Sermon sur le Pain des Anges et sur les dispositions pour Le recevoir

I – La Sainte Eucharistie, le Pain des Anges

L’expression « Pain des Anges » pour désigner la Sainte Eucharistie vient du Psaume 77. Il y est dit que « Dieu a donné aux hommes le pain du Ciel. L’homme a mangé le Pain des Anges » (Ps 77 ;24-25). Le Pain des Anges, c’est le Pain du Ciel. Et le pain descendu du Ciel, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie :

« Je suis le Pain vivant qui est descendu du Ciel. Si quelqu’un mange de ce Pain, il vivra éternellement ; et le Pain que je donnerai, c’est ma chair, pour le salut du monde. » (Jn 6 ;51).

On appelle donc la Sainte Eucharistie « le Pain des Anges ». Cela ne signifie pas que les bons Anges reçoivent la Communion comme nous le faisons. Mais cela signifie que, comme la nourriture nous maintient en vie, nous communique la force et la joie, ainsi Notre Seigneur Jésus donne aux Anges leur vie surnaturelle et toutes les grâces, leur communique force et joie. L’Archange Raphaël dit à Tobie :

« Il vous a paru que je mangeais et buvais avec vous ; mais je me nourrissais d’un aliment invisible et d’une boisson que l’œil de l’homme ne peut atteindre. » (Tobie 12 ;19).

II – Le Pain des Anges et les dispositions pour recevoir la Communion

Cette expression « Pain des Anges » nous indique, pour bien recevoir la Sainte Communion, nous devons avoir des dispositions semblables à celles des Anges. Quelles sont ces dispositions ?

a) La première disposition, c’est la Foi en la Sainte Eucharistie. La Sainte Eucharistie, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ réellement présent, caché sous les apparences du pain et du vin. Les Anges le savent bien. Saint Jean Chrysostome voyait souvent les Saints Anges dans le sanctuaire, surtout pendant le sacrifice de la Messe. Il les voyait entourer l’autel quand le prêtre commençait l’Offertoire et y rester jusqu’après la Communion.

Pour recevoir le Pain des Anges, nous devons imiter les Anges par notre Foi. Si nous pouvions voir tous ces Anges adorateurs pendant la Messe, nous rougirions probablement de notre propre manque de Foi et de nos manques d’attention et de piété.

b) La deuxième disposition, c’est l’humilité. Dans ces colonnes, je vous ai déjà parlé de l’humilité de Saint Michel Archange. Tous les bons Anges sont humbles : ils reconnaissent leur dépendance à Dieu et la gratuité de tous les dons qu’ils ont reçus ; ils sont entièrement soumis à la volonté de Dieu ; ils ne cherchent pas à se donner une gloire qui ne leur appartient pas. Ainsi dans le livre de l’Apocalypse, St Jean dit :

« C’est moi Jean qui ai entendu et vu ces choses. Et après les avoir entendues et vues, je tombai aux pieds de l’ange qui me les montrait pour l’adorer. Mais il me dit : “Garde-toi de le faire ! Je suis serviteur au même titre que toi…  Adore Dieu”. » (Apoc 22 ;8-9).

Pour recevoir le Pain des Anges, nous devons avoir une humilité envers Jésus semblable à celle des Anges. En tant que créatures, nous dépendons entièrement de Lui et nous avons besoin de Lui pour tout ; en tant que pécheurs, nous avons mérité le châtiment et nous avons besoin de sa miséricorde.

c) La troisième disposition, c’est la pureté d’âme. Les Anges n’ont pas de concupiscence charnelle. Notre Seigneur a dit :

« À la Résurrection, on n’épouse pas et on n’est pas épousé ; mais on est comme des anges de Dieu dans le ciel. » (Mt 22 ;30).

Les Anges n’ont pas d’amour désordonné des richesses. Lorsque le jeune Tobie offrit la moitié de ses grandes richesses à l’Archange Raphaël pour le remercier de son aide, l’Archange n’en montra aucun intérêt (Tobie 12 ;5). Les Anges n’ont pas d’orgueil, comme je l’ai déjà dit. Il n’y a donc dans les Anges aucun péché. Ils sont d’une innocence parfaite, que Notre Seigneur compare avec l’innocence de jeunes enfants.

Pour recevoir le Pain des Anges, nous devons avoir l’âme pure. Si nous avons commis un péché mortel, il faut d’abord aller demander pardon à Dieu par le Sacrement de Pénitence. Si nous avons commis un péché véniel, il faut en demander pardon par un acte de contrition sincère. Et il nous faut avoir la ferme résolution de combattre contre nos concupiscences.

d) La quatrième disposition, c’est le respect. Dans le livre des Machabées de la Bible, on lit ce qui est arrivé à Héliodore. Héliodore avait été envoyé par le roi pour voler le trésor du temple de Jérusalem.

« Héliodore exécutait son dessein. Déjà il était là avec ses satellites près du trésor… Alors apparut un cheval monté par un cavalier terrible, et richement caparaçonné ; s’élançant avec impétuosité, il agita sur Héliodore ses pieds de devant, le cavalier paraissait avoir une amure d’or. En même temps, lui apparurent deux autres jeunes hommes, pleins de force, brillant d’un vif éclat et vêtus d’habits magnifiques ; s’étant placés l’un d’un côté, l’autre de l’autre, ils le flagellaient sans relâche, lui portant une multitude de coups. » (2 Mac 3 ;25-26).

C’étaient les Anges qui punissaient Héliodore pour son manque de respect des choses saintes. Combien nous aimerions que Notre Seigneur permettent à ses Anges de punir ainsi tous ceux qui commettent des sacrilèges contre la Sainte Eucharistie !… Pour recevoir le Pain des Anges, il faut être plein de respect envers la Sainte Eucharistie. Ce respect se manifeste par son attitude dans la chapelle : bien s’habiller et bien se tenir, parler à voix basse, faire de dignes génuflexions, se pas se laisser distraire.

e) Enfin la dernière disposition, c’est l’amour et le désir d’être avec Notre Seigneur Jésus. Les Anges brûlent d’amour pour Lui (Cf Ps 103 ;4). Rappelez-vous par exemple la joie des Anges de Bethléem à la naissance du Sauveur ; le zèle des Anges pour servir Jésus après sa tentation dans le désert ; la visite de l’Ange Consolateur à Jésus pendant son agonie ; la douleur des Anges à la mort de Jésus sur la croix, car ce sont bien eux qui ont obscurci le ciel, brisé les rochers, déchiré le voile du temple de Jérusalem et ouvert les tombes des morts.

Saint Jean nous dit qu’au Ciel, les Anges proclament sans cesse leur amour pour Jésus :

« Les Anges disaient d’une voix forte : “L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction”. » (Apoc 5 ;12).

Pour recevoir le Pain des Anges, nous devons exciter en notre âme un tel amour de Notre Seigneur, et un désir puissant de Lui être uni en cette vie et pour l’éternité. Les trois heures de jeûne que nous faisons avant de recevoir la Sainte Communion sont une façon de montrer que nous désirons Notre Seigneur plus que tout.

Conclusion

Chers Fidèles, pour recevoir avec fruit le Pain des Anges, imitons les Anges par notre Foi, humilité, pureté, respect et amour. Que nos Anges Gardiens et la Reine des Anges, la Vierge Marie nous aident à avoir de telles dispositions.

Un prêtre missionnaire au Japon