Sermon sur l’indéfectibilité de l’Église
Nous avons fêté hier Saint Pierre et Saint Paul, Princes de l’Église. Dans l’Évangile de cette fête, l’Église nous rappelle ces mots de Notre-Seigneur Jésus Christ : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre son Église » (Mt 16;18). Je voudrais vous parler aujourd’hui de l’indéfectibilité de l’Église catholique. Il est nous bien utile, à nous qui vivons à l’époque d’une des plus grandes crises de l’Église, de nous souvenir de cette indéfectibilité afin de nourrir nos vertus d’Espérance et de force.
L’Église catholique, société universelle de salut
Notre-Seigneur Jésus Christ est le Sauveur unique de tous les hommes, sans exception. « Il n’y a de salut en aucun autre [que Notre-Seigneur Jésus Christ] : car aucun autre nom sous le ciel n’a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Act 4;12) dit Saint Pierre. C’est pourquoi, dit le Pape Léon XIII, Notre Seigneur Jésus-Christ « a appelé tous les hommes sans exception, ceux qui existaient de son temps, et ceux qui devaient exister dans l’avenir, à Le suivre comme chef et comme Sauveur, non seulement chacun séparément, mais tous ensemble, unis par une telle association des personnes et des cœurs, que de cette multitude résultât un seul peuple légitimement constitué en société. » (Satis Cognitum)
Notre Seigneur a organisé ses disciples en une société hiérarchique, parfaitement équipée pour faire atteindre le salut éternel à chacun de ses membres. Cette société, nous l’appelons l’Église Catholique Romaine. C’est par cette société dont Il est le Fondateur et le Chef, que Notre-Seigneur Jésus transmet son enseignement et sa grâce à tous les hommes. C’est par cette société que Notre-Seigneur s’unit les hommes à Lui-même et les fait entrer dans la Vie de la Sainte Trinité. Cette vérité apparaît clairement de par la mission que Notre-Seigneur a donné à son représentant sur terre Saint Pierre, et aux Apôtres, et à leurs successeurs les Pape et les évêques : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur enseignant à observer tout ce que Je vous ai commandé» (Mt 28;19-20) « Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16;16).
Notre-Seigneur Jésus Christ a donc institué l’Église Catholique comme une société universelle de salut. Et afin qu’elle puisse remplir ce rôle, Notre-Seigneur l’a rendu indéfectible. Que faut-il entendre par là ?
L’indéfectibilité de l’Église
« Indéfectible » signifie « qui ne peut faillir ». Notre-Seigneur a rendu son Église indéfectible sur trois points.
D’abord quant à son existence sur terre. L’Église ne périra pas. Elle durera jusqu’à la fin du monde, tout simplement parce que tous les hommes, jusqu’au dernier, sont appelés au salut éternel par Notre Seigneur. Tous sont appelés donc à devenir membres de l’Église catholique.
Ensuite Notre-Seigneur a rendu son Église indéfectible quant à sa Constitution Divine. L’Église ne sera pas remodelée selon une nouvelle constitution. Elle restera à travers les siècles substantiellement telle que Jésus l’a fondée. Et cela parce que Notre-Seigneur a fondé son Église avec une sagesse infinie, comme une société parfaite, équipée d’un gouvernement, de lois, de moyens d’existence et d’action en vue de l’accomplissement de sa mission. Il n’y a rien à ajouter ou modifier. Seule change, selon les époques et les peuples, la façon dont l’Église développe son action dans le monde.
Enfin Notre-Seigneur a rendu son Église indéfectible quant à son enseignement. L’Église ne trahira pas l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus en quoi que ce soit. Elle enseignera toujours intégralement et fidèlement toute la doctrine révélée par Jésus Christ, jusqu’à la fin du monde.
Cette triple indéfectibilité de l’Église trouve son fondement dans l’indéfectibilité même de Notre-Seigneur Jésus Christ, dont Saint Paul dit : « Jésus-Christ était hier, Il est aujourd’hui, et Il sera de même dans tous les siècles » (Heb 13;8). En effet l’Église est fondée sur Jésus Christ comme le dit Saint Paul aux Éphésiens : « Vous avez été édifiés sur le fondement des Apôtres et des prophètes, le Christ Jésus étant Lui-même la pierre angulaire. » (Eph 2;20). L’Église est dirigée par Jésus Christ comme le corps l’est par la tête comme le dit Saint Paul aux Colossiens : « C’est Lui aussi qui est le chef du corps de l’Église » (Col 1;18). Et Notre-Seigneur Jésus a explicitement promis de rendre son Église indéfectible en étant toujours avec elle : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16;18) « Voici que Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles. » (Mt 28;20).
L’indéfectibilité de l’Église n’exclut pas les luttes et les victoires partielles de l’enfer
Cette promesse de Notre-Seigneur : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre l’Église » n’exclut pas que les membres de l’Église sur terre aient à lutter contre les portes de l’enfer pour avoir la victoire finale ; et elle n’exclut pas que les portes de l’enfer remportent parfois des victoires partielles. Au contraire, la promesse de Notre-Seigneur sous-entend ces luttes et ces victoires partielles de l’enfer. Ceci apparaît très clairement dans l’Histoire de l’Église.
Les portes de l’enfer ont tenté maintes fois de détruire l’Église catholique par les persécutions violentes. Des millions de catholiques ont été tués à cause de leur Foi. Beaucoup aussi ont malheureusement apostasié. Mais au final l’Église non seulement a survécu, mais a étendu son action sur le monde entier. Le pape Léon XIII disait : « La persécution n’affaiblit pas l’Église ; elle la fortifie ». Et Tertullien au IIIe siècle disait : « Le sang des Martyrs est une semence de Chrétiens ». Au final, les persécutions contre l’Église ont servi à prouver l’indéfectibilité de l’Église quant à son existence.
Les portes de l’enfer ont tenté par de nombreuses hérésies de dénaturer l’enseignement de l’Église, de le rendre infidèle à l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus Christ. Nombreux sont ceux qui ont été trompés par ces hérésies. Mais encore plus nombreux ont été ceux qui sont restés fidèles. Au final, ces hérésies ont été pour l’Église l’occasion d’approfondir et d’expliciter davantage l’enseignement intégral de Notre-Seigneur, d’en faire briller la merveilleuse sagesse, d’en montrer la belle harmonie. Au final, les hérésies ont servi à prouver l’indéfectibilité de l’Église quant à son enseignement.
Les portes de l’enfer ont tenté maintes fois de modifier la Constitution Divine de l’Église établie par Notre-Seigneur Jésus, et de la remplacer par des constitutions humaines. A travers l’Histoire, des chefs d’État ont voulu s’établir comme chefs de l’Église ou ont voulu s’assujettir le Pape ; les Protestants et les Rationalistes ont tenté de renverser la Constitution hiérarchique de l’Église ou de nier l’origine Divine de l’Église. Mais ce fut en vain. Ces attaques au contraire ont été l’occasion de mettre en valeur la façon dont Notre-Seigneur a constitué son Église, et comment l’Église est restée telle que Jésus Christ l’a fondée jusqu’à nos jours. Au final, ces attaques ont servi à prouver l’indéfectibilité de la Constitution Divine de l’Église.
Le Pape Saint Pie X a parlé de l’indéfectibilité de l’Église en ces belles paroles : «Les royaumes et les empires se sont écroulés; des peuples, que la gloire de leur nom autant que leur civilisation avaient rendus célèbres, ont disparu. On voit des nations, comme accablées de vétusté, se désagréger elles-mêmes. L’Église, elle, est immortelle de sa nature; jamais le lien qui l’unit a son céleste Époux ne doit se rompre, et dès lors la caducité ne peut l’atteindre; elle demeure florissante de jeunesse, toujours débordante de cette force avec laquelle elle s’élança du Cœur transpercé du Christ mort sur la croix. Les puissants de la terre se sont levés contre elle, ils se sont évanouis, elle demeure ! Les maîtres de la sagesse ont, dans leur orgueil, imaginé une variété infinie de systèmes qui devaient, pensaient-ils, battre en brèche l’enseignement de l’Église, ruiner les dogmes de sa foi, démontrer l’absurdité de son magistère… Mais l’histoire nous montre ces systèmes abandonnés à l’oubli, ruinés de fond en comble.
Et pendant ce temps, du haut de la citadelle de Pierre, la vraie lumière resplendit de tout l’éclat que lui communiqua le Christ dès l’origine et qu’Il alimente par cette divine sentence : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Jucunda Sane).
Conclusion
La lutte des portes de l’enfer contre l’Église continue de nos jours. Les portes de l’enfer s’attaquent à l’existence même de l’Église en faisant disparaître le sacerdoce catholique et la Sainte Messe ; à l’enseignement de l’Église en répandant le modernisme doctrinal ; à la Constitution Divine de l’Église en développant le système de la synodalité.
Chers fidèles, l’Église est indéfectible, et il est certain que Notre-Seigneur lui fera traverser la crise actuelle comme les autres du passé. Mais… il dépend de nous que ce soit avec nous ou sans nous ! Comprenez que l’Église sur terre est composée d’êtres humains ; l’Église se maintient indéfectible par le moyen des membres de l’Église, à travers ceux qui restent fidèles à Notre-Seigneur Jésus malgré les persécutions, à travers ceux qui défendent l’intégrité de l’enseignement du Christ contenu dans la Bible et la Tradition, à travers ceux qui défendent les droits du Christ dans les familles et les sociétés civiles. Toujours Notre-Seigneur se trouvera de tels hommes. Voyez l’exemple admirable de Mgr Lefebvre. Mais il dépend de nous de faire partie de ces hommes ou pas : Jésus nous y invite, Il ne nous force pas. Soyons de ces hommes !
Pour finir, je voudrais citer ces paroles encourageantes du pape Pie XII, peu de temps avant sa mort en 1958 : « La société fondée par le Christ peut être attaquée, Elle n’est jamais vaincue, elle qui tire sa force non des hommes, mais de Dieu. Bien plus il est indubitable qu’elle doit souffrir au cours des siècles persécutions, difficultés, calomnies, comme il en advint de son divin Fondateur selon la prophétie : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi » (Jn 15;20) mais il est également certain qu’en fin de compte, à l’instar du Christ, notre Rédempteur, qui triompha, elle remportera sur tous ses ennemis une victoire pacifique. Ayez donc confiance. Soyez forts et endurants. » (Pie XII, Meminisse Juvat, 1858).
Un prêtre missionnaire