Sermon sur la paix du Christ, pour le dimanche de la Quasimodo
Nous avons lu dans l’Évangile que le jour de Pâques, Notre-Seigneur « se tint au milieu de ses apôtres, et leur dit : La paix soit avec vous ! Et après avoir dit cela, il leur montra ses mains et son côté. » (Jn 20;19).
Je vous parlerai aujourd’hui de ce qu’est la paix du Christ, la seule véritable paix pour l’homme.
La notion de la paix
De façon générale, la paix, c’est la tranquillité qui résulte du fait que chaque chose est à sa place. Plus précisément pour l’homme, la paix, c’est le repos ou tranquillité dans la possession d’un bien qui satisfait tous ses désirs. Il y a donc deux éléments essentiels qui forme la paix : la possession d’un bien et l’absence de trouble dans la possession de ce bien.
Le Jeudi Saint, lors de la Dernière Cène, Jésus dit ceci: « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne la donne pas comme la donne le monde » (Jn 14;27). Il y a donc deux sortes de paix : la paix du Christ et la paix du monde, ennemi du Christ. Et puisque Notre-Seigneur Jésus Christ est la Vérité, nous pouvons dire qu’il y a une vraie paix, celle du Christ, et une fausse paix, celle du monde.
La fausse paix du monde
Quelle est donc la fausse paix que propose le monde ? Le monde nous propose d’abord la paix par la satisfaction de nos trois concupiscences issues du péché originel : concupiscence de la chair, celles des yeux et l’orgueil de la vie. C’est une illusion. Plus nous satisfaisons la concupiscence de la chair, plus elle devient virulente et une source de tourments. Plus nous possédons des richesses, plus nous sommes généralement accablés de soucis et d’inquiétudes. Saint Bernard disait que les richesses nous sont une charge quand on les possède, qu’elles nous font tomber dans le péché quand on les aime, et qu’elles nous font souffrir quand on les perd… Enfin l’estime et l’affection des hommes ne nous donne pas la paix non plus, car il faut généralement se donner bien du mal pour les acquérir et ensuite rien n’est plus difficile à conserver. Il n’est pas rare que des admirateurs et amis deviennent des indifférents, voire même deviennent des ennemis et des détracteurs.
Le monde nous propose ensuite une fausse paix par la suppression de ce qui nous trouble. Ce qui nous trouble, c’est d’abord la souffrance. Alors, le monde nous promet la paix en cherchant à supprimer la souffrance. Mais c’est une illusion, car il est aussi impossible de vivre sur terre sans souffrir quelque chose, que de vivre sans manger. Ce qui nous trouble, c’est aussi le remords quand nous agissons mal. Alors le monde nous promet la paix en cherchant à détruire le remords, c’est-à-dire en déclarant « bien » ce qui est «mal». Ainsi par exemple, selon le monde, il est bien de vivre comme si Dieu n’existait pas, il est bien d’être homosexuel, il est bien d’avorter, il est bien de divorcer, etc. Mais un tel aveuglement de la conscience ne donne qu’une illusion de paix sur la terre et conduit en enfer pour l’éternité.
La vraie paix du Christ
Voyons maintenant ce qu’est la vraie paix, celle que le Christ nous apporte. Nous avons dit que la paix, c’est la tranquillité de l’âme dans la possession d’un bien qui satisfait tous nos désirs. Quel est le Bien qui satisfait tous nos désirs ? Il n’y en a qu’un seul, c’est Dieu. Comme le dit St Augustin, Dieu nous a créé pour Lui-même, de telle sorte que loin de Lui nous ne pouvons trouver le repos. Nous ne trouvons donc la paix qu’en étant unis à Dieu, que dans notre soumission aimante à la volonté Divine. Le saint homme Job exprimait cette vérité en disant: « Qui a résisté à Dieu et est resté en paix ? » (Job 9;4). Ce qui nous donne la paix, c’est donc la charité, c’est l’amour de Dieu plus que tout. Autrement dit la paix est le fruit de la charité.
Ce qui nous fait perdre la paix au contraire, c’est ce qui nous sépare de Dieu, c’est-à-dire le péché originel et nos péchés mortels. Celui qui nous rend la paix, c’est celui qui nous purifie de nos péchés et qui nous réunit à Dieu. Or il n’y a que Notre-Seigneur Jésus Christ qui peut faire cela et Il l’a fait par son sacrifice de la Croix. C’est pourquoi dans l’Évangile Notre-Seigneur nous offre la paix en disant : « La paix soit avec vous» et tout de suite Il en montre la source, à savoir ses mains et son côté transpercés. Voyez aussi à la Messe, ce que nous prions: « Agnus Dei qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem » « Agneau de Dieu qui enlevez les péchés du monde, donnez-nous la paix ». L’Agneau de Dieu, c’est Jésus crucifié qui nous purifie de nos péchés et nous réunit à Dieu et ainsi nous donne la paix.
Le Christ nous donne d’abord la paix intérieure, la paix de l’âme. Cette paix est une joie profonde qui demeure dans l’âme même au milieu des épreuves et souffrances de la vie. Comment est-ce possible ? Parce que le Christ en nous unissant à Dieu, nous fait comprendre et sentir que Dieu seul est important ; Il nous fait mépriser tout ce qui n’est pas Dieu le Souverain Bien ; Il nous fait désirer qu’une seule chose, celle de plaire à Dieu en tout. La souffrance ne sépare pas de Dieu, au contraire elle nous en rapproche si nous savons l’accepter comme Notre-Seigneur le fit pendant sa Passion. Saint Paul disait : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ?… j’ai l’assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre-Seigneur. » (Rom 8;38).
Le Christ nous donne ensuite la paix sociale, et Lui seul nous la donne. En effet, la charité nous fait aimer ce que Dieu aime, elle nous fait donc aimer notre prochain comme Dieu l’aime. Elle nous rend justes, bienveillants et patients envers les autres, et donc automatiquement elle fait que les relations sociales sont bien ordonnées, paisibles. La charité du Christ est bien plus efficace pour la tranquillité de l’ordre social que toutes les lois promulguées par un gouvernement et la mobilisation de milliers de policiers.
Les moyens d’obtenir et de conserver la paix
La paix que nous donne le Christ est un grand bienfait, c’est la source du bonheur des individus et des sociétés autant que c’est possible sur terre. Comment donc l’obtenir ? Comment la préserver ?
Cette paix nous est donnée avec la grâce sanctifiante. Pour l’acquérir, il faut donc être baptisé ; et pour la conserver, il faut fuir le péché mortel à tout prix.
Pour augmenter notre paix intérieure et la paix sociale d’un pays, il faut vivre toujours plus d’amour de Dieu. Cela veut dire garder les Commandements de Dieu, éliminer toute attache désordonnée aux créatures, vouloir tout ce que Dieu veut et rien que ce qu’Il veut, ne pas s’occuper de ce qui n’est pas nos affaires. Parallèlement il faut s’oublier soi-même et se rendre insensible à ce que les autres peuvent dire ou penser de soi, comme le faisait un pieux moine nommé Anub. Chaque matin il jetait des pierres à une statue, et le soir il lui demandait pardon en la saluant. Ses compagnons s’étonnaient de cette conduite. Alors il leur expliqua : « Vous voyez que cette statue est aussi insensible à mes saluts qu’à mes outrages ; eh bien mes frères, soyons ainsi pour tout ce que les hommes peuvent nous dire ou nous faire, et nous vivrons dans une grande paix ».
Enfin nous aurons une paix d’autant plus profonde que nous aurons foi dans l’amour de Dieu pour nous et confiance en sa Providence. Nous aurons d’autant plus de paix que nous aurons compris le Mystère de la Croix dans nos vies, c’est-à-dire que Dieu utilise la souffrance comme le moyen efficace et nécessaire de nous faire grandir dans la charité. Si nous comprenons cela, la souffrance ne sera plus une cause de trouble ou de révolte contre Dieu, mais elle sera au contraire la source d’une paix toujours plus profonde, car à travers elle notre amour de Dieu se purifiera de plus en plus.
Conclusion
Chers Fidèles, Notre-Dame est la Reine de la paix parce qu’elle a aimé Jésus plus que quiconque, et qu’elle a participé à son sacrifice de la Croix plus que quiconque. La source de toute paix, c’est l’amour du Christ, jusqu’à mourir pour Lui. Suivons l’exemple de Marie de toutes nos forces, et Jésus nous dira dans notre cœur cette parole : « La paix soit avec vous », pour cette vie sur terre et pour la vie éternelle.