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Premier sermon sur la signification des rites de la Messe traditionnelle

Les 2 dimanches derniers, je vous parlai de la signification symbolique des objets liturgiques que nous utilisons à la Messe. L’autel et les reliques de martyrs, puis les lumières, les fleurs et l’encens. Aujourd’hui, je voudrais expliquer la signification de certains rites de la Messe, au sujet desquels les fidèles posent souvent des questions.

Le double Confiteor

La première partie de la Messe va du début au Credo. Par des prières et des lectures, le prêtre et les fidèles se préparent à offrir le sacrifice de la Messe. De cette partie, je parlerai de deux choses : le double Confiteor, et le changement de place du Missel du côté droit vers le côté gauche. L’autel se trouve normalement élevé sur une ou trois marches afin de rappeler la colline du Calvaire. Avant de monter à l’autel, le prêtre s’humilie et se purifie de ses péchés par la prière du Confiteor. Dans le Psaume 31, le juste dit : « J’ai dit : Je confesserai au Seigneur contre moi-même mon injustice ; et Vous m’avez remis l’impiété de mon péché. » (Ps 31 ;5). C’est ce que fait le prêtre en disant le Confiteor : il se reconnaît pécheur et avant de prier pour les autres, il prie pour lui-même. Il confesse ses péchés à la Sainte Vierge car elle a beaucoup souffert à cause d’eux ; à Saint Michel Archange car c’est lui qui nous présentera au jugement après notre mort ; à Saint Jean-Baptiste car il a aidé les hommes à faire pénitence pour leurs péchés et à se réconcilier avec Dieu ; à Saint Pierre et à Saint Paul car ce sont les princes de l’Église à qui Jésus a remis le pouvoir de remettre les péchés ; à tous les Saints car ils peuvent intercéder efficacement pour nous ; à tous les fidèles présents car Saint Jacques a dit : « Confessez-vous réciproquement vos péchés, et priez les
uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ; car la prière fervente du juste a beaucoup de puissance. » (Jac 5 ;16). Les fidèles disent ensuite à leur tour le Confiteor, pour les mêmes raisons.

Voici la question : pourquoi le prêtre et les fidèles disent-ils séparément le Confiteor et non pas une seule fois tous ensemble ? C’est pour bien marquer la différence entre le prêtre ministre consacré de Jésus Christ et les fidèles. Le prêtre seul offre le sacrifice à Dieu. Les fidèles n’offrent le sacrifice à Dieu que par les mains du prêtre. D’où le prêtre se purifie d’abord de ses péchés, ensuite les fidèles qui s’unissent au prêtre.

Les mouvements du Missel pendant la Messe

Parlons maintenant du changement de place du Missel. Pour la lecture de l’Épître, le prêtre est au côté droit de l’autel ; pour la lecture de l’Évangile, il est au côté gauche. Pourquoi ce changement d’orientation ? Pour comprendre cela, il faut d’abord se rappeler que normalement une église est orientée vers l’Est, c’est-à-dire vers le soleil levant. Le soleil levant symbolise Notre-Seigneur Jésus Christ comme le dit Zacharie dans son cantique : « Le soleil levant nous a visités d’en haut, pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix. » (Lc 1 ;78-79). Donc dans une église bien construite, le prêtre célèbre la Messe face à l’Orient. Quand il lit l’Épître, il est donc du côté Sud et il fait face à l’Est. Quand il dit l’Évangile, il fait face au Nord. Qu’est-ce que tout cela signifie ? Le Nord signifie le royaume de Satan et l’ensemble des pécheurs. En effet, selon le prophète Isaïe, Lucifer se révolta contre Dieu en ces mots : « Je monterai au ciel, j’établirai mon trône au-dessus des astres de Dieu, je m’assiérai sur la montagne de l’alliance, aux côtés de l’aquilon ; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-
Haut ». (Is 14 ; 13-14). L’Évangile est récité face au Nord : c’est la parole de Jésus contre Satan, c’est la parole de Jésus qui appelle tous les pécheurs à se convertir. « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, à la pénitence. » (Lc 5 ;32).

Si le Nord représente le royaume de Satan et l’ensemble des pécheurs, le Sud représente le royaume du Christ et l’ensemble des fidèles. Le prêtre dit l’Épître du côté sud car les épîtres sont d’abord destinées aux fidèles ; le prêtre dit l’Épître en faisant face au soleil levant car les épîtres parlent de Notre-Seigneur Jésus Christ pour le faire mieux connaître aux fidèles.

Peut-être vous demandez-vous : pourquoi ne rapporte-t-on pas le Missel du côté Sud après l’Évangile ? Parce que ce côté de l’autel doit être dégagé pour que le vin et l’eau soient apportés. Le Missel est donc laissé du côté gauche du prêtre. Mais dès que les purifications après la Communion sont faites, et donc dès que le côté Sud de l’autel est de nouveau libre, le Missel est rapporté de ce côté. Le Missel étant le livre des prières de l’Église et des fidèles, la place qui lui convient le mieux, c’est le côté Sud.

La goutte d’eau mêlée au vin

La deuxième partie de la Messe est l’Offertoire, qui s’étend du Credo à la Préface. Le prêtre prépare le pain et le vin qui deviendront le Corps et le Sang de Jésus Christ ; il exprime aussi l’intention propitiatoire pour laquelle le sacrifice est offert. De cette partie, je parlerai de deux choses : la goutte d’eau mêlée au vin et l’encensement du pain et du vin.

Dans le calice, le prêtre verse du vin et une petite goutte d’eau. Le vin est la matière du sacrement : il va devenir le Sang de Jésus Christ. Mais pourquoi ajouter une petite goutte d’eau ? Il y a d’abord une raison historique. La Tradition nous dit que, lors de la dernière Cène, selon la coutume des Juifs, Jésus mêla un peu d’eau au vin qu’Il consacra. Outre cette raison historique, les Pères de l’Église ont indiqué deux raisons pour lesquelles il faut ajouter une goutte d’eau au vin. La première raison, c’est de signifier l’union des fidèles à Notre-Seigneur Jésus. Voici ce que dit Saint Cyprien (lettre à Cécilius) : « L’eau versée dans le calice figure le peuple chrétien, et le vin le sang de Jésus-Christ. Quand le vin est mêlé à l’eau dans le calice, c’est donc le peuple racheté qui s’identifie avec Jésus-Christ. Ce mélange de l’eau et du vin s’opère de telle façon dans le calice que leur séparation est désormais impossible. De même rien ne pourra séparer de Jésus-Christ l’Église, c’est-à-dire le peuple fidèle constituant l’Église, tant qu’il persévérera dans la foi. » La deuxième raison pour laquelle le prêtre ajoute une goutte d’eau au vin, c’est de représenter l’eau et le sang qui sortirent du cœur transpercé de Notre-Seigneur Jésus (Jn 19 ;34).

Avant de verser cette goutte d’eau dans le calice, le prêtre bénit l’eau, sauf aux Messes de Requiem. Pourquoi cette différence ? La goutte d’eau représente le peuple chrétien ; le prêtre les bénit avant de les unir à Notre-Seigneur. Mais à la Messe de Requiem, cette goutte d’eau représente principalement les âmes du Purgatoire pour lesquelles la Messe est offerte. Le prêtre ne bénit pas l’eau parce que les âmes du Purgatoire ne peuvent plus profiter des bénédictions données par le prêtre.

L’encensement du pain et du vin à l’Offertoire

À la Messe chantée, pendant l’Offertoire, le prêtre encense le pain et le vin qui vont devenir le Corps et le Sang de Notre-Seigneur. Il fait cet encensement d’une façon étonnante. Avec l’encensoir fumant, le prêtre fait au-dessus du calice et de l’hostie d’abord trois encensements en forme de croix. Qu’est-ce que cela signifie ? L’encensement en forme de croix signifie le sacrifice de la Croix que Jésus renouvelle sous les apparences du pain et du vin ; le parfum de l’encens qui monte signifie que ce sacrifice est très agréable à Dieu ; l’encensement est fait trois fois pour signifier la perfection de ce sacrifice.

Ensuite le prêtre fait au-dessus du pain et du vin, trois autres encensements en forme de cercle : deux cercles dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, et un cercle dans le sens des aiguilles d’une montre. Qu’est-ce que cela signifie ? Le cercle est le symbole de l’éternité, car il n’a pas de début ni de fin. Comme Dieu seul est éternel, le cercle symbolise Dieu. Les trois cercles représentent les 3 Personnes Divines auxquelles le sacrifice est offert. Les deux cercles dans le sens contraire des aiguilles d’une montre signifient l’élévation du sacrifice vers Dieu, et le cercle dans le sens des aiguilles d’une montre indique la descente de la miséricorde de Dieu sur nous, en réponse au sacrifice offert.

Conclusion

Chers Fidèles, que ces explications vous aident à apprécier davantage la Liturgie traditionnelle du rite Romain de la Messe ; qu’elles vous aident à prier la Sainte Messe plus facilement. La liturgie traditionnelle catholique est très riche de significations, très propre à nourrir la Foi et la piété des fidèles. La liturgie nouvelle est au contraire d’une platitude désespérante, propre à affadir la Foi et la piété des fidèles, à leur faire mépriser le Très Saint Sacrifice de la Messe. Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon

Une réflexion sur “Premier sermon sur la signification des rites de la Messe traditionnelle

  • Depasquale Marie-Noëlle

    Merci beaucoup pour ces belles explications. Cela me rappelle ce que lis en ce moment, avec grande joie : le livre du P. Olier, sur les cérémonies de la messe. C’est d’une profondeur inégalée.

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