laisser l’Esprit Saint nous envahir en nous centrant sur l’essentiel, en redéfinissant nos valeurs et en éliminant ce qui ne parait pas primordial.
Le Carême est à vivre comme un temps fort pour oublier notre égoïsme, vivre plus simplement sans superflu, vivre un peu moins dans l’urgence permanente et les priorités qui s’ajoutent à d’autres déjà prioritaires. Cet espace de temps privilégié doit se réaliser dans la joie au travail, dans sa famille, avec ses amis et avec tous ceux que l’on côtoie. Donner de l’amour, s’intéresser un peu plus aux autres : quelle belle mission durant ces 40 jours ! C’est dire qu’il nous faut cheminer tout au long de notre vie. Ce chemin est comparé à une marche dans un désert. Dans le désert, nous ne disposons pas de tous les produits de consommation auxquels nous sommes habitués, et surtout nous nous retrouvons face à nous-mêmes… dans le silence, avec des tentations, mais aussi avec Dieu, si nous nous sommes préparés à le recevoir.
Un temps pour travailler sur soi-même et aussi sur notre manière d’être en harmonie avec les autres et avec son Dieu. Pour conclure et ne pas épuiser votre patience (il resterait pourtant encore tant à dire) : « faire Carême, c’est aller au fond de son cœur pour en faire reculer les frontières de l’égoïsme et de l’enfermement C’est un peu comme revenir sur ses pas, changer d’orientation pour passer d’une vie quelque peu ténébreuse à une vie plus ensoleillée, voire lumineuse ».Un bon Carême pour vous lectrices et lecteurs de Vexilla-Galliae…
Solange Strimon
NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée à Saint Joseph, que l’on fête tout au long du mois de mars, et qui porte plusieurs casquettes : « Saint Joseph, l’homme le plus silencieux de toute la Bible »